Napoléon Bonaparte, qui n’avait jamais été soucieux de respecter l’habeas de ses cibles, l’avait réclamé aux Anglais pour son compte après les cent jours. Les fondateurs de l’habeas considérèrent que Napoléon avait abusé en s’évadant de l’île d’Elbe, qu’il était du camp qui ne pratiquait pas l’habeas et l’ont alors déporté sur Sainte Hélène sans autre forme de procès.
Concernant Saddam Hussein, Hitler, Mussolini, Kadhafi, Ben Laden, Bagbo, ils ont tendance, même quand ça commence à être chaud pour leurs fesses, à redoubler de fanfaronnades en jusqu’au-boutistes. Chacun promet de rester dans son fort Chabrol jusqu’à la mort.
Du point de vue de ces forcenés, il vaut nettement mieux mourir sous les balles que de mourir à petit feu en prison.
Il est vrai que certains d’entre eux, si on les avait placés quelques semaines en prison, auraient peut-être envisagé de continuer à vivre, d’autant qu’ils bénéficient alors de régimes aux oignons (sans être aussi somptueux qu’à la Bastille toutefois)
Par exemple Saddam aura semblé préférer vivre. Bagbo aussi. Mussolini peut-être aussi. Mais Hitler, je pense qu’il n’aurait jamais accepté.
Il est assez difficile de dire d’avance qui serait volontaire pour vivre plutôt que d’être abattu. Mais ce qui est certain, c’est que si l’on offre un gun aux millions de gens qui sont en prison, des milliers se logeraient une balle dans la tête. On en est tellement sûr qu’on se donne un mal fou pour empêcher un prisonnier de se tuer, surtout avant son exécution officielle, ce serait trop dommage.
L’habeas devrait laisser à toute personne le libre choix d’en finir quand elle en décide.
Empêcher quelqu’un de se suicider c’est être prioritairement attaché au Théâtre qu’on peut tirer de son corps enchaîné et ridiculisé.
Ben Laden se savait être considéré comme terroriste et non comme chef d’Etat. Il savait depuis toujours qu’il pouvait être tué dans la furie d’une bataille. Il savait aussi qu’il n’était plus l’unique cerveau de l’antiaméricanisme, qu’il était considéré comme encombrant par des anciens alliés. Il savait qu’il était mis à prix mort ou vif. Il savait qu’il était considéré (à tort ou à raison) responsable du 11 septembre.
Il savait qu’il pouvait introduire l’idée d’un procès en faisant passer des enregistrements où il se disait innocent. Il n’a pas voulu de procès. Il voulait conserver la situation en l’état et risquer une attaque mortelle d’un instant à l’autre.
Et moi, à sa place au 1er mai, pareil.
Il n’y a que la mort des miens que je n’aurais pas apprécié du tout. Le reste étant presque parfait. J’aurais juste préféré 40 secondes au lieu des 40 minutes.
Là où il est, c’est enfin le calme absolu.
Alors que nous, nous sommes encore dans la salle à secouer son cadavre dans tous les sens pour essayer de le ressusciter tellement nous nous ennuyons déjà.
« Une autre, une autre, une autre ! »