Je publie ici un commentaire que j’ai trouvé
particulièrement éloquent suite à un article tout aussi éloquent et repris sur le
blog de Paul Jorion (blog sur lequel je fais malheureusement l’objet d’une
censure sans nom… Pourquoi ? Paul Jorion aurait-il peur que mon blog
lui vole la vedette ? Ca ne peut mal, il fait 15 fois plus de visites
journalières que le mien…)
Voici donc le commentaire de Zébu publié le 12 mai 2010 à
9h54 sur le blog de Paul Jorion à l’adresse http://www.pauljorion.com/blog/?p=11506.
Article pour lequel Paul Jorion et consort mentionnent bien qu’il s’agit d’un
billet invité mais qui ne mentionnent jamais la source initiale. Voilà pourquoi
le blog de Paul Jorion est tant visité. Heureusement, une petite recherche sur
google permet de tomber sur la source initiale publiée sur un formidable site :
http://www.robin-woodard.eu/spip.php?article1036
(un concurrent potentiel à la course à la popularité sur le Net ?). Pourquoi se faire concurrence ? Ce qui compte, c’est que les idées passent. Peut-importe la popularité. Enfin bref, voici le commentaire en question :
M. Papandreou a effectivement fait trembler toute la zone euro pour une
raison précise : sa trop grande honnêteté. Car s’il avait fait comme tous ces
prédécesseurs (en fait, son prédécesseur, Karamanlis), il aurait fait ‘canard’
et aurait tenté de régler le problème en Ecofin ou via d’autres moyens que la
morale réprouve, moyens que ses ‘partenaires’ européens ne trouvaient pas
jusque là si répugnants.
A l’inverse, désirant dénoncer, à raison, la gabegie de son prédécesseur, il
expose crûment la situation : la
Grèce est pire qu’en faillite. Les comptes ont été truqués.
Son accès au pouvoir se fait en octobre 2009. Et en novembre 2009, un Ecofin se
tient où les ministres des finances examinent la situation grecque et
« s’aperçoivent » qu’effectivement les chiffres de la dette mais
aussi du PIB grec ont été ‘bidonnés’. Ils commandent alors un rapport à la Commission européenne
pour vérifier cet état de fait et Eurostat rend un rapport sans appel en
janvier 2010, ‘révélant’ la véritable situation : au lieu de -4% de déficit, on
obtient -12% pour 2009.
A partir de là, la ‘crise grecque’ s’enclenche et plus rien ne peut empêcher la
spéculation.
Imaginons. Si M. Papandreou avait continué à truquer les chiffres, comme
Karamanlis (il ne mérite pas le ‘M.’ mais tout notre mépris), que serait-il arrivé
? Rien, sans doute. Comme cela était le cas, avant 2009, et ce pendant des
années. Car la Grèce
truquait les chiffres et ce depuis 1997 !!
C’est un rapport d’Eurostat qui rendit public ceci … lors d’un Ecofin en 2004,
révélant, déjà, qu’entre 1997 et 2003, les ‘comptes’ avaient été truqués. En
particulier pour 2003, où les différences atteignaient plus de 7 points en % !!
Tout ceci est donc une vaste ‘blague’. M. Papandreou n’est ni responsable
ni coupable.
Le coupable, c’est Karamanlis. Actuellement, il vit toujours en liberté dans
son beau pays.
Les responsables sont les ministres des finances de l’UE, qui ont su et qui
n’ont rien fait.
En droit, cela s’appelle non assistance à personne en danger et au niveau
professionnel, une faute grave. En politique, c’est impardonnable.
Et pourtant, ceux qui étaient présents en 2004 le sont toujours en Europe.
Et pourtant, on a tenté (brièvement) d’intenter un ‘procès’ à Eurostat.
Il est symptomatique de constater que l’on n’entend plus parler du
Président de la
Commission Européenne. On peut penser qu’on lui a intimé de
la boucler, s’il ne souhaitait être mis en face de ses responsabilités. Car de
fait, on en viendrait à juger toute une idéologie, qui soutient l’existence de
l’UE et de ses pratiques depuis ses origines : le néo-libéralisme. Karamanlis
en était un des acteurs, jugés par ses ‘pairs’ comme ‘digne de confiance’,
c’est dire. Les ministres des finances successifs depuis 2004, depuis qu’ils
’savaient’, aussi.
Ce procès là ne sera pas instruit. Et tant qu’il ne le sera pas, il
existera toujours le déni de justice. Une ‘Union’ Européenne, quelqu’elle soit,
ne peut pas continuer très longtemps à exister (et encore moins fonctionner)
sur ces bases là.
S’il y a une mise en faillite impérative à mettre en oeuvre sans
tarder, c’est bien celle du néo-libéralisme : tromperie, fraude, faillite
morale, échec économique et social, …
Les chefs d’accusations ne manquent pas. Les coupables non plus.