Encore un discours antiaméricain, mais cette fois prononcé sur un ton pleurnichard et moralisateur.
Il y a quelque chose qui ressemble à une faillite intellectuelle derrière tout ceci, et à une fuite devant la responsabilité, mais il y a surtout quelque chose qui ressemble à un tableau clinique paranoïaque.
Tous les ratés, les vaincus, les paumés, les médiocres, tous ceux qui ont, à un titre ou à un autre, des motifs de se plaindre de l’existence, les pauvres, les ressortissants des pays sous-développés et des civilisations qui se cassent la gueule, tous ceux dont la femme vient de se barrer avec le voisin de pallier, tous les cocus, tous ceux qui ont été recalés au exam, ou dont la candidature a fini à la poubelle, tous ceux-là se plaignent de l’Amérique.
Une Amérique qui ne peut rien pour eux, bien sûr, ni les guérir, ni leur rendre leur femme, ni transformer leurs défaites en victoires. Une Amérique qui est seulement coupable de symboliser la victoire, qui contraste si douleureusement avec leurs échecs et dont ils viennent, sans jamais se lasser, en nous pondant des colonnes entières qui leur ont coûté du temps et de la peine, nous expliquer ici qu’ils la haïssent.
Faute de pouvoir se haïr eux-mêmes.