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Myosotis Myosotis 15 juin 2008 17:14

 Les personnes qui fustigent ces réactions récentes des psys préfèrent caricaturer à s’interroger sur les dégâts de l’absence de limites. Ce n’est pas faire preuve d’un manque d’amour, que de poser des limites et de transmettre le goût de ce qui est bien fait, d’être fier de soi et de ses actes. Laisser un enfant face à ses pulsions est très anxiogène. C’est devenu un "gros mot" que de dire "applique-toi", "regarde, c’est très bien mais en faisant comme si ou comme ça, tu vas encore améliorer ce que tu as fait etc.." C’est du concret : il suffit de voir la sérénité des enfants qui sont relativement canalisés et guidés qui savent ce qu’il convient de faire comme ce qui est mauvais pour eux ou pour autrui et l’état d’excitation qui dépasse les autres ainsi que leur agressivité. Ce laxisme engendre une telle souffrance qu’il est difficile d’appeler ça de l’amour. Cela demande beaucoup de temps d’éduquer, d’expliquer, d’être attentif, c’est donc de l’amour. Les enfants sentent qu’on ne cache pas derrière un "laisser-faire", une envie d’avoir la paix. N’avez-vous pas remarqué que c’est dans ce déficit d’attente, d’exigence que ça "clashe" le plus ? Les éducateurs comme les parents passent leur temps à hurler contre ces enfants qui ne supportent aucune frustration quand ils n’en viennent pas aux mains excédés. La frustration n’est pas innée : elle s’apprend tout doucement, petit à petit. Que comprend un enfant, quand cet apprentissage n’a pas été fait et que d’un seul coup (à l’école par exemple) on leur demande de s’adapter ? Le pauvre, non seulement il ne comprend rien mais en plus il NE PEUT PAS. Le chemin dans son cerveau et ses affects n’ a pas été fait. Bref... ce serait trop long d’en dire davantage. J’ai de nombreux exemples en tant que mère et professionnellement.

Pour bien faire on a abouti à l’opposé de ce qui était souhaité (le phénomène du balancier) et certaines personnes ne veulent pas faire d’auto-critique pour des raisons idéologiques.

Ce n’est pas un problème politique (je suis socialiste) mais c’est un vrai problème éducatif qui aboutit à un problème de société. Quel intérêt pour certains de nos ados de ne pouvoir supporter l’école voire d’atterrir en prison. C’est un peu simpliste de penser que si une jeune fille gifle une camarade ou un professeur pour une bricole que ce serait dû aux problèmes économiques. Le refus des frustrations, des interdits a créé cette tendance à ce qui est nommé "l e passage à l’acte". La pulsion envahit tout y compris la personne elle-même et ça la rend indisponible pour les apprentissages scolaires entre autre.

Tout un chacun a appris à ne pas faire tout ce qui lui passe par la tête et bien pas ces enfants qui n’ont pas intégré le "non". Les psys ont coutume de dire :"la différence entre le normal et le pathologique, est le passage à l’acte". Tu peux penser sans être anormal : "celui-là, celle-là, j’ai envie de l’étrangler tant il/elle m’énerve" alors que la personne pathologique le fera ...

Ne confondons pas "liberté de penser" et "liberté de faire" . L’enfant accepte beaucoup de choses s’il reçoit une attention sincère et du temps pour lui. Quand on transmet, on passe du temps privilégié avec l’enfant. il est certain que la caricature du parent violent qui en plus ne passe pas de temps avec son enfant tient lieu de justification à ceux qui critiques ces signaux d’alarmes des professionnels. 

Préférons-nous suivre l’exemple outre-atlantique où les enfants tellement hyperactifs avalent en bien trop grand nombre de la "Ritaline" ? (amphétamines)

C’est déjà arrivé chez nous.... Il ne s’agit pas de refuser un traitement qui peut soulager l’enfant et sa famille ainsi que permettre une adaptation sociale et scolaire mais si ce n’est pas associé à un questionnement sur notre choix de société et sur notre évolution de comportement y compris sur modèle que nous offrons à nos enfants, les prescriptions de médicaments psychotropes ne feront qu’augmenter. Est-ce normal d’offrir de la "chimie" en guise de nounou ?

Pour conclure, les éducateurs et enseignants témoignent tous du comportement ventouse de ces enfants. Dans une classe, on vous dira que dès qu’ils sont pris en tête à tête ou mis en valeur individuellement face au groupe, il sont adorables et touchants. Qui n’a pas entendu un enseignant dire : "On dirait qu’il pense qu’il n’y a que lui" ou un parent dire : "il voudrait que je m’occupe de lui 24H/24H"

C’est typique de l’enfant carencé précocement. Le laxisme est un "laisser-faire" ressenti comme un abandon.

Aucune autorité n’obtient de résultat constructif si elle est dispensée dans un climat de terreur et si, en parallèle, il n’y a pas beaucoup de complicité et de tendresse. Arrêtons les caricatures et auto-critiquons-nous... Sommes-nous prêts dans notre monde de dingue et individualiste à faire des choix matériels ou sur le plan des loisirs pour passer davantage de temps où l’on partage une activité avec nos enfants. Je ne parle pas de les déposer à droite et à gauche dans une activité plus ou moins branchée. Ça peut aller d’un tour de vélo à faire un gâteau, ou aller à la piscine etc...

Pas besoin de beaucoup d’argent pour ça mais du désir et du plaisir, Je ne connais pas un enfant que ça n’aide pas à aller mieux sauf quand il est déjà très tard.

Se saigner aux quatre veines, pour leur dire ensuite : "avec tout ce que j’ai fait pour toi" est un véritable malentendu.

Je ne suis pas tellement politiquement correcte, je sais mais je suis une quinquagénaire, J’ai été soixante-huitarde mais j’ai observé et réfléchi. J’ai travaillé dans le milieu ré-éducatif et voir que ce qui arrivait à nos enfants, dits en difficultés, devient courant et domine dans les écoles ordinaires sans qu’on réfléchisse ni aux effectifs d’élèves ni aux effectifs des enseignants ni à la cause de cette évolution, me pose problème. En revanche, on construit des prisons !

 

 

 




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