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Tristan Valmour 27 janvier 2007 14:43

Bonjour madame Isabelle BB,

J’ai lu attentivement vos réponses aux divers intervenants - les sujets qui touchent à l’enseignement et à la formation m’intéressent particulièrement -, et voici donc ma dernière contribution.

D’abord, je ne conteste ni votre honnêteté, ni la sincérité de votre démarche, mais votre autorité dans le domaine de l’orientation scolaire - le sujet de votre article - me laisse dubitatif.

De même, je peux reconnaître aux coachs trois qualités : empathie, faculté à argumenter et à promouvoir leurs services.

En revanche, je conteste, dans le domaine scolaire, leur utilité. D’abord parce que les COP rendent un véritable service, aussi imparfait soit-il. Mais chaque parent comprendra aisément que dans un collège de 500 élèves et un lycée de 1000, les COP ne peuvent fournir un service individualisé de qualité. Les COP apportent donc aux parents une réponse partielle, par manque de formation, de temps et de budget. Les parents peuvent en revanche consulter un psychologue privé, spécialisé dans l’orientation scolaire. Ces derniers rendent ce service avec le plus grand sérieux, et les différents tests de personnalité auxquels ils ont accès de manière exclusive, sont plutôt performants. Les psychologues ne font pas de publicité, pourtant ils existent et remplissent, dans le domaine scolaire, le rôle de coach. Il y a redondance.

Le diplôme de coach n’a pour moi aucune valeur, sauf lorsqu’il est délivré par l’université. Et encore, je pense qu’une formation de 240 heures est très insuffisante, d’autant qu’elle s’adresse à des titulaires d’un bac + 3 qui n’ont pas nécessairement fait des études de psychologie au préalable. Cependant, je reconnais volontiers que des personnes non diplômées ont des capacités naturelles et une motivation suffisante pour exercer bien des professions qui nécessitent des diplômes. Le diplôme ne rime certes pas avec compétence, et rien ne saurait en effet remplacer l’expérience, ce qui est d’ailleurs reconnu par la VAE. Le diplôme permet pourtant de normaliser une profession et de garantir au client ou à l’employeur qu’il trouvera dans le diplômé un faisceau minimal de savoirs, à défaut de garantir son savoir-faire.

L’existence même des coachs est le résultat d’une société de plus en plus fermée, qui ne sait plus écouter et aider, et qui délègue à des « professionnels » ce qui devrait être naturel. On pourrait aisément faire le même reproche aux psychologues et psychiatres. En effet, dans les sociétés qui demeurent encore humaines - les sociétés africaines - , ces professions sont inconnues, car on ne délègue pas son humanité ; on l’exerce au quotidien.

L’émergence du « coaching », comme profession, traduit idéalement le paradoxe d’une société individualiste (puisqu’on va payer un service qui devrait être donné par son entourage) où chacun souhaite pourtant ressembler à tout le monde. C’est donc notre organisation sociale qui est à revoir, mais nos sociétés ont choisi en toute chose la voie curative plutôt que préventive, car elle s’insère mieux dans l’économie de marché en créant de la valeur, pourtant inutile. Plus clairement, si le marché n’étend pas son emprise sur des zones qui lui sont encore interdites, il s’effondre sous le trop-plein de capitaux. Il faut donc rendre marchand demain ce qui ne l’était pas aujourd’hui.

Bon week-end smiley


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