Bonjour Madame Boutin. J’ai lu attentivement votre texte, et j’aimerais exprimer ici une réaction.
J’ai lu en fait trois textes : le premier m’a enthousiasmé. Un historique aussi court que précis. Vous écrivez : « Le guerrier s’est drapé de l’étoffe du doux commerçant, l’aristocrate a cédé sa place au trader efficace, les intérêts se sont substitués aux passions…
». Je vois là trois jolies litotes ! Et ici, litote est un euphémisme ! .
La deuxième partie qui commence à : « Plus de deux siècles après l’invention libérale, que reste-t-il en somme ? » Si je vous trouve là encore lucide - en effet, Sade n’est pas loin - en revanche, je sens comme une dérive de la pensée dans cette assertion : « L’homme devient second par rapport à la planète. Gaïa devient totalitaire. » Cela n’est-il pas contradictoire avec le constat précédent ?
Enfin, troisième partie, la profession de foi. Je lis : "Il faut donc encadrer le « marché des désirs ».
Ceci mérite réflexion. Gandhi écrivait : « La planète compte suffisamment de ressources pour répondre aux besoins de tous, mais pas assez pour satisfaire le désir de possession de chacun. »
Et pourtant un millard d’êtres humains ont faim, et beaucoup en meurent. Et vous ne dites pas un mot sur les pratiques des Hedges fund qui spéculent sur les produits alimentaires de base.
Ce que je veux dire ? Votre proposition d’encadrer le marché des désirs dégage une odeur qui ne me plait guère.