Le problème, c’est que le public fait le raccourci même si ce raccourci n’est pas dans la tête de Zemmour. C’est pour cela qu’un journaliste doit surveiller ses paroles et peser ses mots. La version longue de la déclaration de Zemmour, telle qu’elle aurait dû paraître, c’est qu’en raison du racisme ambiant et d’un ascenseur social en panne, les « noirs et [les] arabes » sont plus nombreux dans les couches déshéritées de la société et donc, qu’ils sont mécaniquement plus représentés dans les problèmes de délinquance prévalant dans ces couches (revente de drogue, etc.). Mais symétriquement, on peut dire aussi, ce qu’on ne dit jamais justement, que les blancs sont plus nombreux dans les couches aisées et donc, qu’ils sont plus représentés dans les problèmes de banditisme et de criminalité prévalant dans ces couches (corruption, évasion fiscale, etc.). Il y a racisme quand une partie de la vérité (cette « vérité » dont se prévalent pourtant les partisans de Zemmour) ne bénéficie pas d’une égalité de traitement. Zemmour dira-t-il en public que « la plupart » des corrompus et évadés fiscaux sont blancs ? Cela aurait été un minimum. Soit Zemmour a le temps de développer une idée nuancée et c’est très bien ; soit il n’a pas le temps et il s’abstient de lancer des propos qui seront évidemment récupérés.