L’auteur, en partie en raison d’une méconnaisance du sujet, fait un certain nombre d’amalgames qui affaiblissent son argumentation. Surtout, il mélange intérêt individuel et intérêt collectif, ce qui est bien sûr compréhensible pour un individu, mais ne peut constituer la base d’une politique urbaine.
Un pays comme la France a t-il intérêt à disposer d’une mixité sociale ? Nul doute que, dans sa majorité (il existe bien sûr des personnes qui préfèrent en exclure d’autres), les français répondraient positivement à cette question. Un pays a besoin de ses diverses couches soclales, qui remplissent des fonctions variées, et le plus souvent, l’aspect multiculturel est aussi perçu comme un atout.
Une ville a t-elle intérêt à promouvoir une mixité sociale ? Là aussi, si l’on explique ce qu’est la mixité sociale, une majorité d’habitants y serait favorable : la mixité sociale, cela signifie d’avoir des commerçants, des ouvriers, des professions libérales, des jeunes, des vieux etc... Le seul bémol à cette volonté sans doute majoritaire peut se trouver dans les grandes agglomérations, où la notion de ville n’est pas nécessairement équivalente à celle de commune, en raison de la continuité urbaine.
Là où l’auteur a raison, c’est qu’au niveau du quartier, de l’immeuble, voire de la commune si celel-ci est peu étendue et insérée dans une agglomération plus large, les individus sont plus réticents à cette mixité sociale, pour diverses raisons. Il sagit là du réflexe classique : « not in my backyard » . C’est à dire que, d’un point de vue conceptuel, les individus perçoivent les intérêts de la mixité sociale qu’ils peuvent y trouver, mais qu’ils refusent d’en avoir les inconvénients possible à proximité. Tout le monde à envoie d’une gare à proximité, d’une école, d’une brasserie... mais pas à 10 mêtres de chez eux... De la même façon, ils veulent avoir accès à une nounou, un restorateur chinois, mais pas que ceux-ci habitent dans l’appartement d’à côté... Ce côté égoïste, ce désir d’avoir le beurre, l’argent du beurre, et le sourire de la crémière, est un réflexe logique au niveau individuel. Mais bien entendu pas au niveau collectif...
Tous les maires de grande villes de droite, tous, favorisent la mixité sociale dans leur ville. Un bon exemple est celui de ma propre ville, Rueil-Malmaison, ville de 80.000 habitants dans la banlieue « chique’ de Paris, mais on pourrait en dire autant de bien d’autres. Bien sûr, ils vont préserver certains secteurs où se situe une partie de leur électorat de base d’une mixité trop importante, mais tous savent très bien l’effet pervert de la politique inverse, celle de la ségrégation sociale : les ghettos sociaux sont l’une des raisons majeures de l’insécurité en plus de l’exclusion, de la pauvreté, élément auquel leur électorat est très sensible. Et donc ils sont prêts, en vrais »politiques", c’est à dire aussi bien pour l’intérêt général que pour leur prppre intérêt, à passer outre les désagréments que peuvent générer cette mixité pour certains.
Certes, certains maires de villes petite ou moyenne situées dans de grandes agglomérations peuvent faire fi de cette mixité sociale à l’échelon de leur commune, dans la mesure où ils peuvent bénéficier de ses avantages grace aux communes voisines sans en subir les inconvénients. mais cette attitude égoïste est de plus en plus difficilement tolérée, même dans leur propre camp, pour d’évidentes raisons de justice.
Ce que n’a pas comrpis l’auteur, c’est que la loi SRU n’est pas faite pour l’échelon local, elle est faite pour l’intérêt général. De nombreuses villes n’ont pas besoin de 20% de logement sociaux... uniquement si d’autres en assument un pourcentage plus important. Car le pays lui, a besoin de ces 20%... Et le nombre de communes qui ne veulent pas de ces 20% est en réalité très faible, car un parc de 20% de logement sociaux se gère très bien, sans difficultés sociales ni même de valeur immobilière, s’il est géré correctement, et donc bien réparti. Car le problème principal, les nuisances réelles, n’apparaissent que dans les cas de concentration excessive, sauf cas particulier (mais il y a autant de voisins insupportable chez les familles pauvres que chez les familles riches...).
La raison pour laquelle on « force » les gens à vivre au milieu de gens qui ne leur ressemblent pas ou qu’ils n’ont pas spontanément envie de rencontrer est donc l’intérêt général. Et dans la plupart des cas, cela se passe très bien, et conduit à un enrichissement mutuel fructueux.
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