Merci, Armand pour votre commentaire d’une rare lucidité .
J’avais prévu d’entrer dans les détails et de décrire le fonctionnement actuel du système de santé (malgré les récents investissements). Mais l’article aurait été demesuré. On peut facilement prendre la mesure des choses à travers le livre bien documenté de Philippe Auclair (voir notes), qui parle aussi de l’état de l’enseignement et de l’ahurissant endettement des ménages.
Sur l’état de la jeunesse, il n’y a pas que vous qui êtes effrayé, la presse anglaise aussi :
Courrier international - 22 févr. 2007 ROYAUME-UNI • Du souci pour les jeunes Santé, éducation, violence : l’actualité et la publication de statistiques poussent une nouvelle fois les Britanniques à s’interroger sur les conditions de vie de leurs enfants. « 16,2 % des enfants britanniques vivent en dessous du seuil de pauvreté ; 35,8 % ont été brutalisés au cours des deux derniers mois ; 35,3 % des jeunes de 15 ans aspirent à un métier peu qualifié ; 30,8 % des jeunes ont été ivres deux fois ou plus. » Présentés à la une du Guardian, ces chiffres tirés d’un rapport publiés le 14 février par l’UNICEF dressent le tableau d’un pays dont les enfants et les adolescents sont « les plus pauvres, les plus en danger et les plus fragiles » parmi vingt et un pays riches. Ils ont choqué les Britanniques, en proie depuis de nombreux mois à des interrogations sur l’état de leur jeunesse.
« Le Royaume-Uni arrive dernière, et de loin, pour le nombre de jeunes qui fument, qui abusent des drogues et de l’alcool, qui ont des rapports sexuels à risque et des grossesses à un âge précoce », ajoute le quotidien. Dans seize des dix-sept pays de l’OCDE pour lesquels on dispose de données, entre 15 et 28 % des jeunes de 15 ans ont déjà eu des relations sexuelles. Pour le Royaume-Uni, le chiffre est de 40 %. En matière d’éducation, le pays arrive 17e sur 21, mais plus de 30 % des 15-19 ans sont sortis du système scolaire, ou en apprentissage et ne cherchent pas plus qu’un travail peu qualifié."
Comme pour confirmer cette vision alarmiste, The Independent on Sunday évoque de son côté « une épidémie d’alcoolisme chez les enfants, qui se traduit par des milliers de jeunes hospitalisés chaque année pour empoisonnement à l’alcool, maladies du foie et maladies psychiatriques liées à l’alcoolisme ». Citant une enquête nationale inédite, l’hebdomadaire rapporte que « les jeunes boivent deux fois plus qu’il y a dix ans, la moitié des jeunes de 13 ans consommant plus de 10 unités d’alcool par semaine. La quantité consommée par les 11-13 ans a presque triplé pendant la même période. » De plus, « plus de 8 600 jeunes de moins de 16 ans ont été admis à l’hôpital l’année dernière, 37 % de plus qu’il y a cinq ans ».
Tous ces chiffres sont publiés au moment où une vague de meurtres par arme à feu secoue les quartiers défavorisés de Londres. En deux semaines, quatre adolescents ont été tués, relançant les polémiques sur la « gun culture », la culture des armes à feu qui prévaut dans certaines communautés, en particulier la communauté noire. « La police prévient que les armes à feu et couteaux sont des ‘accessoires de mode’ et un moyen de régler des différends entre gangs pour des questions de drogue, de territoire ou simplement de ‘manque de respect’ », rapporte The Daily Telegraph. La même mise en garde a été lancée à Birmingham, Manchester, Bristol, Nottingham et ailleurs. Là encore, les statistiques montrent que les plus jeunes sont en danger. « En 2003, remarque le quotidien, la proportion de moins de 20 ans victimes de meurtres ou de fusillades ‘Trident’ était de 16 %. En 2005, elle était de 27 %, et cette année, elle est pour l’heure de 32 % ». Trident est le nom du programme de Scotland Yard dédié aux violences au sein de la communauté noire, lancé en 1998 à la demande des représentants de cette dernière.
Que faire face à cet état des lieux ? Le leader conservateur David Cameron, sans surprise, en appelle aux valeurs familiales et à la responsabilité sociale. De manière surprenante, The Independent on Sunday partage le même avis, « pour la première fois depuis sa création en 1986 », précise-t-il. Mais il ajoute que le gouvernement a également un rôle à jouer en favorisant notamment la prise en charge des enfants souffrant de dépression et de troubles mentaux. « Si nous arrivons à un consensus pour dire que nous devons attacher plus d’importance aux enfants, le Royaume-Uni sera infiniment meilleur à vivre. » Eric Maurice
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