Bonjour Zevengeur,
article un peu court, en effet, pour ceux qui n’étaient pas au courant de cette autre théorie ; il aurait fallu développer un peu plus longuement ce que l’on sait des processus de création du pétrole.
Mais c’est la deuxième fois que j’entend parler de cette théorie "abiotique", qui paraît, par exemple, assez compatible avec ce que l’on sait des conditions chimiques existant sur Titan, le satellite de Saturne, et donc d’autant plus vraisemblable : sans parler ici précisément de pétrole, on voit mal comment la source d’une telle masse d’hydrocarbures, à l’échelle d’une planète entière, pourrait être "biotique".
Quand vous parlez de théorie "secrète" des Russes, je ne suis pas sûr qu’il y ait eu de leur part une volonté de secret : il semble plutôt qu’elle n’ait tout simplement pas intéressé les pouvoirs occidentaux en général, américains en particulier, et qu’ils l’aient étouffé, à cause de l’enjeu qu’elle représente.
En effet, qui dit pétrole d’origine biotique dit hydrocarbures localisés dans des filons précis que l’on peut maîtriser politiquement, et donc domination de la fourniture d’énergie, ce qui est un des fondement de toute stratégie impériale. Et surtout la théorie de la rareté entraîne celle du "pic pétrolier", et donc de la montée des cours, qui est toute à l’avantage des groupes qui maîtrisent ce domaine : en effet, plus le pétrole est cher, plus leurs marges sont importantes, sans une goutte d’ investissements ou de frais supplémentaires.
Par contre, le fait que le pétrole soit d’origine physique et non biotique aurait probablement pour conséquence qu’il soit beaucoup plus abondant qu’on ne le pense, distribué à plus d’intermédiaires en concurrence et donc produisant moins de plus value : moins cher, il faudrait en produire plus, et donc multiplier les frais d’exploitation pour le même chiffre d’affaire.
On le voit, tout celà est avant tout un problème de dominations financières et politiques, et tout le monde n’a peut-être pas intérêt à ce que l’économie mondiale soit si prospère que ça, en tout cas pas si les profits devaient être redistribués à la grande masse des peuples.
Néanmoins, au delà de la perspective politique, il se pourrait que d’un point de vue écologique global, cad comprenant l’espèce humaine au sein de l’équilibre planétaire naturel, l’idée d’un pétrole abondant et bon marché soit la pire des nouvelles possibles, car elle permettrait à cette monstruosité que nous nommons "le système de vie moderne" de se rétablir, de se développer plus en avant, et de rendre encore plus irrémédiables les dégâts infligés à cet équilibre ainsi qu’à la nature humaine : sans vouloir jouer les cyniques, il paraît évident et inévitable que tout celà s’effondrera un jour dans la douleur et les larmes ; mieux vaut alors plus tôt que plus tard car plus le temps passe, plus nous tomberont de haut et plus l’espèce humaine elle-même sera en danger...
cordialement Thierry