Merci pour ce papier, Furax !
Le droit à l’euthanasie présentée comme le « droit de mourir dans la dignité » est un concept que j’ai du mal à saisir. Etre malade, handicapé, dépendant est-il un état indigne ? Etrange point de vue lorsqu’on ne cesse de parler à tout bout de champ des « droits de l’homme ».
Légiférer l’euthanasie (càd légaliser le suicide assisté) fait encore partie de ces exigences un peu infantiles (j’oserais dire d’enfants gâtés) qui attendent tout de l’Etat, jusqu’à réglementer notre vie intérieure et notre intimité, et semble déresponsabiliser l’individu de sa propre existence et de celle de ses proches. C’est assez typique des pays très industrialisés, ultra-consommateurs, globalement repus et blasés. Les anti - dont je suis - vivent les mêmes situations que les pro au sein de leurs familles (quand ce n’est pas soi), nous sommes tous confrontés à la fin de vie, au cancer, au coma et même aux cas extrêmes.
La loi Léonetti est plutôt bien fichue : elle donne un cadre pour lutter contre la souffrance physique et psychique. Les malades (ou leurs proches) peuvent refuser l’acharnement thérapeutique et l’on tend de plus en plus à soulager la douleur. Respecter la vie d’un homme, traiter sa solitude et sa souffrance physique, càd mettre le paquet sur les soins palliatifs et ne pas régler la question au couperet parce qu’un texte de droit l’y autorise. Cela conduit en effet à des situations intenables comme aux Pays-Bas. C’est horrible mais cette façon de raisonner me rappelle la manie que nous avons en Occident de tout jeter à la poubelle quand le produit est mal fichu ou un peu cassé.
Faire une règle générale en dépénalisant, alors que chaque fin de vie est un cas particulier, me semble non seulement dangereux (si l’on devait piquer tous les grands dépressifs qui demandent à mourir ou les vieilles tantes séniles qui détiennent le magot...) mais est éthiquement très contestable. Ne devrions-nous pas plutôt protéger et entourer les plus vulnérables d’entre nous plutôt que s’en débarrasser vite fait bien fait ?
La question n’est bien-sûr pas simple. Mais il s’agit de la vie d’un homme, non d’un produit. Légaliser l’euthanasie serait selon moi une triste régression.