S’attaquer aux textes sacrés c’est forcément déplaire, l’exercice perdrait beaucoup de son intérêt sinon. Le plus drôle c’est que je suis de gauche et plutôt un membre de l’intelligentsia, seulement je n’ai aucune envie qu’on me (re)vende l’opium des intellectuels, fût-il parfumé au rhum.
Il est d’ailleurs révélateur que ce qui intéresse dans ce manifeste ce n’est pas le concret - un statut particulier pour les Antilles - mais la dénonciation incantatoire d’un "libéralisme" jamais défini et d’une "poètique" tout aussi nébuleuse. Tout juste comprend-on que les auteurs veulent généraliser leur mode de vie et leurs aspiration d’intellectuels urbains à toute la population, sans jamais, bien sûr, se poser la question des moyens.
L’utopie et le souffle, cela fait deux-cents ans qu’on nous le ressert régulièrement, à l’extrême-gauche comme à l’extrême-droite - oui, je sais, blasphème - avec toujours le même résultat désastreux. J’avoue ne pas avoir envie d’en remettre une couche. Et non, brandir les imperfections du système actuel n’est pas un argument. Ce n’est pas parce que je n’aime pas la grippe que je dois m’auto-inoculer la peste