Merci pour cet article intéressant. Vous me permettrez cependant de ne pas être entièrement convaincu par vos analyses.
Ce que je trouve le plus intéressant, c’est que ce que vous dites sur l’insécurité et le désir d’émancipation des femmes dans les pays musulmans que vous avez visités. Cela montre assez bien, me semble-t-il, que les problèmes qui peuvent exister dans certains quartiers en France ne sont pas dus principalement à la culture d’origine de ses habitants. Trop souvent, sur AgoraVox et ailleurs, j’ai pu lire ou entendre que les musumans sont enfermés dans une culture immuable et incompatible avec notre merveilleuse démocratie. Votre expérience semble apporter un démenti cinglant à ce genre de préjugés. Il me semble, par exemple, qu’un phénomène comme le port du voile en France traduit moins la persistance d’une tradition archaïque qu’un repli identitaire, qui est lui-même, en grande partie, une réaction face au repli identitaire des « Français de souche ».
Quant à votre conclusion, je pense qu’elle est un peu lacunaire. Certes, la France devrait être un peu plus cohérente et défendre ses idéaux de liberté - notamment par rapport à tous ces dictatures arabes avec lesquels nos dirigeants ont copiné pendant des années. Mais les « valeurs », cela ne suffit pas. Par exemple, le chômage ne va pas reculer miraculeusement parce que la France sera devenue « fière d’elle-même ». Des jeunes - « issus de l’immigration » ou non - qui essaient de créer des entreprises, il y en a tous les jours. Malheureusement, la situation économique est telle qu’un grand nombre de ces entreprises se cassent rapidement la figure. Il faudrait que la France change complètement sa politique économique pour faire reculer le chômage - et l’on verrait alors les problèmes des banlieues pauvres partiellement résolus ou atténués.
Par ailleurs, les valeurs de la France sont multiples et contradictoires. Il y a des valeurs de gauche et des valeurs de droite, des valeurs étatiques et des valeurs libérales, des valeurs libertaires et d’autres autoritaires, etc. Le problème, depuis une trentaine d’années, c’est que la France - ou plutôt ses dirigeants - a laissé de côté les valeurs qui étaient portées par le Conseil National de la Résistance. A leur place, on a érigé un autel pour les dieux Fric, « Concurrence libre et non faussée » (ce qui, dans la novlange actuelle, signifie triomphe des oligopoles), Flexibilité (qui est le nom sympa de la précarité), etc. Si on cassait un peu toutes ces idoles, je suis sûr que les choses iraient déjà beaucoup mieux.