Première question fondamentale :
quelles sont les raisons invoquées par Bronislaw Geremek
pour se soustraire à la « nouvelle loi de lustration
sur la décommunisation du pays »
imposée par le gouvernement de Varsovie ? Monsieur Gemerek
répond : « Quand j’ai été candidat
il y a trois ans, j’ai rempli toutes les exigences prévues par la loi
électorale, y compris celle de remplir une déclaration" de ce type, a-t-il
précisé à des journalistes à Strasbourg ». Si tel était le cas, s’agissant
par exemple du renouvellement de son permis de conduire, en raison de son âge, et
pour des motifs de nouvelles dispositions législatives adoptées depuis peu par
le parlement polonais, monsieur Gemerek pourrait-il
se soustraire à une telle loi en invoquant le fait qu’il a déjà complété dans
le passé les dits formulaires de renouvellement ? L’Europe déclarerait-elle inique l’application d’une telle loi sur la sécurité routière ?
Deuxième question fondamentale : le gouvernement
polonais recherche-t-il par cette loi de la « décommunisation »
des coupables à tout prix, au mépris des droits humains ? Il semblerait que
cette loi vise à expurger la vie publique d’anciens collaborateurs des services
secrets communistes. La Cour constitutionnelle doit se prononcer, après en
avoir été saisi par l’ombudsman, sur la conformité de la nouvelle loi avec la
Constitution avant le 15 mai prochain. En démocrate qu’il est, Gemerek ne devrait-il pas attendre la réponse de cette
Haute Cour avant de déclencher une guerre contre son gouvernement ? Et le
gouvernement ne devrait-il pas également attendre la réponse de cette Haute
Cour avant de démettre monsieur Gemerek de ses
fonctions de député européen ?
Je partage entièrement cet avis, cité par Bill, d’Yves Daoudal : « Geremek est le type même du personnage qui devrait déclarer ce qu’ont été
exactement ses relations avec le parti communiste polonais. Il le doit déjà en
tant qu’historien ».
De deux choses l’une : cette loi est ultra vires, inconstitutionnelle ou elle est parfaitement légitime. C’est ce que
devrait décider la Haute Cour constitutionnelle de Pologne. N’y a-t-il pas lieu
d’en attendre la réponse avant que l’Europe ne se lance aux barricades ? Et que fera Gemerek si la Cour constitutionnelle valide cette loi ?
Dernière question : si cette loi avait été le fait du parlement européen (question purement hypothétique) dont il est lui-même député, votée à la majorité, que ferait monsieur Gemerek ?
Pierre R.
Montréal (Québec)