J’ai rarement vu autant de naïveté dans un texte.
Car pour estimer qu’un « revenu universel » consiste en somme à piquer dans la poche droite du contribuable la somme qu’on mettra dans la poche gauche, il faut avoir de sérieux trous de mémoire sur des pans entiers de l’économie.
Vous citez Thatcher qui était passé maître dans l’analyse sociologique, « la société ça n’existe pas », autant que la mauvaise foi « Il n’y a pas d’argent public, il n’y a que celui des contribuables ». Bien sûr il n’y a d’argent que privé puisque le monopôle de création financière a été laissé au privé, la privatisation la plus obscène qu’on puisse imaginer , illustrée avec le chantage au chaos magistralement mis en oeuvre en 2008, pour qu’après privatisation des profits on passe à la socialisation des pertes...
Que l’Etat se fasse rançonner pour un privilège concédé est bien sûr irréversible, une constante de la physique, en somme...
Qu’il y ait au sein même de l’UE des paradis fiscaux privant l’Etat français de sommes estimées à quelques dizaines de milliards d’€ serait donc intouchable ? Curieux que sauf pour des opuscules d’extrême gauche tendance marxiste (style « Figaro ») le sujet soit si peu abordé.
Que la dernière séquence en date du capitalisme (sa financiarisation extrême disons) ait privé les salariés d’une part des gains de productivité qu’ils récupéraient au titre de contributeurs majeurs (avec les entrepreneurs) à la création de richesse, ceci depuis le début des années 1980 (les sommes estimées en perte de salaires annuels vont de 50 à 100 milliards d’€ en France), ne serait pas une piste ?
La course imbécile à la productivité (qui pratiquée par tous est un juste un mécanisme imbécile de transfert d’argent des plus pauvres aux plus riches, ou des chômeurs aux détenteurs de capitaux), la mondialisation frontières grandes ouvertes (qui réduit la base contributive ici ) seraient aussi aussi intouchables ?
Il aura fallu l’énorme crise économique du début des années 1930 pour qu’un Roosevelt apparaisse et soit élu, pour que des années plus tard on bénéficie des acquis issus du CNR.
L’économie mondiale est au point mort, non parce que nous manquons de matières premières, de main d’oeuvre ou de compétences, d’entrepreneurs, d’argent, mais de pouvoir d’achat. Ceux qui pourraient consommer ne le peuvent pas, les plus riches thésaurisent et jouent au casino.
J’ignore s’il faudra en passer par un « revenu de base » après que la productivité maximale partout aura engendré un chômage maximal partout.
Quelle alternative voyez-vous ?