J’ai vécu une bonne partie des gros conflits SNCF de la région de Paris Nord, du côté des responsables de l’exploitation, ceux qui font circuler les trains. Mai 68, 85/86, et beaucoup d’autres. Mon devoir, avec certains de mes collègues était d’organiser le service avec les moyens dont nous disposions, ce que certains appellent un service minimum sans savoir que cela n’existe pas et n’existera pas dans l’état de la législation, il y a TOUJOURS eu des sabotages.
Ces sabotages ont été fait pour TUER. En Mai 68 ceux sont les propres grévistes qui ont chassé les saboteurs des Joncherolles avec des boyaux de frein. A Chambly le mécano a failli écraser les manifestants placés sur la voie principale, on avait saboté la conduite de frein de son train, il a freiné avec la locomotive et ses fesses le pauvre. Dans l’avant-gare de Paris Nord on avait enduit de graisse les rails avant un signal, fer sur fer avec de la graisse au milieu çà n’arrête pas, etc....la liste est longue.
Il fallait être cheminot pour faire cela, être du métier, et ce n’étaient pas les barbouses de la direction ou du gouvernement mais des exités jusqu’au boutistes. Des cheminots. J’ai moi-même reçu des menaces téléphoniques au poste de commandement de Paris Nord, « si tu n’arrêtes pas de faire circuler des trains, il va y avoir un malheur », à mon domicile aussi. Les relations « sociales » n’étaient pas toujours roses dans la grande maison, je vois que çà perdure.
Curieux que Sud Rail n’ait pas condamné ces sabotages immédiatement, comme l’ont fait toutes les autres organisations syndicales. Alors, avant de fantasmer sur les barbouses, posez-vous la question « s’il y avait un accident grave ce serait les grévistes que les chiens cloueraient au pilori, ou la direction de la SNCF qui a fait circuler des trains en période de grève et de moindre effectif ? ».
Le gouvernement et la direction ont tout à perdre si un accident se produisait. Pas les salauds qui jouent à Résistance Fer sans le risque que courraient les vrais, ceux de la bataille du rail .