Quel déferlement ! Et après ? Je cherche en vain, parmi tant de commentaires, quelqu’un qui apporte une réponse à la question : comment faire l’Europe ?
Une première fois, un projet ambitieux avait été élaboré pour faire une Europe fédérale, respectant les identités nationales, mais puissante et qui puisse enfin faire poids face à ses puissants compétiteurs qui, à travers le monde aujourd’hui, nous imposent leur loi (et on en sait tous quelque chose !).
Les français se sont défoulés joyeusement - pour des raisons de pure politique intérieure ("ras-le-bol de Raffarin et Chirac") - et ont rejeté un projet de traité constitutionnel.... élaboré d’ailleurs par un français dont chacun reconnaissait pourtant l’éminente intelligence. Mais il est vrai que ce projet a été défendu par un Chirac d’une nullité totale sur les écrans et qui, manifestement, ne comprenait rien à rien, s’avouant lui-même et publiquement "dépassé". Le résultat d’une telle carence ne pouvait être que celui-là. Puis ce furent les hollandais pour des raions presqu’identiques.
Que s’est-il alors passé ? L’Europe, voulue par la majorité des autres nations, a donc continué son chemin.... sans nous : nous n’avions plus droit qu’à un strapontin dans les lieux où les grandes décisions se prenaient.
Face à cet isolement où nous nous trouvions désormais, on nous propose aujourd’hui une Europe au rabais basée sur la loi du plus petit dénominateur commun : il ne restait plus grand chose du traité initial et plus de quoi fouetter un chat. La majorité des pays européens l’ont donc ratifiée sans grand enthousiasme.... sauf, hier, la minuscule Irlande.
Que croyez-vous qu’il va se passer ? Et bien l’Europe va continuer de se faire.... sans l’Irlande. Et celle-ci, après avoir négocié quelques aménagements mineurs (par exemple la non imposition d’une directive européenne qui y autoriserait l’avortement, puisque c’est là l’une des raisons essentielles du "non" irlandais chez cette population ultra-catholique) l’Irlande rejoindra, par la force des choses, l’Europe et remontera dans le train, ne voulant pas rester sur le quai.
Mais, curieusement, comme hier en France avec un Chirac qui n’y comprenait rien, l’on voit un premier ministre irlandais qui avoue publiquement.... n’avoir jamais lu le traité de Lisbonne ! Et on aurait voulu avec çà et avec une telle conviction de ses dirigeants que l’Irlande vote "oui" ? Soyons sérieux.
La carence n’est pas dans les textes soumis à référendum mais dans le personnel politique qui nous gouverne. Ne cherchons pas ailleurs. Et c’est bien ce même personnel politique qui orchestre les instances "bruxelloises" : faut-il s’étonner alors de leur propre carence ?