Le livre part d’un bon sentiment, sa dénonciation est juste et sincère. J’émettrai toutefois des resserves quant à
la nouveauté de ses idées, il ne dit, somme toute, que des choses qui circulent sur
le Net depuis longtemps. Je trouve qu’il
ne parle pas assez justement de cette révolution déjà en cours, la
révolution scientifique et technologique, celle des communications. La
donnée la plus spectaculaire de cette révolution est qu’entre 2003 et
aujourd’hui on a échangé autant d’informations qu’entre la préhistoire
et 2003 (d’après Google). Il ne prend pas non plus en compte la
révolution des valeurs, abandon des croyances pour une pensée plus
rationnelle, donc moins dangereuse - il nous expose des chiffres, des
milliards par ci, des milliards par là, ça ne m’impressionne guerre.
L’argent est une croyance, il ne fonctionne que quand on n’y croit. Il
n’est pas une valeur en soi. Et vu que son rayon d’action sera (est déjà
presque) réduit au matériel, il deviendra beaucoup moins essentiel. En
effet, l’immatériel est sorti de l’économie monétaire. Pas
officiellement, mais dans les faits. Et contrairement à l’opinion
officielle, c’est une très bonne nouvelle. Je vois que le monde va bien
mieux depuis que l’on communique (finalement !), les chiffres globales
l’attestent. Pas celles des flux économiques, mais il y a moins de
guerres et on est, globalement, plus heureux sur notre petite planète.
Dans son livre je ne vois aucune allusion à la noosphère croissante,
cette biosphère du savoir qui se nourri d’esprits humains, ce monstre
aux milliards de têtes dont nous sommes tous des esclaves heureux - la
notion de la noosphère prendra, dans l’avenir, une importance cruciale
pour l’organisation sociale. Avant, le Savoir se trouvait dans les
livres et dans les écoles, aujourd’hui il est sur le Net. Et pas une
seule fois le mot Internet n’apparait dans ce livre. C’est un livre du
siècle passé, évoquant les problèmes réels mais vus à travers le prisme
de la société mercantile pré-internet. C’est aussi un livre qui dit que
le verre est à moitié vide. Moi je dis qu’il est à moitié plein.
Vous
allez certainement me reprocher de blablater, delire d’un geek, que des
paroles et non pas d’action ... Détrompez vous. Quand Internet arrive à
rassembler des milliers de personnes juste pour prendre l’apéro, une
vraie cause peut en rassembler des centaines de millions. Elle n’est pas
encore arrivé, cette cause qui lèverait un geek de son fauteuil, mais à
la place du pouvoir, je prierais pour qu’elle n’arrive pas, car, quand
Internet se soulèvera, les gouvernements, ça sera du passé. L’acte
politique le plus subversif est de s’informer.