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Chimaera Chimaera 21 juin 2007 22:08

@Forest Ent @ tous ( je développe la « pensée » de l’article ici)

Vous me reprochez de manquer d’imagination. Par politesse, je n’en ferai pas autant, mais je souhaite cependant réponde à vos objections.

1. Obstacles au favoritisme

Je suis fondamentalement en désaccord avec vous sur ce point. Il existe un grand nombre de contre-pouvoirs qui empêchent les autorités de favoriser des acteurs du monde économique. Si on prend l’exemple des marchés publics, un ensemble de dispositifs de mise en concurrence obligent les pouvoirs publics à lancer des appels d’offre compétitifs afin de choisir le meilleur prestataire. Je vous rappelle qu’en la matière, le Code des Marchés Publics est formel dans l’Article I, comme vous pouvez le constater sr le lien (http://www.lexinter.net/marchespublics/titre_i_champ_d%27application_et_principes_fondamentaux.htm).

L’existence d’affaires de corruption est certaine, mais la pratique est rendu de plus en plus difficile par l’existence de commissions indépendantes, notamment en matière de décisions dans des dossiers « techniques » (traitement des déchets, pollution maritime, nucléaire...). La présence, dans ces commissions de personnalités indépendantes mais aussi d’adversaires politiques (notamment au niveau local) permet une certaine transparence de part la vigilance mutuelle exercée par les participants.

Le nombre de recours possibles est également conséquent. Que ce soit pour les marchés publics (tribunal administratif, organismes de médiation) ou pour des marchés réglementés. Prenons par exemple les constructions de centres commerciaux, un des businesses les plus rentables pour les promoteurs et les développeurs depuis 10 ans. Alors même qu’il ne s’agit pas de marchés publics, il est nécessaire d’obtenir autorisation de la Commission Départementale de l’Equipement Commercial (CDEC), qui fait la « valeur » d’un terrain (qui vaut pour simplifier 100 avant CDEC et « valeur du centre construit - coût de construction - cout d’achat du terrain » après l’obtention). Des commissions pluripartites décident d’accorder ou non ces autorisations et les citoyens habitant dans la région peuvent faire appel de la décision au Tribunal administratif (si je ne m’abuse).

Notez que les commandes publiques réalisées par le gouvernement central sont particulièrement contrôlées, notamment dans le cadre de marchés publics mentionnés ci-dessus. Seul le secteur de la Défense offre des possibilité de favoriser tel ou tel industriel, même si là encore, il faut obtenir les agréments de Direction Générale de l’Armement, de faire voter les dépenses par l’Assemblée qui à sont tour a besoin de l’avis favorable (consultatif je crois) de la commission de Défense de l’Assemblée, voire du Sénat et des bureaucrates du Ministère de la Défense.

2. Risques et coûts du soutien à des politiques

Je vais essayer de réponde méthodiquement, même si je ne comprends pas tout dans ce que vous dites :

a. Annonceurs et diffuseurs

Vous dites : « les annonceurs sont du même avis que les diffuseurs ». Je ne vous suis pas dans la mesure où vous ne définissez pas qui sont les annonceurs et les diffuseurs. Je suppose, permettez moi, d’interpréter ces expressions comme désignant d’une part « ceux qui diffusent des spots/pages publicitaires » et d’autre part « les médias ».

b. Les diffuseurs cherchent de l’audience et sont donc neutres à la prise de position politique

En effet, qu’un diffuseur prenne position pour tel ou tel homme politique ne change rien pour les annonceurs, tant que l’audience reste inchangée. Or, si l’audience reste inchangée, on peut considérer que le média (je n’ose dire médium, de peur d’être accusé de spiritisme) en question n’a pas usé de méthodes abusives ou manipulé l’opinion de façon répréhensible. Je m’explique.

c. Effet système

Je m’explique là-dessus dans le développement qui suit.

3. Théorie de l’électeur et coût de la « médiation »

Il est louable de critiquer les hommes politiques comme usant de rhétorique et de stratagèmes, les médias de leur poser les bonnes questions en mettant en scène des réponses préparées, les auditeurs/téléspectateurs pour ne pas aller vérifier ou se poser des questions sur ce qu’on leur raconte.

a. Répartition du coût de la médiation

Les travaux d’économistes sur la théorie de l’électeur dans la suite des travaux de J.Buchanan l’ont montré, la qualité de la « médiation » de l’information a un coût qui se répartit entre les trois instances que sont les hommes politiques, les médias et les citoyens. La qualité de l’information transmise est vérifiée au niveau de ces. Cette médiation fait qu’un acteur fait passer un message à un (ou plusieurs) autre(s) au moyen de « médias ».

b. Instances de contrôle de la qualité de la communication

Les hommes politiques contrôlent ce qu’ils disent (i) au niveau éthique et (ii) par peur des conséquences d’un mensonge où d’une approximation sur leur image. Les médias se fixent un cadre où la vérification de la qualité du message dépend de règles procédurales (indépendantes des objectifs des journalistes et appliquée de la même façon à tous, par exemple publier deux articles aux points de vue distincts sur un même thème) et finales (fixant des objectifs à atteindre par tous les moyens raisonnables lors d’une confrontation télévisée par exemple en termes de temps de parole, en coupant le candidat bavard). Les auditeurs/spectateurs/lecteurs exercent également une vigilance (vérification des informations, notez que beaucoup sont allés sur Wikipedia pour vérifier les chiffres du nucléaire mentionné pendant le débat des présidentielles).

c. L’enjeu en termes de coût

Admettons que le contrôle qu’exercent sur eux-mêmes les hommes politiques est insuffisant. Dès lors, soit vous pensez que (i) les médias devraient contrôler le message transmis de sorte à viser une objectivité supérieure en vérifiant les informations en direct par exemple, soit (i) vous pensez que les médias devraient faciliter l’expression des intervenants et que c’est aux citoyens d’intensifier leur fonction de contrôle (en vérifiant les informations, en prenant des cours de rhétorique pour ne pas se laisser abuser...).

Notez bien qu’à partir d’ici, le débat devient clivant en fonction de votre position en matière de répartition des coûts du message. J’ai cependant essayé de poser la question de façon neutre, avec clairement en vue le problème du coût en terme de temps de la vérification des propos des hommes politiques. Au-delà des positions normatives, une question pertinente pourrait être de se demander si, vu le nombre restreint de chaînes, il ne serait pas moins coûteux en terme de temps de mettre en place des dispositifs au niveau des « médias » plutôt que de laisser les citoyens de débrouiller.

Bien que la question soit pertinente, elle n’en garde pas moins un inconvénient. Comme toute consigne « finale » pose des objectifs pour lesquels le contrôle se révèle délicat, vu que ce sont des hommes au pouvoir qui en sont responsables en dernière instance, créant des problèmes de gouvernance. Dès lors, il est préférable de poser des consignes « procédurales » aux médias tout en laissant le téléspectateur se débrouiller, fonction de son intérêt pour la politique, pour la vérité et pour son avenir. Ainsi, si pour lui les décisions prises par les élus sont très importantes (peu importe si c’est pour une question d’argent, de bonheur ou de réalisation de ses idées) il investira beaucoup de temps dans la recherche de la vérité. Si cela lui est égal, alors il regardera sans vérifier et s’exposera à des prises de décision qui lui seront défavorables. Notez que celui sur qui la politique a un impact fort sera aussi impacté par les décisions des « feignants » et aura donc tout intérêt à les informer de ses trouvailles (par des forums, des blogs, par le porte à porte...).

4. Disparition des médias

Je ne m’aventurerai pas à présager de l’avenir.

5. Loi sur les Droits d’Auteur et Droit Voisins (DADV)

Je pense que vous faites une confusion. La DADV protège les droits d’auteur, en punissant toute diffusion non autorisée (par l’auteur ou le détenteur des droits) de contenu audio, vidéo... Il ne s’agit pas d’une loi qui régule la circulation de l’information sur Internet, qui s’appliquerait en d’autres terme au « conduit » ou « contenant » et non au « contenu » (chers à JM Messier).

6. La prise des médias privés sur la société

Je trouve que vous affirmer un peu précipitamment que mon affirmation est « fausse ». Vous citez cet article comme référence :

http://forestent.free.fr/mmedias.html

Une analyse précise de l’article sur le lien permet de voir précisément que la part des médias classiques (TV, Radio, phonographie, journaux) est en déclin entre 1999 et 2006, en passant de 91% à 87% des activités, alors qu’Internet connaît un essor considérable en passant de 2% à 5%. Notez d’ailleurs la montée en puissance des chaînes TV autres d’hertziennes, notamment par satellite où la l’offre permet une diversité supérieure et donc un affaiblissement considérable des grands médias traditionnels (TF1, France Télévisions, Canal +, M6...). Il n’est pas juste de juger de l’influence sur une population de médias par le nombre d’heures passés à les consulter, dans la mesure où Internet provoque une rupture structurelle en apportant une source alternative de contenu acutalisé.


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