@ l’auteur
Votre article est intéressant mais j’y apporterais quelques nuances.
Il faut noter en effet que dans l’expérience de Milgram, le sujet est dit « naïf », qu’il est placé dans un environnement inhabituel et déstabilisateur. En outre, l’expérimentateur (vêtu d’une blouse blanche) lui demande « inlassablement » d’envoyer le choc électrique. Il s’agit là d’une situation de type hypnotique, c’est-à-dire d’un état modifié de la conscience alors que dans le cas d’Eichmann et des bourreaux nazis, il s’agit de responsables parfaitement conscients de leurs actes.
Que le peuple allemand ait été abusé, c’est bien évident. Que la partie « naïve » de cette population ait été hypnotisée « presque scientifiquement » par leur « Führer », cela relève de la psychologie des foules. Mais qu’une élite consciente l’ait porté au pouvoir et accompagné jusqu’à la mise en place des camps d’extermination, cela relève de l’idéologie politique, notamment sur cette idée complètement absurde qu’il fallait « purifier » le peuple de ses éléments juifs pour que la nouvelle société nationale socialiste puisse se construire. Je pense que pour des criminels comme Eichmann, c’était en quelque sorte un prix à payer qui les dédouanait, selon eux, sur le plan moral et non une soumission aveugle à une autorité.
Il y a une nuance très importante à faire entre les actions inhumaines que commet l’individu fruste quand il est entrainé dans la foule ou quand il se sent porté par elle (j’ai assisté - de loin - à des manifestations de foule et je sais ce dont je parle) et les actions inhumaines qui sont pensées par des idéologues en pleine dérive intellectuelle.
Enfin, afin de lever toute ambiguïté, j’ajoute que le règlement de discipline générale des armées françaises précise que le subordonné doit refuser d’exécuter un ordre manifestement illégal et qu’il doit aussitôt en rendre compte à un échelon élevé du commandement.
E. Mourey