Bonsoir cher rasmussen,
Je suis ravi d’apprendre que vous militez pour ce travail de formation pédagogique auprès des enseignants. Et ils en ont bien besoin !
Donc, ce que je pense de cette analyse… .A l’heure actuelle, les institutions chargées de l’éducation et de la formation de nos enfants « paraissent » ne plus avoir le temps de prendre le temps. Elles sont toujours dans l’urgence, sans se rendre compte que de prendre en considération l’urgence, c’est dans le calme. La violence qui se développe aujourd’hui est différente de celle déployée dans une société stable. Ces jeunes qui drainent cette violence sont eux-mêmes entourés de menaces. Ils apparaissent menaçants, mais sont eux-mêmes menacés. Cette violence correspond à la crise de la jeunesse, la crise de sociétés industrielles et il est important de prendre le contexte dans sa globalité et non dans sa superficialité.
Auparavant, les passages se faisaient de façon instantanée par des rites, des rites de passage. Et l’anthropologie n’est pas au contenue de la formation d’en-saignants.
L’autorité de l’en-seignant, du père, des adultes n’était pas basée sur un pouvoir abusif. L’autorité ne se base pas sur le fait que j’ai de l’autorité parce que j’ai du pouvoir.
Or aujourd’hui le principe d’autorité est sapé. Il est cassé parce que nous sommes dans une crise sociale et culturelle profonde. Nous ne savons pas pour le moment quoi mettre à la place du futur. Comment on éduque ? Comment on transmet ? Comment on s’occupe des enfants ?
Nous sommes passés d’une éducation par le désir à une éducation par la menace. On dit alors (et je l’ai bien entendu de la bouche des en-seignants) « étudie, parce que si tu n’étudies pas tu seras chômeur ».
En outre, bien « entendu », la menace ne fait pas le poids par rapport au désir. Il est absolument impossible de modifier de façon durable, voir massive, les comportements, très profonds d’une personne, ou d’une, population par la menace. En verbalisant « si tu n’étudies pas tu seras chômeur », « si tu continues à casser les pieds de l’en-seignant tu va te faire virer », la menace ne peut pas prendre la place du désir.
Les jeunes n’ont qu’à trouver leur petite place non pas au soleil, mais à l’ombre. À l’ombre de la société des compétences, la société utilitariste. Une société utilitariste, dont les en-seignants conditionné de par leur « formation » sont à l’avant scène du cœur de leur micro-société d’un enseignement de type « Pavlovien ».
Simplement, il faut accepter des ruptures et des conflits dans votre métier « comme je le fais moi-même dans ma profession et sans vos filets protecteurs », des vrais conflits. Il faut accepter que vous n’êtes pas une société dans laquelle la communication, autre non de utilitarisme, pourrait suffire pour que la raison l’emporte. Il faut pouvoir revendiquer une dignité et une nécessité du conflit. Il faut résister, mais ne pas résister surmoïquement, il faut résister dans la détente.
J’ai mesurément fait un « hors sujet », mais il est aussi essentiel de remettre les choses à leur juste place et dans le contexte consenti.
Bien cordialement
Pierre DASSIGNY
Président de NALPA