Bonjour, et merci pour cet article revigorant
Tout nouveau sur ce site, je vais me permettre néanmoins de délivrer quelques avis péremptoires : Ce baiser n’est pas un geste imbécile ! En revanche ce magistrat exprime un point de vue imbécile, car effectivement faussement moral et non juridique, tout simplement conforme à la pensée dominante, ignorant à la fois l’éthique et l’esthétique. Ce baiser est une oeuvre d’art, car il crée quelque chose là où il n’y avait rien. Ce geste créatif confère une réalité artistique à un objet en soi inerte. C’est un acte surréaliste dans un univers sous-réaliste, aseptisé par les conventions, hypnotisé par le pouvoir du fric.
Fut-elle exposée, une toile vierge n’est pas une oeuvre d’art, quoiqu’en impose le marché de l’art, ou qu’en disent les commentateurs d’art. Le fait de l’exposition d’un objet, de la place qu’on lui donne - dans une galerie plutôt que dans un bazar - ne saurait intrinsèquement lui conférer une valeur artistique. Même si c’est le principe de base d’une certaine tendance de l’art contemporain. Ce ne sont que les conventions de la pensée bourgeoise qui lui confèrent ce statut, en tant qu’objet marchandable. Car voilà le paradoxe du monde capitaliste : c’est la marchandisation de l’objet qui le désigne en tant qu’oeuvre. Ainsi la classe dominante garde-t-elle ses distances avec la plèbe. Le commun ne pourra se permettre d’acheter l’objet que dans le magasin de matériel, et ce ne restera qu’une toile vierge, ou bien une cuvette de chiottes... Mais le jet-set peut démontrer que c’est une oeuvre d’art en l’achetant 100 000 fois son prix, manifestant ainsi sa superbe et renvoyant à sa pusillanimité le quidam qui n’a ni les moyens, ni la « culture » pour y reconnaître un chef d’oeuvre. Ce paradoxe n’est en fait qu’un épiphénomène de la mise en spectacle de la société révélée par Guy Debord.
Chère Alienor, quel plaisir de lecture, or je trouve tellement dommage de vous voir développer tant d’intelligence pour soutenir un argumentaire si navrant, qui ne fait que cautionner cet état de fait. Mais peut-être êtes vous de ce monde ? Ceux qui achètent - ou ceux qui vendent ? Je me permets de rappeler ce que disait à peu près Jacques Vachet : « l’acte surréaliste par excellence, c’est de prendre un revolver et de tirer sur la foule » (en cas d’erreur de retranscription, ce ne sera qu’un baiser à sa mémoire). Cette parole n’était bien évidemment pas à prendre au pied de la lettre, mais ELLE avait indéniablement un SENS artistique ; ce que ne revêt pas une toile immaculée, même dans une série. On pourrait faire une galerie entière de toiles blanches, ça n’en ferait pas une galerie des glaces. Mais ce serait assez symbolique de la vacuité de sens de notre époque consumériste...
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