• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile


En réponse à :


Pyrathome pyralene 21 juin 2009 15:14


Truthdig, Chris Hedges, 15 juin 2009

 Cette semaine marque la fin du règne de la monnaie de réserve mondiale dollar, le début d’une terrible période de déclin économique et politique aux États-Unis, et le dernier souffle du pouvoir suprême étasunien. C’est fini. Ils ne reviendront plus. Et ce qui se profile sera très, très douloureux.

 Barack Obama et la famille mafieuse de Wall Street, aidés par des médias qui colporte toujours des commérages ridicules et des imbécillités en tant que nouvelles, au moment où nous essuyons la plus grande crise économique de notre histoire, ont pu nous duper, mais le reste du monde sait que nous sommes en faillite. Et ces pays sont damnés s’ils continuent à s’appuyer sur un dollar dilaté et à soutenir les énormes déficits budgétaires fédéraux, gonflés de plus de 2 billions de dollars, qui financent l’expansion impériale des États-Unis en Eurasie et notre système de capitalisme de casino. Ils nous tiennent à la gorge. Ils sont sur le point de presser.

 Des réunions se tiendront lundi et mardi à Ekaterinbourg, en Russie, (Sverdlovsk autrefois) entre le Président chinois Hu Jintao, le Président russe Dmitri Medvedev et d’autres hauts fonctionnaires des six pays de l’Organisation de Coopération de Shanghai. Les États-Unis, qui ont demandé à participer, se sont vus refuser l’admission. Regardez attentivement ce qui s’y passe. Selon l’économiste Michael Hudson, la rencontre est « la réunion la plus importante du 21ème siècle jusqu’ici. »

 Il s’agit du premier pas formel de nos principaux partenaires commerciaux pour remplacer le dollar en tant que monnaie de réserve mondiale. S’ils réussissent, la valeur du dollar plongera considérablement, le coût des importations, notamment du pétrole, montera en flèche, les taux d’intérêt grimperont, et les emplois s’évanouiront à un rythme qui fera ressembler ces derniers mois à une époque prospère. Les services étatiques et fédéraux seront réduits ou fermés par manque de fonds. Les États-Unis vont commencer à ressembler à la République de Weimar ou au Zimbabwe. Obama, doté par beaucoup des qualités d’un sauveur, semblera soudain pitoyable, inepte et faible. Et la colère, qui a suscité quelques coups de feu et crimes, motivée par la haine ces dernières semaines, engloutira de vastes pans de la classe moyenne et ouvrière, privés de leurs droits et abasourdis. Ces gens exigeront vengeance, des changements radicaux, le renouveau de l’ordre et de la moralité, un déploiement pro-fasciste, de la droite chrétienne aux voyous qui propagent des discours de haine sur Fox News, assurera le pays qu’ils imposeront.

 J’ai appelé Hudson, qui a un article dans le Financial Times de lundi, « Le tournant de Yekaterinburg : La dé-dollarisation et la fin de l’hégémonie financière et militaire des États-Unis. » Selon Hudson, « Ekaterinbourg pourrait devenir connu, non seulement comme le lieu du décès des tsars, mais aussi comme celui de l’empire étasunien. » Son article est intéressant à lire, avec l’inquiétant exposé de John Lanchester sur le système bancaire mondial, intitulé « C’est fini, » paru dans le numéro du 28 mai du London Review of Books.

 « Ça signifie la fin du dollar, » m’a dit Hudson. « Ça veut dire que la Chine, la Russie, l’Inde, le Pakistan, l’Iran, forment une zone financière et militaire pour faire sortir les États-Unis de l’Eurasie. La nature du déficit de la balance des paiements est essentiellement militaire. La moitié des dépenses discrétionnaires des États-Unis sont militaires. Le déficit se retrouve entre les mains de banques étrangères, des banques centrales. Elles n’ont pas d’autre choix que de recycler l’argent pour acheter la dette du gouvernement étasunien. Les pays asiatiques ont financé leur propre encerclement militaire. Ils ont été forcés d’accepter des dollars qui n’ont aucune chance d’être remboursés. Ils paient les États-Unis pour qu’ils les agressent. Ils veulent parvenir à se débarrasser de cela. »

 La Chine, comme le souligne Hudson, est déjà parvenu à des accords commerciaux bilatéraux avec le Brésil et la Malaisie, pour libeller leur commerce en yuan de Chine plutôt qu’en dollar, euro ou livre. La Russie promet d’inaugurer le commerce en rouble et en monnaies locales. Le gouverneur de la banque centrale de Chine a ouvertement appelé à l’abandon de la monnaie de réserve dollar, suggérant d’utiliser à sa place les Droits de Tirages Spéciaux du Fonds monétaire international. Ce que sera le nouveau système demeure obscur, mais la chute du dollar a bel et bien commencé. L’objectif, selon les paroles du Président russe, est de construire un « ordre mondial multipolaire, » qui brisera la situation économique des États-Unis et, par extension, leur domination militaire. Tant qu’elle peut se défaire de ses devises étasuniennes, la Chine dépenses ses réserves de dollars avec frénésie, achetant des usines et des biens dans le monde entier. C’est pourquoi Aluminum Corp. de Chine a fait d’aussi grandes concessions lors de sa tentative ratée pour sauver ses 19,5 milliards de dollars dans l’alliance avec les entreprises minières de Rio Tinto en Australie. Elle a désespérément besoin de jeter ses dollars.

 « La Chine tente de se débarrasser du maximum de dollars possible dans un échange de saloperies contre des ressources, » a dit Hudson. « Elle donnera ses dollars aux pays disposés à vendre leurs ressources, puisque les États-Unis refusent de vendre leurs industries de pointe, même Unocal, au péril jaune. Elle réalise que ces dollars seront sans valeur assez rapidement. »

 Les architectes de ce nouvel échange mondial réalisent que s’ils torpillent le dollar des États-Unis, ils brisent aussi leur domination militaire. Nos dépenses militaires ne peuvent être soutenues sans le cycle de lourds emprunts. Le budget officiel de la défense des États-Unis pour l’année fiscale 2008 est de 623 milliards de dollars, avant d’ajouter des choses comme la recherche nucléaire. Selon la Central Intelligence Agency, le budget militaire national le plus proche est celui de la Chine, avec 65 milliards de dollars.

 Il existe trois catégories de déficits de balance des paiements. Les États-Unis importent plus qu’ils n’exportent. C’est du négoce. Wall Street et les compagnies étasuniennes raflent des sociétés étrangères. C’est de la circulation de capitaux. Le troisième et plus important déficit de la balance des paiements au cours des 50 dernières années concerne les dépenses du Pentagone à l’étranger. Les dépenses militaires sont principalement responsable du déficit de la balance des paiements des cinq dernières décennies. Regardez la table cinq du rapport de la balance des paiements, publié dans le Survey of Current Business trimestriel, et vérifiez sous les dépenses militaires. Là vous pouvez voir le déficit.

 Pour financer notre économie de guerre permanente, nous avons inondé le monde de dollars. Les bénéficiaires étrangers rapportent les dollars à leur banque centrale contre de la monnaie locale. Les banques centrales ont ensuite un problème. Si la banque centrale ne dépense pas l’argent aux États-Unis, le taux de change contre le dollar va monter. Cela pénalise les exportateurs. Ceci a permis aux États-Unis d’imprimer de l’argent sans restriction pour acheter des importations et des sociétés étrangères, financer l’expansion militaire et faire en sorte que les pays étrangers comme la Chine continuent à acheter des bons du Trésor. Ce cycle est désormais terminé. Dès que le dollar ne pourra plus inonder les banques centrales et que personne n’achètera de bons du trésor, notre empire s’effondrera. La débauche de dépenses de l’armée, environ 1 billion de dollars quand tout est compté, sera insoutenable.

 « Nous devrons financer nos propres dépenses militaires, » a prévenu Hudson, « et la seule façon de le faire sera de réduire fortement le niveau des salaires. La guerre des classes sera de retour dans l’entreprise. La finance de Wall Street comprend cela. C’est pourquoi, dans une énorme arnaque, elle a donné à Bush et Obama ces 10 billions de dollars, pour qu’ils puissent avoir assez d’argent pour survivre. »

 La démarche désespérée d’emprunter pour sortir de la débâcle financière a encouragé un niveau d’intervention étatique inédit depuis la Seconde Guerre Mondiale. Ça nous mène aussi en territoire inconnu.

 « Nous avons dû en effet déclarer la guerre pour sortir du trou créé par notre système économique, » a écrit Lanchester dans le London Review of Books. « Il n’y a aucun modèle ou précédent à cela, et aucun moyen de débattre que c’est vraiment bon, parce que, dans tel ou tel modèle de capitalisme... il n’existe pas de modèle. Ce n’est pas censé marcher ainsi, et il n’y a pas de feuille de route pour ce qui s’est passé. »

 Le coût de la vie quotidienne, de l’achat de nourriture, des soins médicaux, deviendra une difficulté pour tous, sauf pour quelques-uns quand le dollar plongera. Les États et les villes verront leur fonds de pension drainés et finalement coupés. Le gouvernement sera forcé de vendre les infrastructures, notamment les routes et les transports, à des sociétés privées. Nous serons de plus en plus ponctionnés par les services publics privatisés — pensez à Enron —, par ceux qui étaient autrefois réglementés et subventionnés. L’immobilier commercial et privé aura une valeur inférieure, à la moitié de leur valeur actuelle. La valeur négative des capitaux propres sur les maisons, qui harcèle déjà 25 pour cent des foyers étasuniens, se développera jusqu’à inclure pratiquement tous les biens des propriétaires. Il sera difficile d’emprunter et impossible de vendre des biens immobiliers, sauf en acceptant d’énormes pertes. Bloc après bloc, il y aura des magasins vides et des maisons condamnées. Les saisies seront épidémiques. Il y aura de longues files devant la soupe populaire et beaucoup, beaucoup de sans-abri. Nos médias contrôlés, déjà rebattus et superficiels, feront des heures supplémentaires pour nous anesthésier avec des potins inutiles, des spectacles, du sexe, de la violence gratuite, de la peur et du bric-à-brac politique tape-à-l’œil. Les États-Unis seront composés d’un sous-prolétariat de dépossédés et d’une minuscule oligarchie qui entretiendra un système néo-féodal impitoyable et brutal pour sécuriser le parc à bétail. Ceux qui résistent seront réduits au silence, beaucoup par la force. Nous allons payerons un prix terrible, et nous le ferons bientôt, pour les méfaits grossiers du gratin au pouvoir.

Original : www.truthdig.com/report/print/20090614_the_american_empire_is_bankrupt /


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON


Palmarès