@ l’auteur,
Sous la forme de l’humour, vous tentez de faire la démonstration que la stratégie politique proposée par l’actuelle majorité serait une tromperie. Cependant, votre texte, et naturellement l’analyse qu’il reflète, présentent certaines erreurs :
- Vous dites ainsi que la déduction des intérêts d’emprunt profiteront davantage aux riches qu’aux pauvres, notamment à ceux qui sont déjà propriétaires. Ceci est totalement faux puisque la mesure ne s’appliquera que pour l’acquisition de la résidence principale, les « multi-propriétaires » en étant exclus de facto. En outre, la mesure étant plafonnée, cela signifie que l’aide est proportionnellement plus avantageuse pour les investissements modestes.
- Deuxièmement vous suggérez que cette mesure ne s’appliquera pas non-plus à ceux ayant acheté leur résidence avant l’annonce de la mesure. Cela est également faux puisque, ainsi que Mr Sarkozy l’a rappelé, la loi ne sera pas limitée à ceux ayant souscris un crédit immobilier après le 6 mai, mais bien à tous ceux ayant souscrit un crédit pour l’achat de leur maison principale, quelle que soit la date d’achat.
- Pour ce qui est des chiffres que vous donnez des intérêts d’emprunt et de la déduction fiscale correspondante, j’ignore le détail de vos calculs, mais il me semble que le calcul est largement faussé par le fait que vous donnez une valeur moyenne des intérêts calculés sur 20 ans. Or, vous n’ignorez probablement pas que les intérêts décroissent au cours du remboursement de l’emprunt. Les mensualités sont fixes le plus souvent, mais les premières mensualités sont quasi-exclusivement absorbées par le remboursement des intérêts. Le résultat est que le calcul du coût des intérêts sur les 5 premières années et la déduction fiscale correspondante doit être très largement supérieure aux chiffres que vous donnez. Cette mesure, même limitée sur 5 ans, permet finalement de couvrir une partie non négligeable des intérêts.
- Vous évoquez le problème des cautions (solidaires ou de solvabilité) exigées par les banques pour l’achat d’une maison. Certaines pratiques de certaines banques sont en effet condamnables (notamment vis-à-vis des personnes ayant des soucis de santé) mais ne sont pas imputables à ce projet de loi concernant l’exonération des intérêts d’emprunts ! Vous associez comme cela des problèmes disjoints et créez une sorte de confusion entre les différents aspects liés à l’accession à la propriété. En outre, je vous rappelle que Nicolas Sarkozy a fait un certain nombre de propositions durant la campagne présidentielle, notamment concernant les pratiques des banques qui devaient selon lui être mieux encadrées. Votre critique sur ce point est plutôt malvenue.
- Concernant les droits de succession, je crois ici encore que vos calculs sont inexacts. La maison évoquée a une valeur actuelle de 200 000 euros. Espérons pour votre ami que la succession n’aura pas lieu demain, mais au moins au terme du remboursement du crédit. Disons même 10 ans plus tard, vu que vous vous préoccupez de la santé du « petit dernier », cela lui laissera le temps de devenir grand. Bien, la valeur de la maison sera donc estimée dans 30 ans. Sachant que le prix l’immobilier ne cesse de croître (ces dernières années de plus de 10% par an), je pense raisonnable d’estimer que cet achat bénéficiera d’une plus value d’au moins 2% par an. Dans 30 ans, la petite maison à 200 000 euros vaudra donc environ 360 000 euros. Partagée en deux parts de 180 000 euros. Avec l’abattement de 50 000 euros dont bénéficierait actuellement chacun des enfants, cela revient à 130 000 euros chacun, imposables au taux de 20% soit 26 000 euros. On est loin des 1000 euros évoqués...
- Pour ce qui est de la construction des logements sociaux, sachez que l’un n’empêche pas l’autre.
Votre vision me rappelle une amusante remarque de Mme Royal qui interpellait en 2004 Mr Sarkozy suite à la proposition du gouvernement Rafarin de supprimer le lundi de pentecôte chaumé afin de financer la rénovation des maisons de retraite : Mme Royal proposait simplement d’utiliser pour cela les revenus des taxes sur le tabac. Naturellement, Mr Sarkozy lui a demandé comment elle comptait financer les dépenses précisément financées à l’époque par les taxes sur le tabac... Pas de réponse. Il n’a pas osé lui suggérer pour cela de supprimer le lundi de Pentecôte chaumé. Même chose lorsqu’elle proposa de transférer le budget du prochain porte-avion pour l’éducation nationale.
Quelle vision étroite et simpliste !... Dans bien des domaines, la politique ne se résume pas à ne faire qu’une chose ou qu’une autre. On n’utilise pas un même budget là ou là. Les incitations à l’accès à la propriété ne sont pas incompatibles avec l’aide solidaire pour ceux qui ne peuvent pas y accéder. C’est l’ensemble des efforts conjoints qui font une politique efficace. En matière de création de logements sociaux, je vous incite à comparer les chiffres des 5 dernières années et ceux du gouvernement Jospin. Vous verrez que dans ce domaine, les a priori sont trompeurs et que la droite n’a pas de leçon à recevoir des autres formations politiques.
- Au sujet de l’efficacité de la fonction publique, je vous conseille également d’écouter les avis de ceux qui la connaissent pour la vivre au quotidien. La réduction raisonnable des effectifs (et non la suppression d’un fonctionnaire sur deux) ne conduira pas à la dégradation des services publiques, au contraire même si cela semble contradictoire de prime abord. L’argument associant efficacité et effectifs a justement conduit à la situation que l’on connait actuellement.Voir notamment l’article :
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=24979
- Je passe sur votre critique rapide de la proposition de franchise en matière de remboursement des soins puisque visiblement le manque d’arguments témoigne du fait que votre position est davantage dogmatique que motivée par une réflexion approfondie. Nous pourrions en discuter longuement.
Cordialement,
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