Bonjour Maurice,
Quelques remarques et questions.
Tout d’abord, les éoliennes ont besoin d’électricité pour démarrer. Il faut bien que cette électricité provienne d’une source de production (tant qu’on n’a pas réussi à commercialiser des batteries vraiment efficaces). Le groupe électrogène permettant ce redémarrage est généralement themique, ou bien cette électricité est prise sur le réseau, qui peut être lui aussi alimenté en thermique. Le démarrage de l’éolienne se traduit donc par une production de CO2. Et donc il n’est pas aberrant de penser qu’une éolienne peut, indirectement certe, produire du CO2.
Ensuite, une éolienne ne fonctionne que lorsqu’il y a du vent. Lorsqu’elle s’arrête, il faut qu’un autre mode de prodution prenne quasi-instantanément le relais (toujours ce satané problème de stockage d’électricité). A l’heure actuelle seule des centrales thermiques peuvent jouer ce rôle (on ne peut pas démarrer ou arrêter une centrale nucléaire comme ça). Donc, mettre de l’éolien en remplacement d’une centrale thermique permet effectivement des gains de CO2 (celle-ci ne fonctionnant plutôt que lorsqu’il n’y a pas de vent) ; mais mettre de l’éolien à la place du nucléaire (comme ce serait le cas en France) conduirait à augmenter la production de CO2 (ce qui était produit 100% nucléaire devient en partie de l’éolien lorsqu’il y a du vent, et une partie du thermique lorsqu’il n’y a pas de vent... faites le bilan !). Une solution utilisée aujourd’hui consiste à coupler un parc éolien avec un barrage de retenu, une partie de l’électricité éolienne étant utilisée pour remonter l’eau dans la retenue et permettre une production hydroélectrique quand le vent tombe... Mais on ne peut pas mettre des barrages partout (les mêmes anti-nucléaires sont généralement anti-barrages... Comme ils sont aussi anti-rejets de CO2 et que l’énergie solaire, géothermique et solaire sont encore de douces utopies non rentables, il ne reste plus qu’à revenir à la bougie...). Donc, dans le cas de la France, remplacer le nucléaire par l’éolien reviendrait probablement à augmenter les rejets de CO2 !
Ensuite, faire constamment l’amalgame entre nucléaire civil et militaire n’est pas très rigoureux intellectuellement et s’apparente, également, à une forme de désinformation et de propagande anti-nucléaire. Ou bien alors voulez-vous aussi interdire les moteurs à essence parce qu’on en met dans les chars, les avions et les missiles ? Voulez-vous interdire les composés chimiques permettant de faire des explosifs de chantier, parce qu’on en fait aussi des grenades ou des obus ? Voulez-vous interdire tout ce qui peut être potentiellement une arme dans de mauvaises mains ? Utiliser comme argument anti-nucléaire la possibilité de ses applications militaires est donc soit une erreur soit une imposture. Ce qui n’enlève en rien la pertinence des préoccupations "civiles" liées aux déchets et aux risques de pollution...
Et merci de ne pas me taxer de pro-nuclaire et anti-éolien.