Moi aussi, j’y étais, place St Jean, pour voir. Le spectacle était lamentable et grotesque, des deux côtés. Les deux camps s’aboyaient des slogans tout aussi fins que « CRUCIFIX DANS-LE-CUL », ou encore « JESUS-CRIE DANS TON (MON ?) LIT », ou bien le classique très intelligent « SI MARIE /AVAIT CONNU L’AVORTEMENT/ON AURAIT PAS / TOUS CES EMMERDEMENTS », ou encore, dans le camp catho « SO-DO-MIE CA-SU-FFIT ». La rage des uns faisait redoubler celle des autres, et bien sûr chacun restait fermement boulonné à sa position.

Elle nous pose alors une question qui nous cloue sur place : « Ah, vous en venez vous aussi... Mais... vous étiez avec les méchants ou avec les gentils ? » Tant de manichéisme ne pouvant être qu’une plaisanterie

Dans le camp gay j’ai également entendu ça : « On est les gentils-euh/Vous êtes les méchants-euh ! ». Donc le manichéisme n’est pas l’apanage des cathos.

J’ai tout de même été frappé par certaines choses. Les gays criaient « Marre de cette société/ qui accepte pas/les trans les gouines et les pédés ». Mais :
1) La société accepte de plus en plus les homos. Les célébrités ne le cachent plus quand ils ont des penchants homosexuels, les gays ont des magazines rien qu’à eux, une chaîne de télé.
2) Ce slogan lancé à la figure des cathos laisse penser que ce sont eux qui sont responsables du rejet des homosexuels, alors qu’ils ne sont plus au pouvoir depuis longtemps et qu’ils sont minoritaires.
3) C’est une drôle de conception de l’acceptation que de croire qu’être accepté est équivalent à avoir le droit de s’exhiber devant celui qui nous déteste sans que celui-ci ait quelque chose à dire.

Car ils ont beau dire que St Jean est une place publique, ils ne vont pas faire croire aux autres qu’ils ont choisi cet endroit par hasard. S’ils ont décidé de manifester à cette place précise, c’est justement pour provoquer les cathos, dans l’espoir débile que ceux-ci remettent en question leur conception de l’homosexualité (comme si ça pouvait aboutir à autre chose qu’à la confrontation de niveau cour de récré que j’ai décrite). En vérité, ils savent très bien qu’ils peuvent manifester partout ailleurs sans le moindre problème, mais que voulez-vous ils ont besoin de se sentir opprimés pour exister. Et comme ils ne le sont pas, eh bien ils partent à la chasse aux derniers catholiques traditionnels, denrée de plus en plus rare de nos jours, qui leur opposeront une résistance.