Je rebondis sur ce que disait Romain Desbois. A mon avis, l’espéranto dérange parce qu’il est la seule alternative
(crédible, facile à réaliser à court terme) à l’anglais comme lingua
franca de l’UE. Et comme il est difficile de le contester par de vrais
arguments, la solution choisie est souvent la moquerie ou le déni pur
et simple. Le latin fait sourire, mais l’espéranto, lui, agace par sa
seule existence.
A noter que le dernier rapport sur la
francophonie (cet été) propose carrément de développer les cursus
anglophones dans les universités françaises, comme « moyen provisoire »
d’attirer les étudiants étrangers... rien ne dure autant que ce genre
de provisoire ! L’UE s’anglicise à vitesse accélérée, et ce passage vaut le détour :
"c) Revoir la question des pré-requis en français
Il
serait opportun d’examiner la possibilité d’assouplir les conditions
actuellement imposées à l’inscription dans l’enseignement supérieur français
quant à la maîtrise de la langue française, et de développer davantage les
dispositifs existants de préformation en français, avant le début du cursus ;
mais surtout, pour les sciences exactes en particulier, il serait judicieux de
prévoir une formation en français au cours des études, une partie de celles-ci pouvant se faire dans la langue code
(l’anglais) qui assure l’apprentissage des contenus globaux, avant l’affinement
de la capacité de penser en langue française. L’initiative de nombreux
établissements d’offrir leurs formations en langue anglaise, soit en cours
d’été, soit en cours spécifiques, et de plus en plus en master est un moyen
provisoire indispensable à l’intégration de ces futures élites dans nos
institutions académiques et dans la culture française en général. Le
catalogue de ces formations en anglais, présenté par CampusFrance, est un
instrument utile pour faciliter la mobilité des étudiants. "
Voilà
pourquoi les Français dérangent, ainsi que l’espéranto, les uns parce
qu’ils défendent la position de leur langue au sein de l’UE (sauf le
gouvernement), et les espérantophones parcequ’ils préfèrent l’Eo comme
langue auxiliaire, européenne ou internationale.