• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


Daerel Daerel 25 juillet 2008 11:48

Bonjour, collègue,

Lire votre article demande du courage tant il est compact et massif. Et il souffre d’une chose : il est peu accessible à des gens qui ne sont pas enseignants ou sociologue/éthologue.

Ceci dit, le pédagogisme comme vous le qualifiez n’existe plus que très peu et ses tenants sont très vite méprisés par les collègues et les parents.

Dans ma propre pratique, je me vois comme un guide et un dictateur (celui qui dicte ce qu’il faut faire/savoir). Mes élèves me disent souvent : « Mais monsieur, on est en démocratie ! » Je leur réponds systématiquement :« Vous serez citoyen à 18 ans et là, vous aurez votre mot à dire. En attendant, je commande et bosse ! » Il est dès lors assez dingue de voir qu’ils adorent ça. Les élèves demandent à ce qu’on soit nimbé d’une autorité immanente. Cela leur plait. Les collègues qui les mettent sur un piédestal et leur font faire ce qu’ils veulent, ils les méprisent et souvent ne retiennent rien. Ce sont eux qui le disent souvent.

Néanmoins, il y a une belle hypocrisie dans notre métier. Elle est sur la philosophie de la directive de 1989 : « l’élève au centre de l’école ». J’ose dire que oui, c’est lui le centre de l’école. Néanmoins, attention ! Cela ne veut pas dire, comem ce fut souvent le cas, qu’il est son propre constructeur et apprenant comme certains ayatollahs de notre métier le disent. Cela veut dire que nous devons tout faire pour que chaque élève évolue et réussisse. Vaste défi sur lequel nous échouons souvent lamentablement car nous sommes les seuls à véritablement nous occuper des élèves.

Ensuite, je ne crois pas que le pédagogisme fut si répandu. Il y a d’autres facteurs explicatifs à votre problématique : la massification de l’école s’est-elle accompagnée de sa démocratisation (le PPRE ou PPRS je ne me souviens jamais de nos sigles enfin mis en place aurait dû exister depuis 1982... nous n’avons que 26 ans de retard) ? La réponse est non ! L’accueil des familles suite à la loi sur le regroupement familial a-t’il pensé qu’un enfant dont la maman vient du Hoggar central où elle était paysanne illettrée a autant de chance d’être aidé à la maison qu’un gamin dont la maman est née à Chartres et est allée jusqu’au collège ? La réponse encore une fois est non ! Nous avons loupé l’intégration de toutes ces populations issues du regroupement familial en ne créant pas un programme d’accompagnement à la connaissance du pays où ils aterrissaient ! ET ce sont leurs enfants qui souffrent de ce fait (combien de mes élèves traduisent pour moi ce que dit leur mère qui ne comprend pas bien le français... j’ai dû me mettre à certains langues orientale pour expliquer aux parents ce qu’il se passait pour leurs enfants... et entre le turc et le soninké... je me suis fais des fiches phonétiques !). Et surtout, nous vivons un changement de civilisation : nous passons d’un monde livresque et élitiste à un monde de l’image où c’est encore l’élite livresque qui contrôle tout, donc encore plus élitiste. Que faisons-nous pour démocratiser et massifier la culture livresque face à la dictature de l’image que veulent imposer certines élites... bientôt, on nous dira qu’avec les images, la majorité de la population n’a plus besoin de savoir lire ! Il n’y a qu’à lire un article en ce moment sur agoravox où Bernerd Werber annonce la fin du livre... et là, je prédis une société en caste si c’est réel ! ET on nous présente ça comme une révolution !

On oublie que c’est l’école obligatoire pour apprendre à lire et écrire qui a instauré la république et la démocratie ainsi que la lutte syndicale dans notre pays...

Enfin bref, je partage votre avis sur le fait que beaucoup voudraient que nos élèves deviennent juste des consommateurs et non plus des citoyens libres... Il n’y a qu’à voir le débat actuel : l’école ne prépare pas au monde du travail ! C’est tout à fait vrai et l’école en est fière. L’école prépare à la démocratie. Point. Le monde du travail, ce sont les études supérieures, pas l’école primaire, le collège ou le lycée.

Maintenant, je vais vous donner une bonne blague que je donne à mes amis : « Nos détracteurs sont un peu stupides... S’il voulait vraiment faire baisser le nombre de profs et nous dévaloriser... il suffirait juste que le minitre de l’Education nationale lance un vaste débat : Quelle pédagogie pour notre école ? Là, ce serait la guerre civile entre profs... et environ 200 000 morts » :D


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès