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Aguirre 28 juin 2007 20:13

Je lis ci et là des commentaires assez interressants, souvent opposés et qui pourtant trouveraient un terrain d’entente assez facilement.

Une partie des commentaires soutient que la facilité d’entrée à l’université (et donc d’étudiants passifs - touristes) est une des causes de l’appauvrissement de cette dernière. Les autres retorquent que c’est la nature des cours qui rend les élèves passifs. À cela, je reponds « les deux mon capitaine ! »

J’ai moi même commencé un DEUG en biologie en France il y a 15 ans. J’étais bien motivé, ayant une idée très précise de ce que je voulais faire. Arrivé à la fac, grosse déception : des amphis surchargés, des cours magistraux difficiles à suivre (quand on est 3 à prendre des notes en se divisant la tache pour s’assurer d’avoir tout le contenu, c’est parfaitement anormal), des profs qui posent leur serviette, font leur cours et repartent, en ayant bien pris soin au passage d’ecorcher un élève qui a eu la stupidité de poser une question (au demeurant pas si stupide). Bref, après un semestre, basta ! je ne me voyais pas continuer dans ces conditions.

Alors je suis parti au Canada et la, oh surprise ! 35 élèves par classe gros max, des profs on ne peut plus accessibles (prend des cafés ensemble, discute au break, email perso en cas de pb, etc...). Alors là, on va evidement sortir le couplet « ah forcement, quand on paye, tout va bien ! » A cela je répondrais 2 choses : à 1300 euros l’année, c’est bien moins cher que de nombreuses écoles privées en France ! Ensuite, c’est comme comparer une cantine et un resto : à servir 10.000 personnes au lieu de 200, faut pas s’attendre à avoir la meme qualité de bouffe et de service !

Maisa revenons à ce fameux cout et d’effectifs : soit, les universités francaises sont quasiment gratuites. Et c’est là la raison de beaucoup de choses !

Quand on est 300 par amphi, on oublie les TP interessants, les démos, les débats, les échanges. Le prof ne peut décement pas sortir d’un cours bien tracé et rigide (étant enseignant aujourd’hui, je m’en rend d’autant plus compte ! Plus le cours et chargé en effectifs d’élèves, plus c’est impossible de faire des disgressions). Ne reste que le cours magistral. Mais ce meme cours magistral est aussi une des seules facons qui reste à un systeme publique de faire sa selection : seuls les vaillants resteront à la fin ; une sorte de « tuez les tous, Dieu reconnaitra les siens ! ». Alors c’est un peu une sale facon de faire la besogne, mais on ne donne pas le choix aux profs non plus : ils font un exam trop chaud ? Il faut tout standardiser pour ne pas se faire taper sur les doigts... Trop facile ? On se rattrapera la prochaine fois !

Alors il est clair que changer l’enseignement est indispensable, changer la pédagogie (même si je trouve que certains commentaires des deux cotés dénaturent la vocation même de ce mot). Pédagogie signifie seulement changer sa méthode d’enseigner pour la rendre plus attrayante, afin que le cours et la matière soit plus facilement assimilés et compris. Après tout, l’université n’est pas censée être une benne à savoir (ce qui d’ailleurs est un des problèmes des doctorants francais qui ont la réputation d’être des machines à savoir mais pas trop adaptés aux conditions économiques réelles des metiers pour lesquels ils sont préparés). Il faut donner la chance aux profs mais il faut aussi s’assurer que le prof fasse son travail.

Bref, la selection à l’entrée est une facon plus honnete et plus efficace pour s’assurer de délivrer un enseignement de qualité derriere. Et non ca n’est pas forcement elististe ! Tout depend des critères qu’on choisit : la motiviation et une vision de ce qu’on veut faire peuvent, et doivent, faire la difference.

La reforme des facs en France me semble assez judicieuse mais chacun semble rester sur ses positions à vouloir conserver ses acquis coute que coute.

La France doit definitivement se mettre au diapason du monde. La mondialisation est evidente et ineluctable, sinon pourquoi avoir basculé vers un modèle de diplomes d’Amerique du Nord, assurant ainsi un minimum de competitivité pour l’exportation des cerveaux francais, jusqu’àlors souvent limité par la reconnaissance des diplomes ? L’université gratuite pour tous, c’est beau mais c’Est utopique. Dans le meilleur des cas, on fait un nouveau Bac G comme chantait Sardou. Aux étudiants francais de décider s’ils veulent que leur diplomes veulent dire quelque chose, qu’ils apprennent et aiment apprendre à la fac. Mais on ne peut pas tout avoir.

Dans mon cas, je ne regrette definitivement pas ma traversée de l’Atlantique : je le referais meme si cela à un coup, qui au demeurant, si on met bout à bout le cout de la vie en France et au Canada, n’est pas forcement en faveur de qui on croit....

Aguirre


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