A Metz, les magistrats boycottent Rachida Dati
	 	 		
			
SOCIETE - La ministre de la Justice, Rachida Dati, a effectué lundi à Metz un déplacement non annoncé pour "dialoguer avec les magistrats", mais ceux-ci ont boycotté cette rencontre. Mme Dati est arrivée vers 15h00 à la cité judiciaire de Metz où elle a été accueillie par quelque soixante-dix magistrats et avocats qui brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Justice bafouée, démocratie en danger".
		
					 			 				 "La garde des sceaux est venue à Metz pour rencontrer des magistrats et évoquer avec eux les questions qui se sont posées et se posent encore après les récents suicides de détenus mineurs", a indiqué le porte-parole de Mme Dati, Guillaume Didier. La ministre n’a finalement rencontré que les chefs de cours, les chefs de juridiction et les chefs du parquet général. Les magistrats, qui n’avaient été prévenus qu’à 11h30 de la visite, ont refusé de rencontrer Rachida Dati.
"Ca s’appelle un boycott", a déclaré Clarisse Taron, déléguée du Syndicat de la magistrature (SM). "Ce boycott est le symbole de la frustration actuelle de la magistrature et du mépris dans lequel elle est tenue", a ajouté Benoît Devignot, délégué régional de l’Union syndicale de la magistrature (USM).
"Je suis venue apporter mon soutien aux magistrats et leur redire que leur indépendance est garantie", a dit Rachida Dati à l’issue de la réunion qui a duré près de deux heures. Estimant qu’"il n’y avait pas eu de boycott", la ministre a souligné que "les magistrats exerçaient un travail difficile dans des conditions difficiles".
Le SM et l’USM, qui représentent 90% des voix aux élections professionnelles, ont appelé leurs adhérents à manifester jeudi contre le "mépris" dans lequel la ministre tiendrait, selon eux, la magistrature.
Quelque 150 magistrats et avocats selon la police, 200 d’après les organisateurs, avaient déjà manifesté jeudi à Metz pour dénoncer les "pressions" de Mme Dati sur le parquet de Sarreguemines (Moselle) lors du suicide d’un détenu mineur à la prison de Metz-Queuleu. Le 8 octobre, deux jours après la pendaison du jeune détenu, "cinq inspecteurs judiciaires ont débarqué en pleine nuit à la Cour d’appel de Metz, où ils ont convoqué, en dehors de tout cadre légal, le procureur de Sarreguemines et son substitut et les ont interrogés jusqu’à 1H30 du matin", a raconté Fabienne Nicolas, déléguée auprès de la cour d’appel de Nancy du SM. "La même demande d’explication a été faite le lendemain au juge des enfants" à propos de la décision de placement en détention du mineur "rendue en toute légalité", selon un communiqué de l’intersyndicale.