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Pierre Guillery 13 décembre 2008 22:34

Ce soir il m’est arrivé un truc intéressant : j’ai pris en plein la mesure du décalage entre le buzz (médias, blogs, etc) et les faits qui en sont la cause. Je m’explique. Depuis deux jours, je lis partout que Bayrou a été envoyé au tapis par Copé jeudi dernier sur France 2 chez Arlette Chabot. Comme je sais qu’il arrive à Bayrou de ne pas être très bon à la télé, ça m’a interpellé. Plus je lis les billets ici et là, les commentaires, la reprise des billets, plus je me dis que ça a du être sérieux. Alors, je craque et j’ai vais sur le site de France 2 pour y regarder l’émission en question histoire de me faire ma propre opinion. J’ai même pris des notes, en préparation à ce billet.

Et... pas grand chose. Ha non, pas de procès d’intention : je ne suis pas "partisan" - je sais critiquer Bayrou quand il mérite de l’être. Mais là... Copé a été lui même, volubile, à l’aise, efficace à occuper le terrain, suffisant, condescendant parfois, et Bayrou a souvent laissé couler - mettons qu’on puisse lui reprocher de ne pas s’être mis au niveau du bateleur de Meaux. Et aussi quelques erreurs factuelles. Mais sinon, ce "débat" a été un de ces épisodes agités durant lesquels les "téléspectateurs normaux" décrochent parce qu’ils sont noyés sous les chiffres, les sous entendus, les affirmations, les dénégations. De ces débats qui ne vont nulle part. Apparemment dans la blogosphère, Copé a gagné aux points. La belle affaire. Moi je prétends que mon voisin, à Uzès ou à Paris, n’a pas été plus impressionné par Copé que d’habitude, et que Bayrou a marqué des points en martellant des injustices perçues. Quoiqu’en pensent les blogueurs...

Sur le fond, ce qui m’a frappé c’est l’inconfort de Chabot, de Montebourg et de Copé devant Bayrou ; la difficulté qu’ils ont tous à choisir un angle pour le tacler, en fonction de leurs préoccupations particulières. La journaliste fait son job, rebondi et cherché l’angle qui marque : normal. Les représentants des blocs que Bayrou veut remettre en cause ont joués presque la même partition, avec des tons parfois identiques : tous les deux affirment que Bayrou est "à droite", sans ambiguité - tout en critiquant (justement) son ambiguité deux phrases plus loin. Tous les deux saluent l’homme, puis le démontent. Copé affirme que Bayrou est un "homme d’appareil", puis veut le coincer sur sa solitude. Montebourg se livre à un exercice obligé, et il ne m’a pas donné l’impression d’être très convaincu par ce qu’il disait. Quant à Copé, en réalité il ne sait pas sur quel pied danser vis-à-vis de Bayrou, sans doute parce qu’il ne sait pas quelle attitude adopter vis-à-vis de ses électeurs. Significatif, c’est sans doute pour ça que Bayrou arborait son sourire en coin, assez content de lui.


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