Le commencement de la fin par Fréderic Lordon :
Mais l’essentiel est ailleurs : il est dans le fait que jamais un groupe
d’intérêt aussi puissant que celui qui s’est constitué autour de la
finance lato sensu ne renoncera de lui-même au moindre de ses
privilèges, et que seuls peuvent le mettre à bas la force d’un mouvement
insurrectionnel – puisqu’il est bien clair par ailleurs qu’aucun des
partis de gouvernement nulle part n’a le réel désir de l’attaquer –, ou
bien la puissance dévastatrice d’une catastrophe que son système aura
lui-même engendré. A l’évidence, c’est cette dernière hypothèse qui
tient la corde, et puisqu’elle déploie maintenant ses effets avec la
force de fatalité du tsunami évoqué en ouverture, il ne reste plus qu’à
attendre qu’elle accomplisse pleinement ses virtualités… pour en tirer
le meilleur parti : reconstruire les institutions de la création
monétaire souveraine [11], avec tout ce qu’elle suppose et de possibilités rouvertes et aussi de rigoureux encadrements [12] ;
réinventer des structures bancaires qui à la fois échappent aux prises
d’otage de la banque privée et dépassent la forme « nationalisation »
vers un système socialisé du crédit [13] ; réduire au minimum minimorum la structure des marchés de capitaux pour lui ôter tout pouvoir de nuisance et d’usurpation [14]. Soit, sur les ruines, enfin tout rebâtir.
http://blog.mondediplo.net/2011-08-11-Le-commencement-de-la-fin