Ce débat concernant les étrangers en situation irrégulière (bel euphémisme), conduit par le biais des angoisses qu’il génère, les peurs, surtout en période de crise économique, à un autre débat beaucoup plus vaste, qui est celui de la civilisation, de sa crise, de sa mutation et de ce que nous souhaitons faire pour que demain puisse être non pas le monde angélique des « utopies » mais celui d’une humanité retrouvée. Je suis né à Ceuta, enclave espagnole en territoire marocain, de l’autre côté de Gibraltar, première zone tampon avant l’Europe. Une partie de ma famille vit encore là-bas. C’est Calais-en-pire ! Tous les soirs, des gens se mobilisent pour aller apporter de la nourriture aux personnes parquées derrière une clôture barbelée. Les gens gueulent, crient à l’indignité. Que faire ? J’ai tellement mal aux tripes que j’ai cessé de revenir au pays. Mais toujours me trotte dans la tête les paroles de cette chanson de Manu Chao : "Mi vida va prohibida dice la autoridad... Soy una raya en el mar, fantasmada ciudad.... Mi vida la dejé entre Ceuta y Gibraltar...