« La sacralisation de la parole de l’enfant n’est-il pas le pendant de la dévalorisation du métier d’enseignant ? » Sans doute,
Dans notre société marquée par la montée de l’individualisme ostentatoire, la dégradation des liens sociaux, l’évanouissement des solidarités et la disparition des idéaux du XXème siècle, une partie des parents en sont venus à focaliser principalement leur attention sur leur progéniture. Cette dernière porte leur espoir de réussite qu’eux-mêmes n’ont pu réaliser. La parole de leur enfant prend alors une importance (qui pousse celui-ci vers la toute-puissance), d’autant que l’Ecole, que bien souvent ces parents connaissent peu, n’a pas de grâce à leurs yeux sutout quand elle a du mal à s’adapter à la singularité de leur cher bambin.
Par ailleurs, le temps de l’instituteur ou du professeur, notables dans leur village ou dans leur sous-préfecture est révolu. Critiqués par des leaders d’opinion, jalousés par des professions moins bien loties en temps de vacances, méprisés par les nouvelles élites, montrés du doigt au moindre faux pas, les enseignants doutent et en viennent à rester replier sur eux-mêmes au lieu de travailler à la reconnaissance de leur mission, à l’explication de la complexité de leur métier et au partage de la co-éducation que l’évolution contemporaine des mœurs impose.
Il y a donc une forme de cercle vicieux qui s’entretient entre d’une part des comportements insupportables d’élèves et d’autre part des enseignants qui, fragilisés par les premiers, ont des difficultés à faire un métier auquel ils ont été mal préparés.