Les propos du premier ministre, très politiciens, sont effectivement un révélateur consternant de la dérive du discours xénophobe de la droite actuelle.
Comme le soulignent l’auteur, et nombre de dirigeants socalistes, on pouvait facilement contester le fond des propos de Mme Joly sans pour cela faire référence à son origine. Imagine t-on un responsable politique de l’opposition indiquer que Mr Fillion n’a probablement pas une culture très ancienne de la tradition européenne, des valeurs européenne pour lui reprocher ses propos sur la dette grecque par exemple ? Imagine t-on un responsable politique critiquer les propos du premier ministre sur la modernisation de l’industrie dans le Limousin, parce que, venant de la Sarthe, il n’a probablement pas une culture de la région ? ou une tradition ouvrière ?
Critiquer les idées d’un responsable politique non sur le fond, mais en raison de son origine est une faute, grave. Et lorsqu’à ces propos se mèlent des relants de xénophobie, on ne peut plus dignement assumer la responsabilité du gouvernement au nom de l’ensemble des français. Le premier ministre a franchi là une ligne jaune. Imagine t-on un seul instant quelle serait la réaction de la classe politique allemande, si le premier ministre de ce pays avait critiqué les propos de Daniel Cohn Bendit sur la non-participation de l’Allemagne aux frappes contre la Lybie, parce que celui-ci a une origine française ?
A vouloir courrir après le FN, l’UMP joue un jeu dangereux. L’exemple de la Hongrie démontre que le passage du nationalisme à l’autoritarisme peut se faire rapidemment, même de nos jours, dans l’Union Européenne. Que François Fillon ait voulu jouer à ce jeu dangereux est profondemment décevant et symptomatique.