Impossible de passer le sujet des mythes sans évoquer la lecture de René Girard :
les mythes archaïques sont le reflet plus ou moins déformé de crises mimétiques : indifférenciation, crise généralisée menaçant d’implosion le groupe humain, coup d’arrêt par la mise en cause unanime d’un bouc émissaire... (cf sa magistrale interprétation du mythe d’Oedipe, démontant celle de Freud).
Une autre contrepartie est l’institution de rites (au départ sacrificiels, puis progressivement atténués) pour bénéficier des bienfaits . Le tout aboutit à une divinisation/démonisation du bouc émissaire, préalable au religieux archaïque.
Ce système est extrêment choquant mais nécessaire à un stade de développement donné (toutes les sociétés anciennes étaient d’essence religieuse, celles ne l’étant pas s’étant désintégrés=>filtre darwinien)
Une condition nécessaire au bon fonctionnement de ce système est sa méconnaissance ; celle-ci est mise à mal par le christianisme (mise en avant de l’innocence de la victime lynchée, ce qui a été ébauchée dans le biblique, mais pas le paganisme). C’est bien la révélation que les mythes sont menteurs ; cela ne sera pas pardonné au christianisme par certains chantres du modernisme ; par exemple Nietzsche :
« L’individu a été si bien pris au sérieux, si bien posé comme un absolu par le christianisme qu’on ne pouvait plus le sacrifier : mais l’espèce ne survit que grâce aux scarifices humains... » in Oeuvres Complètes XIV, Fragments posthumes 88-89