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Yakov (---.---.198.12) 8 avril 2006 13:18

On peut faire un parralèle entre la Chine et l’Union Soviétique. Au début du XXe siècle ces pays étaient extrêmement pauvres et arriérés par rapport aux pays de la révolution industrielle initiée au XVIIIe-XIXe siècle. Ces deux pays énormes ont accédé au progrés économique et social à partir de Révolutions socialistes. Ces révolutions leur ont permis de repousser les assauts répétés des puissances impérialistes, et de se développer.

Aujourd’hui il y a une différence entre la Russie actuelle et la Chine : en Russie la capitalisme a été restauré. Il s’en est suivi une chute importante du niveau de vie, et cela a encouragé les puissances impérialistes à renouveler leurs assauts pour encercler la Russie et la déstabiliser : Installation de bases militaire en Afghanistan et dans le caucase, révolution colorées. En Chine la bureaucratie « socialiste » est bien tentée de suivre l’exemple de la bureaucratie soviétique, de se mettre dans leurs poches personnelles des conglomérats industriels bâtis dans la période socialiste. En Russie on parle d’oligarche par exemple, mais il y a toute une faune de la bourgeoisie naissante formée d’anciens bureacrates et de jeunes filous. En Chine il y a aussi un zoo de bureacrates et d’affairsites impatients de s’enrichir personnellement.

Les traits de la Chine : 1-l’Etat continue de sa clamer communiste, l’économie de base reste fondée sur une propriété collectivisée (par opposition à privée), et une masse de chinois sont pro-communistes. 2-Au lieu d’un renversement d’un bloc, la restauration capitaliste semble se faire par diffusion dans des ilots appelés Zones Economiques Spéciales (ZES), qui sont des aires où la règle socialiste ne s’applique pas, et où les investisseurs étrangers (privés) placent leurs usines. A première vue les ZES amorcent une restauration capitaliste, mais c’est possible qu’elle soient un vaccin anticapitaliste. Le tavailleur soviétique pouvait se laisser berner à croire que la venue du capitalisme serait un bienfait, comme lui racontait Radio Free Europe (officine de la CIA). Le travailleur chinois peut comparer dedans et dehors des ZES. Dedans=cadences infernales, conditions de travail inhumaines (usines à 3 étages : chaine, stock, dortoir), très peu de congés, aucun droit pour les employés (maternité, congés maladie...) salaires souvent impayés. Hors ZES : jours de congés abondants, meilleures conditions de travail, sécurité relative de l’emploi, système de santé, écoles publiques.., 3-Les bureacrates chinois ont vu ce qui s’est passé avec l’URSS. Parmi les bureacrates il y a ceux du type dirigeant du tiers-monde, prêt à vendre son pays pour une bouchée de pain, prêt au régime fantôche et à l’esclavage supervisé par le FMI. D’autres s’aperçoivent bien qu’il n’y aurait pas de place pour tous les bureaucrates dans une Chine soumise aux impérialistes. C’est différent de Gorbatchev qui a envoyé l’URSS dans le mur en s’imaginant (naïvement ?) apporter plus de force à son pays, pendant que les Eltsine en coulisse ne songaient qu’à s’enrichir personnellement et placer le fruit de leurs rapines à New York, ou sur la côte d’Azur.

L’exemple de l’URSS montre qu’une restauration capitaliste affaiblirait la Chine, et appauvrirait la majorité de chinois. Cela se traduirait par l’ouverture des marchés aux prédateurs extérieurs, prêts à tous les coups bas, et aux capitalistes de l’intérieur, privilégiant leurs intérêts privés sur ceux du pays. La planification à l’échelle d’un pays entier est plus efficace que le chaos capitaliste. Aux exemples par la positive (Russie->URSS ou Chine coloniale->République populaire) et la négative (URSS->Russie), on peut ajouter des cas marginaux en pays capitaliste pendant la guerre froide. En France on connaît bien l’exemple d’EDF : centraliser informatiquement tous les paramètres de production, demande attendue, coût, permet de trouver un meilleur optimum. L’investissement planifié à long terme visant ’l’intérêt supérieur de la Nation" assure une éléctricité moins chère et plus fiable que dans le chaos des actionnaires privés, gérant au jours le jour, individuellement ou au moyen d’arrangements de couloirs. Malheureusement en France la guerre froide est finie et EDF est en voie de dépeçage par des capitalistes affamés, qui n’ont plus besoin de mettre une goutte de rationnel dans leur vin. En Chine une restauration capitaliste serait catastrophique comme en URSS, et aurait aussi des répercussions sur toute l’Asie, et jusqu’en Europe.

En Chine, quand on parle de démocratie, il faut bien distinguer les deux voies possibles : Soit une démocratie des travailleurs, qui permettrait de contrôler la bureaucratie avant qu’elle dilapide les acquis et affaiblisse la Chine en liquidant le système collectivisé. Soit au contraire la « démocratie » capitaliste : celle du droit de voter pour des promesses jamais tenues, avec une consitution assurant la prépondérance des intérêts des actionnaires sur ceux de la masse de la population, un système qui mène inévitablement à des guerres impérialistes.

Dans les pays capitalistes les événements de Tienanmen sont présentés comme un mouvement pour une démocratie à la capitaliste. Au début, oui c’est vrai les manifestants étaient surtout des étudiants issus de la bureaucratie, aspirant comme les enfants de Eltsine, à ressembler toujours plus aux enfants de Bush, et autres « élus » dorés issus de la bourgeoisie. Mais les mots d’ordre de démocratie ont résonné à l’oreille des masse laborieuses chinoises, et le mouvement s’est fortement transformé avec la venue d’ouvriers en nombre, qui eux voyaient surtout l’écart entre travailleur et bureaucrate, et réclamaient un contrôle populaire renforcé sur la bureaucratie, sans remettre en cause la collectivisation.

Ce qui est frappant dans les événements de Tienanmen, et qui est rarement mentionné dans les médias des pays capitalistes, c’est que l’armée n’a été envoyée que lorsque les ouvriers se sont mobilisés. Dans un pays communiste ça peut sembler incroyable, mais ça reflète qu’une fraction de la bureaucratie avait plus peur des travailleurs que des étudiants. Il faut le reconnaître aussi, avec toute la sympathie pour les étudiants qui se battent contre le CPE, que les travailleurs ont un puissance bien plus grande, parce qu’ils sont le moteur de l’économie et qu’ils ont plus l’expérience de la vie et des luttes. Mais à Tienanmen comme en France aujourd’hui, les travailleurs savent que la majorité des étudiants, dans ces pays, sont les travaileurs de demain et leurs enfants.

Autre fait marquant à Tienanmen : Les officiers chinois, qui entendaient défendre la Chine communiste ont d’abord refusé d’attaquer les manifestants, dont la majorité était pro-communiste. En effet, c’est défendre le système communiste que de demander qu’il soit géré sous contrôle du peuple et non par des bureaucrates cooptés et privilgégiés. Une fraction de la bureaucratie a pris peur : des troupes plus arriérées ont été appelées de plus loin de Pékin. Le massacre a touché en majorité des ouvriers pro-communistes, ce que les médias occidentaux se gardent bien de mentionner, préferant se limiter à l’image du courageux étudiant se plaçant devant un char. Ca vaut la peine d’étudier les résonances entre Moscou, Pékin,... et Paris.


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