Le sens de l’existence de l’homme entre son libre arbitre et la puissance de la Providence divine. Qui est l’homme ? Qui sommes-nous ?
« Que puis-je dire ? Je ne peux que me soumettre à cette analyse mais voilà, il me faut admettre que le libre arbitre de l’homme est donc tout-à-fait relatif. Du coup il me faut donc admettre que la prédestination prévaut et commande nos actes. » C’est le post d’un ami (1) qu’il m’a envoyé, il y a quelques jours, qui, après avoir lu un article (2) paru sur le Quotidien d’Oran, le jeudi 16 août 2018, s’est interrogé sur le fonctionnement de l’histoire.
Il est vrai que le libre arbitre de l’homme est tout-à-fait relatif. En effet, on remarque que les actes paraissent toujours déterminés lorsqu’on les considère après l’exécution, lorsqu’ils font partie du passé. Mais lorsqu’on les considère dans leur développement même, surtout si on essaie de déduire avant les événements à venir, on s’aperçoit que ce ne sont que des projections hypothétiques que nous pouvons mener mais sans jamais s’assurer de leur réalisation. En clair, l’homme ne peut que conjecturer. H. Bergson appelle « liberté, le rapport du moi concret à l’acte libre qu’il accomplit. » Mais qu’est-ce que le moi ? Sinon tout ce qui fait l’existence dans le temps. Une liberté, une causalité qui est toujours au présent lorsqu’il est. Mais ce moi demeure indéfinissable, on a beau le cerner ce « je », il demeure qu’il y a beaucoup d’inconnu en lui. C. G. Jung appelle l’« ombre » qui personnifie pour le sujet « le côté inconnu, inquiétant, de lui-même, comme un être à la fois étranger et apparenté ».
Mais ces ombres noires, sinistres relèvent de l’existence. Dans le quotidien, l’homme n’est pas toujours objectif, pris par son égoïsme, souvent cette pensée qui pense en lui pense qu’au fond il n’est pas égoïste. C’est simplement sa nature qui est ainsi. Bon quand il est dégagé, mauvais quand le côté négatif de sa nature prend le dessus. Celui qui fait du mal sent-il qu’il fait du mal ? Aussi, comment nous connaître ? Comment prendre prise sur soi, sur notre existant ? Comprendre nos joies, nos angoisses et apprendre à les maîtriser ? Et c’est important pour notre sérénité intérieure, pour lutter contre les projections des autres, contre nos propres problèmes refoulés de l’existence qui remontent à la surface et prennent le pas sur nous. Combien même on est serein, ou paraissant l’être, intérieurement on ne l’est pas et on ne le montre pas. Comment faire pour comprendre ce mal-pensé ? Qui, au fond, quoique l’on dise, est naturel puisqu’il prend en nous, et nous ne pouvions le plus souvent lutter contre. Nous sommes simplement ce que nous sommes, et le monde est ainsi fait.
Un aspect important est de penser que l’homme n’a pas de liberté réelle, au sens propre du mot, puisque le libre arbitre lui est donné par l’Essence. On n’a pas le choix pour définir l’homme autrement que par l’Essence. Il n’est pas homme de lui-même, il a été créé homme. Et cette vérité est très importante parce que si on ne la met pas en avant, en tant qu’elle le définit, l’homme restera toujours un être indéfinissable. On épiloguera longtemps sur le « je » et le moi, mais nous n’arriverons pas au cœur du problème de l’homme.
Dès lors le seul lien tangible qui peut nous exprimer est notre libre arbitre dans notre essence d’être. Il joue un rôle cardinal dans notre existence. Dans un essai sur le libre arbitre, Arthur Schopenhauer enseigne « que l’hypothèse du libre arbitre doit être absolument écartée, et que toutes les actions des hommes sont soumises à la nécessité la plus inflexible, nous l’avons par là même conduit au point où il peut concevoir la véritable liberté morale, qui appartient à un ordre d’idées supérieur.
Il existe, en effet, une autre vérité de fait attestée par la conscience, que j’ai complètement laissée de côté jusqu’ici pour ne pas interrompre le cours de notre étude. Cette vérité consiste dans le sentiment parfaitement clair et sûr de notre responsabilité morale, de l’imputabilité de nos actes à nous-mêmes, sentiment qui repose sur cette conviction inébranlable, que nous sommes nous-mêmes les auteurs de nos actions. Grâce à cette conviction intime, il ne vient à l’esprit de personne, pas même de celui qui est pleinement persuadé de la nécessité de l’enchaînement causal de nos actes, d’alléguer cette nécessité pour se disculper de quelque écart, et de rejeter sa propre faute de lui-même sur les motifs, bien qu’il soit établi que par leur entrée en jeu l’action dût se produire d’une façon inévitable. Car il reconnaît très bien que cette nécessité est soumise à une condition subjective, et qu’objectivement, c’est- à-dire dans les circonstances présentes, par suite sous l’influence des mêmes motifs qui l’ont déterminé, une action toute différente, voire même directement opposée à celle qu’il a faite, était parfaitement possible, et aurait pu être accomplie, pourvu toutefois qu’il eût été un autre : c’est de cela seulement qu’il s’en est fallu. Pour lui-même, parce qu’il est tel et non tel, parce qu’il a tel caractère et non tel autre, une action différente n’était à la vérité pas possible ; mais en elle-même et par suite objectivement, elle était réalisable. Sa responsabilité, que la conscience lui atteste, ne se rapporte donc à l’acte même que médiatement et en apparence : au fond, c’est sur son caractère qu’elle retombe ; c’est de son caractère qu’il se sent responsable. » (3)
Ce qu’énonce Arthur Schopenhauer est assurément une vérité. Tout homme est responsable de ses actes, même si pour lui, subjectivement il dit que son libre arbitre n’est pas engagé, que le choix dans son action relevait de son caractère dont il n’est pas responsable. Cet homme est conçu ainsi, en clair cela relève de ce qu’il est, donc nécessairement ce qu’il est par son essence. Schopenhauer poursuit son analyse : « Et c’est aussi de celui-là seul que les autres hommes le rendent responsable, car les jugements qu’ils portent sur sa conduite rejaillissent aussitôt des actes sur la nature morale de leur auteur. Ne dit-on pas, en présence d’une action blâmable : « Voilà un méchant homme, un scélérat, » ou bien : « C’est un coquin ! » – ou bien : « Quelle âme mesquine, hypocrite, et vile ! » – C’est sous cette forme que s’énoncent nos appréciations, et c’est sur le caractère même que portent tous nos reproches. » (3)
Allons plus loin dans le raisonnement sur l’essence de l’homme. Qu’est-ce qui différentie un méchant homme d’un scélérat ? Ou simplement un honnête homme d’un malhonnête homme ? Nous devons d’abord considérer ce qui meut l’honnête homme et le malhonnête homme, sur le plan de l’essence ? Il est évident que ce sont leurs pensées respectives de ce qu’ils font de leur liberté dans leur existence ou leur libre arbitre qui vont régir leurs actions. Car, dans le fond, le libre arbitre comme leurs pensées qui se différentient, chaque homme a sa propre pensée – on parle ici du contenu de sa pensée et non la pensée elle-même qui n’est que le véhicule du vouloir de l’être. Donc de par son libre choix de faire, d’agir, qui est donné à l’homme par une essence dont il ne sait rien. Qu’E. Kant appelle une causalité puisqu’elle est celle qui « cause tout ». Quels que soient les hommes, ils ne pensent que par leurs tendances dans l’existence, ils pensent donc et agissent de par ce qu’ils sont foncièrement.
Pour avoir une idée de la pensée au travers de laquelle l’homme tire son libre arbitre, il faut d’abord définir l’homme intérieur avec son monde extérieur. Supposons qu’il n’a pas les cinq sens sensoriels, que serait-il l’homme ? Il ne serait rien. Il n’entend pas, il ne voit pas, il ne sent pas. Dès lors même qu’il a une pensée, sa pensée lui est inutile. Il ne peut penser ce qu’il ne voit pas, ce qu’il n’entend pas, ce qu’il ne sait pas. En clair, il existe sans exister. Ou simplement pourquoi il existe seulement pour exister alors qu’il n’a aucune prise ni sur lui-même ni sur le monde extérieur. Le monde qui l’entoure aurait-il un sens ? Le monde animal, chat, tigre, lion, etc., ou le monde végétal, arbres, fleurs, herbes, etc., ou simplement la nature qui l’entoure, le jour avec le soleil, la nuit avec ou sans lune. Et tant de choses du monde extérieur. Le monde extérieur aurait-il un sens ? A quoi servirait-il ? Pourquoi existerait-il ? S’il n’y a pas l’homme qui témoigne de son existence. Le sourd muet aveugle qui a le sens du toucher a besoin des hommes et du milieu dans lequel il est pour prendre conscience de son existence.
On comprend dès lors pour que le monde existe, il a besoin de l’homme. Du moins, cette affirmation vient de la logique de sa raison. Évidemment, le monde peut exister sans l’homme si la Création l’a voulu ainsi. Mais se poserait toujours la question sur la finalité de la Création qui aurait existé à l’infini sans l’homme. Bien entendu, à cette question l’homme n’a pas de réponse. L’homme ne peut savoir l’absolu de l’Essence, i.e. Dieu. Il n’est pas « fait » pour savoir l’Essence par lequel il est. Tout au plus le sentirait-il cette Essence qu’elle existe en lui, et l’homme lui doit sa pensée en terme de véhicule et de contenu et ses cinq sens sensoriels qui communiquent leur contenu à sa pensée qui les traduit pour lui. N’est-ce pas un processus existential par lequel l’homme existe et dont il ne sait rien.
Et même les sens sensoriels dont il est doté sont limités, ils ne lui disent pas tout. Ses yeux, sa vision, ne sont qu’une merveilleuse « machine », un « merveilleux organe biologique optique ». Il ne voit par eux que les fréquences autorisées, i.e. les fréquences visuelles octroyées à l’homme. Il ne voit pas l’infiniment petit. Pour cela il a besoin d’un microscope optique, ou d’un microscope électronique qui fait grossir plus de 100 000 fois l’objet qu’il examine. Et encore cet examen optique est limité, il ne voit pas l’infiniment petit qui n’a pas de limite. De même, il ne voit pas l’infiniment grand. Il ne peut voir ce qui se passe, par exemple, sur la planète Mars, ou sur une autre planète lointaine. Tout au plus il spécule sur des photographies de ces planètes prises au moyen de télescope dont il pousse l’agrandissement à l’extrême, et pourtant ce paradoxe si on peut appeler cette limitation paradoxe, ces moyens techniques que sa pensée lui construit ne lui fait voir que ce qu’il lui est autorisé de voir par l’Essence. D’autant plus que si on fait le compte, les yeux, instrument optique biologique, le microscope optique et électronique et les télescopes les plus perfectionnés qui sont le produit de son intelligence véhiculée par sa pensée, ne lui appartiennent pas en propre, dans le sens de l’« absolu ». Certes, doté de sens et de pensée, l’homme a produit mais lui aussi est le « produit » de quelque Force Infinie créatrice de l’Univers.
Et souvent l’homme ne s’aperçoit pas qu’il est un « miracle » de la Création et dans la Création. Pourquoi ? Parce qu’il a cette capacité unique du moins jusqu’à ce stade de la connaissance de l’histoire de « penser l’univers ». Seul à le penser, ce qui implique que l’homme n’existe pas seulement pour exister, et malgré ses facultés « limitées », et qui lui permettent de les « augmenter », il a aussi à marquer de son empreinte le monde. Une destinée en quelle que sorte ? Un monde qu’il met à son niveau, qu’il y construit selon sa raison. Dès lors, n’est-ce pas que ce qu’il fait entre dans sa destinée d’exister dans ce monde, et qu’il existe une dépendance entre lui et ce monde. Un monde dont il dépend sur tout alors que le monde qui lui est extérieur ne dépend pas de lui. Tout au plus il est dans un certain sens le « miroir » du monde extérieur puisqu’il témoigne de son existence. Le monde n’a d’existence que par l’homme, et l’homme n’a d’existence que par le monde. Deux mondes qui ne font qu’un seul, un miroir de l’un et de l’autre dans un seul miroir.
Allons dans la diversité des hommes. Les hommes qui ont tous une nature humaine identique par la faculté de la pensée qui leur permette de penser, par leurs sens sensoriels, sont-ils un ? Ne sont-ils pas différents les uns des autres ? Par la couleur, la race, la religion, le caractère, la géographie et autres attributs, ils sont donc autre les uns des autres. C’est une loi de la Nature, de la Création. S’ils ont tous la faculté de penser, cela ne signifie pas qu’ils pensent tous de la même façon. Cela doit être ainsi. Il existe certes entre eux des ressemblances, des affinités, de l’affection, de l’amour, de la suspicion aussi, de la haine, de la peur de l’autre, et tant de sentiments complexes et souvent indéfinissables, et ceci dans toute société humaine.
Qu’en est-il de ces différenciations qui sont déterminées essentiellement par leurs pensées au travers desquelles toutes leurs facultés interagissent ? Les hommes ne prénomment-il pas souvent l’ensemble de leur être immatériel, i.e. leurs pensées et les facultés de la pensée, par « âme ». Cependant une âme n’a de sens que si une pensée vit en elle, pense en elle et pour elle. Donc, au-delà de l’âme, il y a toujours la pensée, et c’est elle qui est l’essence de l’âme. Que ce soit la conscience, la volonté, l’intelligence, la raison qui détermine l’action, l’imagination, le sentiment, la passion, l’ambition, l’intelligence, etc., toutes ces facultés humaines et tout ce qui dérive de ces facultés dérivent de la pensée. On est conscient d’une situation difficile, on ne peut le faire que par la pensée. On veut faire quelque chose, on ne peut le faire que par la pensée, de même résoudre un problème par l’intelligence ne se fait que par la pensée, on est attiré par quelqu’un, qu’on l’aime ou qu’on le haïsse, on ne le fait que par la pensée que l’on a de lui et réciproquement. « Faire le bien et éviter le mal ou le contraire ne peut se faire que par la pensée, et encore il faut situer les tendances pour chaque être. » Cependant, la pensée et les cinq sens sensoriels qui nous ouvrent le monde obéissent à un principe de causalité, dont nous ne connaissons ni ne pouvons connaître la Cause initiale, parce que nous sommes « créés » par la « Cause ultime », la « Cause originelle ». Tout être créé, en particulier l’être humain qui est au-dessus de tout parce qu’il dispose de sa pensée pensante peut-il savoir la « Cause absolue de l’univers » ? Il est évident que non. L’univers, les forces de la nature sont déjà bien mystérieux pour l’homme, dès lors « comment peut-il connaître sa cause alors que son être relève de l’Instance suprême, Dieu ? » Par sa pensée dont il est le véhicule et dont il ne sait rien ? Par ses sens qui sont limités et qui lui sont donnés. Et la pensée elle-même, qui est le véhicule de ses passions, ses sentiments, ses ambitions, sa raison, et tant d’autres facultés ou sens qui font sa conscience, sa volonté d’être, peut-elle penser sa cause ? Si la pensée pensait « sa cause » qui l’a fait naître, l’homme l’aurait su. Mais la pensée pensante ne se pense pas, elle est pensée, donc soumise elle aussi à un Principe supérieur.
Dès lors le constat sur la situation de l’existence de l’homme fait ressortir en tant qu’être relevant d’une Cause ultime qu’il est forcément prédéterminé. Que sa liberté, et on entend par là le libre-arbitre de l’homme qu’« il est tout-à-fait relatif », comme l’a écrit mon ami dans son post, et « admettre que la prédestination prévaut et commande nos actes », ne peut être que vraie. Il y a donc sa pensée qui émane d’une Force naturelle commune laquelle cause le tout au sein duquel l’humain est uni au monde. « Cette Force est le principe de toute explication. Elle est elle-même le substratum commun dans tout existant », énonce Schopenhauer.
« Jamais aucune cause au monde ne tire son effet entièrement d’elle-même, c’est-à-dire ne le crée ex nihilo. Il y a toujours une matière sur laquelle elle s’exerce, et elle ne fait qu’occasionner à un moment, en un lieu, et sur un être donné, une modification qui est toujours conforme à la nature de cet être, et dont la possibilité devait donc préexister en lui. Par conséquent chaque effet est la résultante de deux facteurs, un intérieur et un extérieur : l’énergie naturelle et originelle de la matière sur laquelle agit la force en question, et la cause déterminante, qui oblige cette énergie à se réaliser, en passant de la puissance à l’acte.
Cette énergie primitive est présupposée par toute idée de causalité et par toute explication qui s’y rapporte ; aussi une explication de ce genre, quelle qu’elle soit, n’explique jamais tout, mais laisse toujours en dernière analyse quelque chose d’inexplicable. C’est ce que nous constatons à chaque instant dans la physique et la chimie. L’explication des phénomènes, c’est-à-dire des effets, ainsi que les raisonnements qui ramènent ces phénomènes à leur source dernière, présupposent toujours l’existence de certaines forces naturelles. Une force naturelle considérée en elle-même n’est soumise à aucune explication, mais elle est le principe de toute explication. De même, elle n’est non plus soumise en elle-même à aucune causalité, mais elle est précisément ce qui donne à chaque cause la causalité, c’est-à-dire la possibilité de produire son effet. Elle-même est le substratum commun de tous les effets de cette espèce, et est présente dans chacun d’eux. » (3)
Par cet énoncé, on comprend pourquoi Schopenhauer ramène tout à la Cause ultime, qui n’a pas d’explication, et bien que l’homme qu’il interroge lui dise : « Je peux faire ce que je veux. Si je veux aller à gauche, je vais à gauche : si je veux aller à droite, je vais à droite. Cela dépend uniquement de mon bon vouloir : je suis donc libre », il le considère comme non libre. Il nie le libre arbitre. En réalité, l’homme est libre et tout à fait libre, sauf que dans l’« absolu », il ne l’est pas puisqu’il est « dépendant » de ses facultés, des tendances caractérielles, des circonstances et d’un état mental qu’il ne commande pas. Et ceux-ci lui dictent malgré lui son comportement. Par exemple touché par un malheur, l’homme peut se retrouver accablé. Vu sous cet angle, l’homme forcément n’est pas libre puisqu’il dépend à la fois de son intériorité qui dicte sa réaction et de l’extériorité qui l’accable dans le sens qu’elle peut le combler de bonheur, ou par des difficultés voire des maladies, des malheurs fortement l’éprouver dans l’existence ou simplement la monotonie, la routine quotidienne lui enlève la sève, la vitalité du sens de l’existence. Cependant, il doit assumer, et en assumant tout ce qu’il lui arrive, en bien ou en mal, il assume son existence. En clair, il peut être heureux comme il peut se trouver à lutter contre le malheur soit en l’acceptant parce qu’il n’y a pas de possibilité pour le repousser, soit le refuser s’il pouvait s’en défaire.
Une question cependant, dans la réalité du vécu quotidien de l’homme, est-il nécessaire de penser que l’homme n’a pas de libre arbitre d’autant qu’« il n’a point besoin de cette vérité absolue pour exister ? » Et l’absolu est du ressort de l’absolu. Or, l’homme existant ou l’« existant de l’homme » est du ressort de l’existence de tous les jours, minute par minute, seconde par seconde. En clair, il n’a point besoin de philosopher, ou de concept philosophique pour vivre, vivre en sécurité, arriver à gagner sa vie, à assumer pleinement son existence. Et c’est cela qui compte pour l’homme quel qu’il soit, qu’il soit le plus éclairé des hommes ou le plus commun des hommes. Exister dans une vie déjà complexe où l’homme le plus souvent se trouve dépassé par les événements de toutes sortes. Et par le plus élémentaire pour l’homme, et cela a rapport à son existentiel immédiat, il doit arriver à manger, arriver à dormir, en deux mots assurer son existence. Par conséquent, la réponse « à ce besoin de cette vérité absolue pour exister » est évidemment qu’il n’en a pas besoin du tout. Aucunement.
Et le philosophe français Victor Cousin que cite Schopenhauer. « M. Cousin, qui mérite sous ce rapport une mention honorable, puisque dans son Cours d’Histoire de la Philosophie, professé en 1819-1820, et publié par Vacherot, 1841, il enseigne que le libre arbitre est le fait le plus certain dont témoigne la conscience (vol. I, p. 19, 20) ; et il blâme Kant de n’avoir démontré la liberté que par la loi morale, et de l’avoir énoncée comme un postulat, tandis qu’en vérité elle est un fait : « Pourquoi démontrer ce qu’il suffit de constater ? » (Page 50). « La liberté est un fait, et non une croyance. » (Ibid.). (3)
Victor Cousin est surpris que l’on ne voie pas le libre arbitre comme un fait naturel. Et on ne peut que lui donner raison. Cependant, à l’opposé, ce qu’affirme Schopenhauer dans le non libre arbitre n’est pas aussi sans intérêt dans la compréhension de l’homme, et par extension le monde humain. Aussi pensons-nous que nous arrivons aux conclusions des deux visions schopenhauerienne et cousinienne et affirmons que toutes deux ont leur utilité dans le vécu des hommes. Le lecteur pourra juger à la lecture de ce qui suivra si cette assertion est juste ou fausse. Et permet-elle à comprendre l’homme, cet « inconnu » qui à la fois se connaissant et ne se connaissant pas. Ou encore croyant se connaître mais ne se connaît pas parce que son existence est souvent difficile et complexe, lui apparaissant souvent comme une épreuve dans son connaissant. Ce qui signifie qu’il existe et combien même il existe et a existé, il peut passer à côté de l’existence comme s’il n’a pas existé. Une grande majorité des hommes se trouvent dans cette situation, parce qu’ils n’ont été que dans cette immédiateté d’exister. Cependant cette majorité d’hommes, sont-ils responsables de leur situation ? Et qui peut attester qu’ils n’ont pas pensé le sens profond de leur existence ? « Il est certain que l’apparent qui se dégage de cette majorité n’est pas vérité. » Certes, l’éclairé qui se dit éclairé ou pense être plus éclairé que la masse peut le penser que par sa pensée qui le lui fait penser, « mais elle ne peut être vérité parce qu’elle n’est que sa propre vérité, et non la vérité de tous. »
Ceci étant, revenons à la vision schopenhauerienne et à la vision cousinienne, elles ont toutes deux une grande utilité. Pourquoi ? Pour la première, elle fait ressortir le destin d’un homme dans toute la profondeur de ce qui fait l’essence de son existence. Une vision qui montre combien l’homme est libre ou croit être libre, en réalité, il l’est mais toujours assujetti, dirigé en permanence et c’est la raison pour laquelle Schopenhauer écarte absolument le libre arbitre.
Pour la seconde, le libre arbitre est vrai dans l’immédiateté de l’existence. L’homme ne peut être un automate que l’on manipule d’en Haut sans qu’il n’y ait un sens à cette manipulation. Non, il est réellement libre même s’il est « régi » » par le principe de causalité. Emmanuel Kant par son fameux triptyque, « l’espace, le temps et le principe de causalité » n’élude en rien ce qu’on peut appeler le « principe de l’immédiateté pour l’homme d’exister. » Ce qui signifie que l’Essence de Dieu a réellement octroyé un libre arbitre à l’homme, dans l’immédiateté de son existant, qui ne relève pas seulement du principe causal comme le comprend l’homme, mais relève de lui-même en tant qu’être, en tant qu’homme, en tant qu’essence provenant de l’Essence suprême, capable de penser sans savoir d’où lui vient cette pensée, capable donc d’exister, de produire, en dehors de toute contrainte. Sauf que cette liberté par ce lien avec son essence est relative parce qu’elle relève toujours du Principe de causalité suprême, donc de la Cause absolue, i.e. Dieu.
Pour la compréhension du libre arbitre et l’implication de la vision schopenhauerienne et cousinienne sur lui, il est intéressant de se reporter à des faits humains réels, vécus ou simplement s’ils s’étaient réalisées, hypothétiquement parlant, donc autrement, qu’auraient été les conséquences sur l’humanité. Pour cela, reportons-nous au post que mon estimé ami Bensadek Mohammed m’avait envoyé. Que m’écrit-il :
« Pour ce qui concerne le Japon et les explosions atomiques, elles ne sont pas des réflexions ou un produit de ma pensée. Pour l’occupation du Japon, j’ai repris des déclarations des soviétiques - à l’époque de l’URSS - qui ont soutenu cette opinion. Pour preuve, selon eux, ils étaient en mesure d’occuper toute l’Allemagne, et ils ne se sont retirés des territoires déjà pris et une grande partie de Berlin qu’après les accords de Potsdam.
Pour les explosions atomiques, je tiens ces déclarations de citoyens Japonais écorchés par cette ignoble action dont ils gardent un souvenir tenace. J’étais une fois à Hiroshima, voulant demander un renseignement, un Japonais a refusé de me répondre et m’a évité comme quelqu’un qui évite un agresseur. En rentrant le soir à l’hôtel j’ai raconté cela, il m’a été répondu qu’il y a encore une catégorie de Japonais qui refusent de répondre dans la langue de ceux qui les ont humiliés et qui disposent en outre de plus de dix bases militaires dans leur pays et se conduisent comme des conquérants.
Mais en regardant plus globalement je dirais c’est la marche de l’histoire qui est ainsi. Après tout peut-être que ces essais auraient certainement produit plus de dégâts plus tard si l’expérience de l’explosion de Hiroshima n’avait pas eu lieu. Supposons Moscou ou Pékin en pleine guerre froide… » (1)
Dans cette réponse, deux points ressortent. D’abord le refus du Japonais de donner un renseignement « juste pour l’orienter ». Rien à voir avec l’histoire qu’a vécu Hiroshima. On comprend que voir un étranger pour le Japonais d’Hiroshima, c’est lui rappeler la blessure profonde qu’a vécue le Japon, en particulier les habitants de cette ville-martyr. L’holocauste est omniprésent dans leur mémoire.
La population d’Hiroshima en 1945, lors de l’explosion nucléaire au-dessus d’eux, a vécu un enfer sur terre, un enfer à la mesure des apocalypses relatées dans les récits bibliques. Des êtres humains qui s’évaporent en fraction de seconde sous une température se comptant en millions de degrés. Harry Truman dira dans son discours, le jour suivant la destruction d’Hiroshima, le 8 août 1945 : « La bombe atomique permet d’intensifier d’une manière nouvelle et révolutionnaire la destruction du Japon. Sa force relève de la force élémentaire de l’univers, de celle qui alimente le Soleil dans sa puissance. Cette force vient d’être lancée contre ceux qui ont déchaîné la guerre en Extrême-Orient. » (4)
On comprend le silence du Japonais dicté par un libre arbitre « immédiat » qui reflète la conscience de ce souvenir extrêmement éprouvant et unique au monde. Le journal Le monde relate les rares témoignages de victimes des bombardements nucléaires en 1945 et ce que fut leur calvaire physique et moral après l’holocauste. « « Ce que vous voyez aujourd’hui au Musée de la paix n’est rien comparé aux images qui hantent nos mémoires », témoigne Suneo Tsuboi (90 ans), président de l’Association des survivants de la bombe A qui a des groupes dans tout le Japon. Il avait 20 ans ce 6 août 1945 à Hiroshima, et se trouvait à un kilomètre de l’épicentre. Projeté de plusieurs mètres par la déflagration, gravement brûlé au visage et aux bras, Suneo Tsuboi resta quarante jours dans le coma. « Plus je me souviens, plus je souffre »
Mais ces récits sont pour la plupart ceux de médecins, d’écrivains. Avec la disparition des victimes qui ont vécu ces moments atroces (350 000 « atomisés » dont 140 000 sont morts sur le coup ou dans les semaines suivantes) s’évanouit la mémoire des gens ordinaires : les mots sur lesquels ils trébuchent pour dire leur calvaire, la détresse de regards qui semblent un écho au cri du poète atomisé Sankichi Toge, « Rendez-nous notre humanité ! » Certains s’en veulent de ne pas avoir secouru de victimes, d’avoir laissé mourir des enfants dans d’insupportables souffrances ou simplement d’avoir été épargnés, mais l’instinct de vie les poussait à penser d’abord à eux-mêmes…
Keiko Ogawa, qui avait 8 ans en 1945 et se trouvait à 2,5 km de l’épicentre, fut miraculeusement sauvée. « Je me souviendrai toujours de la sensation de la main d’une femme atrocement défigurée qui m’agrippa la cheville implorant que je lui donne de l’eau. »
Hiroshima, avec son mausolée de la Paix à proximité du dôme éventré et calciné de ce qui fut le pavillon pour la promotion des industries locales, l’un des rares vestiges du feu nucléaire, a le culte du souvenir. Elle commémore, mais s’évanouit cette mémoire à vif, « celle des survivants qui est l’écho de la voix des morts », dit Mme Ogawa. »
Ce sont ces souvenirs dans leur violence que s’efforcent de recueillir les « successeurs » : des hommes et des femmes qui ont établi une relation affective avec des hibakusha et s’attachent à transmettre leurs récits et leurs émotions. Le projet a été lancé par la municipalité en 2002 et il y a actuellement 141 « successeurs ». Selon Mme Minako Omatsu (43 ans), qui a eu de longs entretiens avec un atomisé, Masahiro Kunishige (84 ans), « il ne s’agit pas de recueillir des faits mais les sentiments des victimes, la douleur qu’ils ne verbalisent pas : lorsque M. Kunishige a commencé à se confier, ses yeux se sont embués de larmes : il y a là une part d’une vérité indicible de ce qu’il a vécu ». « Plus je me souviens et plus je souffre », dit pour sa part Suneo Tsuboi.
La mort frappa d’un coup. Puis, pour ceux qui survécurent, il y eut les jours et les semaines où il fallut survivre dans les décombres et la pestilence, sans soins – « on apaisait les douleurs des brûlures des victimes avec des tranches de concombre », se souvient Mme Ogawa – et sans eau – c’est en souvenir de ce manque qu’Hiroshima dispose aujourd’hui d’un grand nombre de fontaines et de pièces d’eau. Ensuite vinrent les années au cours desquelles les survivants s’installèrent dans l’attente des symptômes du mal obscur qui était en eux. Une lente agonie : « Nous découvrions que la bombe était dans nos corps », poursuit Mme Ogawa.
« En famille, on n’en parlait pas, et on cachait aux autres que nous étions des atomisés » » (5)
Ce témoignage reflète la souffrance de l’homme dans l’existence qu’il n’a pas choisie, où l’homme et le libre arbitre ne sont rien face aux nécessités du devenir. Il reste toujours cette idée que des hommes meurent et souffrent pour que d’autres vivent. Combien de morts dans des Révolutions populaires pour que des peuples se libèrent et gagnent leur dignité humaine.
Le deuxième point a trait à cette marche de l’histoire si, par exemple, elle ne s’était pas réalisée comme elle le fut en 1945. En clair, si hypothétiquement parlant, elle se serait réalisée autrement. Que serait-il passé dans le monde ? Par exemple, les États-Unis n’avaient pas découvert les effets de la bombe atomique en 1945. Que le Japon ne fut pas nucléarisé, et la guerre évidemment s’est poursuivie dans le Pacifique entre les États-Unis et le Japon. Ce n’est qu’après trois années, au moment où Tokyo, la capitale du Japon, allait être prise comme le fut avant, Berlin, la capitale de l’Allemagne, en avril-juin 1945, « que les essais de la bombe atomique furent concluants en 1948. » Et, à cette date, ce serait certainement les Soviétiques et les Américains qui seraient les puissances occupantes du Japon. N’oublions pas que l’URSS a déclaré la guerre au Japon, le 8 août 1945, conformément aux accords de Yalta. Elle a envahi la Mandchourie occupée par le Japon, le 9 août 1945. Donc le Japon sera pris en étau, par les Soviétiques et les Américains durant trois années (1945-1948).
Si, au moment de la reddition du Japon, les États-Unis procèdent à l’essai d’une bombe atomique, et cet essai est concluant, dès lors, dans les négociations, les Américains seraient forcément en position de force. Donc, malgré que l’URSS disposait de la plus grande armée du monde avec ses plus de 20 000 chars et 20 000 avions, les États-Unis imposeront leurs vues sur le Japon et sur tout le Pacifique. D’autant plus que les États-Unis chercheront à tout prix à endiguer l’influence du communisme sur l’Asie. Le raisonnement américain est simple. Si l’Asie entière est gagnée par le communisme, « que resterait-il à l’Occident ? » Une Europe pour au moins la moitié est déjà sous régime communiste, et l’Afrique, le monde arabe, l’Amérique du Sud ? Déjà l’Afrique est gagnée par des idées anticolonialistes, donc anti-occidentales, elle tombera forcément dans le système politique communiste ou socialiste. Une partie du monde arabe décolonisée rejoindra sûrement le camp socialiste. L’Amérique du Sud, un continent pauvre, exploitée par la finance occidentale, pourrait se retrouver aussi en partie dans le camp socialiste.
Que restera-t-il en fait à l’Occident ? Une petite partie de l’Asie avec les monarchies arabes du Moyen-Orient, et une partie de l’Amérique du Sud. Il est clair que le rapport des forces est déséquilibré et que, en faveur, de l’URSS, « le déséquilibre ne pourra que se creuser mettant inévitablement l’Occident capitaliste en minorité. » Des pays d’Europe de l’Ouest « pourraient » rejoindre le camp communiste. » L’existence même de l’Occident libéral, capitaliste serait en danger. Et ce danger va prendre réellement forme, devenir une réalité pour ainsi dire « intangible », du jour où Mao Zedong, président du parti communiste chinois (PCC), proclame le 1er octobre 1949, la fondation de la république populaire de Chine à Pékin. La proclamation de la RPC change toutes les cartes maîtresses américaines et occidentales, en Asie et dans le monde. L’URSS et la Chine pourraient changer la nature de l’équilibre du monde.
Ce cas de figure énoncé peut-il être un fait de science-fiction ? Non ? Il entre dans les possibilités d’existence si l’Essence du monde l’a ordonné ainsi. Évidemment, on peut toujours dire que cela ne s’est pas opéré ainsi. Et c’est vrai, mais cela pouvait être autrement la configuration du monde, en restant sur le plan des hypothèses. L’essentiel que nous visons, et ce qui est important dans cette hypothèse, « qu’aurait donné une situation pareille pour l’humanité tout entière ? » Et c’est cela qui nous pousse à cette analyse dans la compréhension de la « marche du monde. ».
En supposant que les États-Unis détiennent déjà la bombe atomique, et qu’elle a été essayée avec succès dans un espace du territoire américain tenu secret, et que les autres puissances en l’occurrence l’URSS et la Chine ont même été informées mais les informations sur cette bombe n’ont pas la même valeur que cela devrait être dès lors qu’ils n’ont pas une idée précise des effets apocalyptiques qu’elle peut provoquer. Cela peut paraître à un travail d’intox, action insidieuse par la désinformation.
Forcément, le bras de fer va continuer entre les États-Unis et l’URSS. Mais la victoire de la Chine et la proclamation de la République populaire de Chine va certainement changer les rapports de force. Une occasion pour les dirigeants soviétiques de mettre la pression sur les États-Unis comme ils l’ont fait en imposant un blocus sur Berlin, le 24 juin 1948, en bloquant toutes les voies routières et navigables obligeant Américains, Britanniques et Français à organiser un grand pont aérien pour ravitailler leurs forces militaires et les populations civiles berlinoises. Le seul moyen pour communiquer avec leurs zones d'occupation était la voie des airs.
Bien sûr, les Soviétiques auraient pu empêcher la voie des airs, et évidemment cela aurait déclenché une nouvelle guerre peut-être même mondiale. Ce qu’ils n’ont pas voulu mais ils ne l’ont pas fait pour la simple raison qu’ils ont voulu imposer leurs règles, leur vision du monde pour laquelle tant que les régimes politique capitalistes existaient, ils constituaient un danger pour l’existence de l’Union soviétique. Et évidemment réciproquement. Par conséquent, n’ayant pas connaissance des vrais effets de la bombe puisque le Japon n’a pas été nucléarisé – il n’y a pas eu la destruction d’Hiroshima et de Nagasaki –, et la fin de la Deuxième Guerre n’a pris fin qu’en 1948, dès lors les dirigeants soviétiques avec l’avènement de la Chine populaire, en 1949, vont passer à l’offensive. Se faisant face sur le 38ème parallèle, depuis 1945, et la proclamation de la Corée du Sud et la proclamation de la République populaire démocratique de Corée, en 1948, ils n’hésiteront pas avec les Chinois à pousser à la guerre les deux Corées, en 1950. L’objectif étant surtout de rejeter les États-Unis de la Corée qui leur sert de base avancée pour leurs forces militaires. Donc éjecter les États-Unis permet à l’URSS et à la Chine d’affaiblir les États-Unis qui perdent au triple plan : 1. une place hautement stratégique puisqu’ils sont à la frontière des deux grandes puissances, 2. sur le plan idéologique, 3. l’endiguement du communisme par les États-Unis se transforme en reflux, en recul.
Devant l’échec américain par deux fois durant la guerre, d’abord suite à l’offensive nord-coréenne au début de la guerre, et l’échec de la contre-offensive américaine qui a repris certes des territoires perdus, mais avec l’entrée en force des Chinois dans le conflit, les États-Unis se sont retrouvés bloqués par l’arrivée massive des troupes chinoises. Confrontés à une situation extrêmement difficile, la guerre va en s’exacerbant, les forces coréennes et chinoises peuvent continuer la guerre. Il est certain que le conflit va aller à leur avantage compte tenu de la puissance chinoise et le soutien russe. Seul l’emploi de l’arme atomique qui n’a jamais été essayé contre des forces pourrait changer le sort de la guerre. Et on comprend que demande du général américain Mac Arthur de disposer de bombes atomiques ne trouvera pas d’opposition à la Maison Blanche. Ni Harry Truman, le président américain, ni ses conseillers ne pourront s’opposer, le sort de la guerre en Corée est en jeu.
De plus l’emploi de l’arme atomique va montrer sa suprématie au monde pour au moins quatre raisons. 1. la bombe n’a jamais été essayée, les autres puissances ne connaissent l’importance des destructions qui sont « apocalyptiques » sur des objectifs militaires ou civils réels. 2. la bombe va, pour les États-Unis compte tenu de l’importance de l’éloignement, et la faiblesse en nombre d’hommes alignés dans les forces de combat, s’avérer l’ultime moyen pour l’Amérique de renverser l’équilibre des forces. 3. Montrer la suprématie de l’Amérique face à l’URSS et à la Chine. 4. Eviter d’être éjecté de la Corée du Sud ce qui inévitablement si les États-Unis étaient obligés de quitter la Corée du Sud, de « provoquer un effet domino. » Ils seront éjectés aussi du Japon, et du reste de l’Asie.
Et que demande le général Mac Arthur en nombre de bombes atomiques ? Ce n’est pas deux mais des dizaines si l’on croit certains écrits. Et cela semble logique. La Chine à l’époque avec ses 540 millions de Chinois et son espace géographique, 3ème pays du monde n’est pas le Japon. Dès lors comme dit mon ami Mohammed Bensadek : Après tout peut-être que ces essais auraient certainement produit plus de dégâts plus tard si l’expérience de l’explosion de Hiroshima n’avait pas eu lieu. Supposons Moscou ou Pékin en pleine guerre froide… »
Précisément, le général Mac Arthur, pour briser l’adversaire sino-nord-coréen va certainement nucléariser plusieurs villes chinoises. Avec probablement des millions de Chinois tués. La guerre sera-t-elle finie entre les États-Unis, l’Union soviétique et la Chine ? On n’a même pas besoin d’épiloguer sur ce qui sera avec une attaque nucléaire sur plusieurs villes chinoises. On laissera le lecteur se représenter les dommages ineffaçables qu’aurait entraînés une guerre nucléaires contre la Chine.
Précisément le développement de ce cas de figure de guerre qui n’a été donné que pour dire que la guerre aurait pu se dérouler autrement, avec des conséquences bien plus graves que ne le fut la nucléarisation du Japon. Et si, l’URSS avait aussi découvert l’arme atomique juste après l’emploi de l’arme nucléaire contre la Chine durant la guerre de Corée, que serait-il passé si les Soviétiques avaient transmis le secret de la bombe atomique à la Chine ? On n’a même pas besoin de se représenter le désastre qui pourrait s’ensuivre parce que la Chine n’est pas le Japon. Et la Chine qui aura la bombe, que sera le monde après ce conflit ?
Aussi, nous arrivons à la conclusion du sens du « développement hypothétique sur la guerre de Corée entre 1950 et 1953 » comparativement à ce qui s’est produit réellement. Avec la destruction d’Hiroshima et Nagasaki à trois jours d’intervalle, le 6 et 9 août 1945. Ce qui s’est passé en 1945 donne entièrement raison à la « vision schopenhauerienne du monde humain ». Dans le sens absolu, le libre arbitre de l’homme n’existe pas parce que le monde est en dernier ressort « fait » par l’Essence, et donc par Dieu. Et le libre arbitre octroyé à l’homme est certes une réalité sinon il n’y aurait pas eu de sens pour lui dans son existence, cependant le libre arbitre n’opère que « dans l’immédiateté du temps ». Une immédiateté temporelle qui est flexible, mais toujours courte et en rapport avec la capacité « limitée de l’homme de saisir son devenir. » L’homme peut connaître les lois de la nature pour s’en servir, peut viser des valeurs, peut être responsable de son devenir, mais sur ce dernier point il ne peut l’être totalement pour la simple raison que s’il avait les moyens, il aurait détruit tout obstacle qui se serait dressé sur son chemin. L’Afrique et une grande partie de l’Asie (Inde, Mandchourie, Indochine, Corée...) n’ont-elles pas été colonisées par le fer et le sang ?
Et c’est précisément là qu’entrent la Loi de la Nécessité et la Loi de la Causalité. Rien ne vient sans cause sauf Dieu qui est Un et Cause suprême de tout. Par conséquent, on peut se poser la question pourquoi avoir comparé l’hypothétique cas de guerre qui a été développé et la réalité qui s’est produite en août 1945, et qui n’a visé que la nucléarisation de Hiroshima et Nagasaki. Donc seul le Japon fut touché et de surcroît était fortement affaibli, et faisait face, en août 1945, à deux grandes puissances, l’Union soviétique et les États-Unis. Il est évident au regard de la destruction apocalyptique qui a touché le Japon, et qu’en dernier ressort c’est l’Essence suprême qui régit l’humanité entière et par laquelle l’humanité doit son existence, et comme les textes bibliques tant la bible hébraïque et chrétienne et l’Islam l’affirment, la seule explication vient du glaive et de la bonté de la Providence. Il n’y a pas, sur le plan « absolu », d’explication par l’homme ni par l’histoire de la nucléarisation d’Hiroshima et de Nagasaki. Il est certain que, si la situation avait évolué autrement, que les États-Unis auraient découvert la bombe quelques années plus tard, le Japon avait déjà capitulé, et la bombe n’avait jamais été essayée, une guerre nucléaire à grande échelle aurait certainement survenu. Pour la simple raison qu’il n’y aurait pas de solution après la fin de la guerre. Les États-Unis voudront endiguer le communisme, c’était une question de survie pour l’Occident libéral, une guerre nucléaire à grande échelle aurait été inévitable.
Et c’est la raison pour laquelle on fait référence à la métaphysique de l’existence, que l’on met en avant le « glaive et la bonté de la Providence », qui est une réalité sauf que l’on ne s’aperçoit pas surtout pour ceux qui ne croient pas à l’existence de Dieu, et croit que le monde est régi par lui-même, sans cause. En clair, le sacrifice de deux villes japonaises ont sauvé l’humanité d’une guerre apocalyptique encore plus néfaste.
Pour ne citer qu’un témoignage récent et extrêmement fort, les États-Unis étaient à deux doigts de la guerre avec la Corée du Nord, en 2017. Le président américain Donald Trump et le président nord-coréen Kim Jon-un multipliaient les provocations, et agitaient la menace nucléaire. Trump comparait la taille de son « bouton nucléaire » avec celui de Kim Jong-un. Une guerre si elle s’était déclarée aurait embrasé quatre pays, les deux Corées, le Japon et les États-Unis. Après avoir procédé aux essais nucléaires de la bombe A et la bombe H, et testé ses missiles intercontinentaux, s’assurant qu’il pouvait toucher n’importe quel point du territoire américain, Kim Jong-un a ensuite fait volte-face, et change totalement de politique. Il ouvre la Corée du Nord à la Corée du Sud, rencontre le président sud-coréen Moon Jae-in, le 27 avril 2018, et le président américain le 12 juin 2018. Le président Moon Jae-in se rend à Pyongyang le 19 septembre 2018. Aujourd’hui, Kim Jong-un demande de nouveau un sommet avec Donald Trump.
Une voie de la sagesse ? Un prodige ce changement à 180 degrés de la politique du leader nord-coréen ? Bien sûr, sur le plan causal, c’est la crainte d’une guerre apocalyptique pour la Corée du Nord. Bien que la Corée du Nord pourra toucher e territoire américain, sud-coréen et japonais, il est certain que Kim Jong-un emportera son pays, son peuple dans l’apocalypse nucléaire. La Corée du Nord cessera d’exister, elle sera non seulement nucléarisée mais englobée définitivement dans une seule Corée avec cette qu’ont eu les habitants d’Hiroshima et Nagasaki. Probablement, les États-Unis seront touchés, le Japon aussi et la Corée du Sud aussi. Mais que sera la Corée du Nord ? Et une guerre extrêmement catastrophique pour la Chine et la Russie, et leur aura qui a tout perdu en Asie et dans le monde, pour n’avoir pas évité une apocalypse nucléaire sur l’Amérique et une partie de l’Asie.
Et on comprend en fin de compte que la volte-face de Kim Jong-un revient à l’Essence. « A la bonté de la Providence qui a éclairé la « pensée » du dirigeant nord-coréen d’aller vers une solution pacifique. » Hiroshima et Nagasaki détruites à trois jours d’intervalle et, à l’époque sans armes nucléaires mégatonniques, la bombe H, sont encore là pour montrer ce qui en coûterait une guerre nucléaire.
Ainsi on comprend que rien ne vient au hasard dans le monde, et tout ce qui arrive à l’homme a une raison, une cause. Comme d’ailleurs mon ami qui m’écrit et me dit : « Le libre arbitre. Telle est la question. Je n’ose pas entrer dans les méandres intellectuels philosophiques, je risque de me perdre et ne pas en sortir. Tout de même je suis tenté de dire en rejoignant Schopenhauer que le libre arbitre n’existe pas ou du moins s’il existe il est dirigé ou administré.
Je cite ici le verset 30 de la sourate « el baqara » (la vache), 87ème sourate dans l’ordre chronologique. Elle a été révélée le lendemain de l’Hégire et qui dit :
Lorsque Ton Seigneur confia aux anges : « Je vais établir sur la terre un vicaire « Khalifa ». Ils dirent : « Vas-Tu y désigner un qui y mettra le désordre et répandra le sang, quand nous sommes là à Te sanctifier et à Te glorifier ? » - Il dit : « En vérité, Je sais ce que vous ne savez pas ! ».
Si je comprends, cela veut dire que le Seigneur a créé un être à qui il a donné des attributions (peut-être aussi des missions) et les anges ignorent le pourquoi de cette création puisqu’ils pressentent déjà que cet être « mettra du désordre et répandra le sang… » Mais le Seigneur, lui, sait pourquoi il l’a créé. Par ailleurs cet être est établi sur la terre en tant que vicaire (khalifa) c’est-à-dire une sorte de délégué. C’est peut-être là qu’une partie du libre arbitre lui est attribué. C’est un peu comme une délégation de signature !
Et là je ne vois pas comment extraire ce qui est du ressort du Seigneur et ce qui est de son khalifa. » (6)
Je lui répondis : « En vérité, il n’y a rien à extraire ni de l’homme et encore moins du Seigneur. L’homme n’est qu’un être créé par Dieu et il peuple la terre. Cela lui est donné par l’Essence, et c’est la raison pour laquelle combien même il est libre et capable de tous les faits bons ou mauvais, dans son existence propre ou existence collective, il est sans le savoir, ou plutôt il sait et souvent il refuse et n’arrive pas de saisir qu’il est toujours relié, assujetti à la puissance divine. Qu’il existe et tout ce qu’il fait, qu’il réussisse ou non, individuellement ou collectivement, il dépend de Dieu. Et l’essence qui le témoigne d’une manière certaine, sans aucune ambiguïté, est sa pensée que son corps véhicule, et elle aussi véhicule son contenu pour l’homme, est qu’est-elle ? D’où vient-elle ? La seule réponse qui vient de soi suffit à lui dire qu’il est relié à la Cause suprême du monde, à la Cause Créatrice de l’univers. Évidemment, il faudrait que l’homme soit suffisamment « inspiré » pour accepter ce lien métaphysique, et comprendre ce processus existentiel et existential.
Voilà la réponse appropriée qu’il faut penser pour l’accepter ou... la refuser. Et tout jugement sur l’essence dépend de cette disponibilité de l’esprit de l’homme à analyser et par ce biais à s’analyser soi-même. Pourquoi ? Pour la simple raison, dans le cas de la métaphysique de l’être, surtout dans son existential si l’on puisse dire, l’homme qui lit ce texte ne juge pas son auteur mais se juge soi-même. Parce qu’il s’adresse à son essence d’être et s’il est en conformité avec ce que lui souffle sa pensée à travers ses facultés, ses états d’âme qui englobent tout de lui. L’acceptation ou le refus de cette affirmation sur l’essence ne sera que sa réponse sur son propre esprit, et non sur celui de l’auteur de ses lignes. Ici l’auteur ne cherche pas à s’absoudre s’il énonce quelque fausse vérité mais simplement même fausse soit-elle ne libère pas celui qui y réfléchit à l’exclusion de l’auteur puisque c’est sa propre pensée qui l’énonce.
Un événement intéressant que l’auteur relate et traite d’une certaine manière de la Providence divine. « L’auteur a vécu a vécu à Oran, la deuxième ville d’Algérie, une certaine période de sa vie. Ensuite il a habité à Alger. Donc, habitant à l’époque Alger, il m’arrivait périodiquement de me rendre à Oran pour me recueillir au cimetière, sur les tombes de mes parents. Habituellement, je passais une nuit à Oran, et ce n’est que le lendemain que je retournais à Alger. Un jour, après la visite du cimetière, n’ayant rien à faire l’après-midi, je suis sorti de l’hôtel et j’ai traîné en ville. Habituellement, après le cimetière, je donne toujours l’aumône aux pauvres. Une somme assez importante faut-il souligner. Ce jour-là, je me trouvais dans la rue de la Bastille, une rue très fréquentée par la population parce qu’elle était commerçante. On trouvait de tout. Boucheries, marchands de légumes et de fruits, de magasins d’ustensiles de cuisine, etc. Alors que je m’apprêtais à distribuer une partie de l’argent, tout d’un coup j’eus des pensées étranges sur le sens de la charité des pauvres. Je me retrouvais à deviser en moi-même pourquoi donner de l’argent aux pauvres et qu’apporterais-je à ces pauvres ? Quelques milliers de dinars ? Est-ce important ce que je donnerais ? Suis-je réellement charitable ? Et ainsi de suite, et je doutais réellement sur l’acte de charité. Et pendant que je pensais, tout d’un coup, toujours au niveau de cette rue, et parmi les gens, je fus brusquement bousculé par des jeunes qui se disputaient. Je ne fis pas attention, en somme ce n’était pas grave, juste une petite bousculade. Continuant à marcher, mettant ma main dans ma poche, puis instinctivement regardant l’autre poche, stupeur, l’argent que j’avais a disparu.
Je n’avais plus d’argent, heureusement les papiers d’identité n’avaient pas disparu. C’était encore l’après-midi, la poste centrale juste à côté était encore ouverte. J’ai fait la chaîne, et j’ai tiré un chèque. Cette mésaventure m’apprit une leçon. Doutant de l’acte de charité, l’Essence m’a simplement montré que je devais le faire, et ne devais pas déroger à cette règle humaine. Au fond, me suis-je dis, si des jeunes m’ont volé, c’est qu’ils étaient dans le besoin. On ne peut voler sans cause. Le principe de causalité est partout. Tout acte, toute chose qui est mue a une cause. Rien ne vient du Néant. Au final, la Providence divine m’a intimé à faire la charité. Je l’ai fait autrement, avec cependant cette pensée de douter de l’acte de charité qui était blâmable. Cette pensée de moi qui relève de mon propre arbitre faut-il souligner que la Providence a corrigé m’a donné un plus dans le sens de mon existence.
Et tout homme peut regarder par sa conscience de son passé s’il n’a pas commis un acte blâmable et que la Providence divine a puni. En constatant sa vie, son existence, en constatant un acte blâmable passé, et en prenant conscience qu’il a été sanctionné par l’Essence divine, l’homme ne saurait se sentir coupable et même peut se sentir absous pour au moins quatre raisons. 1. Il est un être créé faible, et par son libre arbitre, il se trouve écartelé entre le bien et le mal, 2. Même le mal il ne le sait pas exactement parce qu’il peut le commettre sans en prendre conscience. Par égoïsme, par des pensées négatives qui lui viennent à l’esprit. 3. Par ignorance qu’il fait le mal. 4. Et il a payé dans un certain sens son mal. Et cela aurait pu être plus grave, si, par exemple, il avait été agressé avec violence.
Précisément, si la Providence intervient, et qu’il en prenne conscience, il est presque pour ainsi dire racheté. En clair il n’a pas fait le mal pour le mal. Cependant, l’homme souvent crée chez ses semblables de grandes souffrances et même à lui-même s’il ne maîtrise pas ses pulsions, son libre arbitre. Par exemple, une ambition démesurée, une jalousie maladive, un rejet affectif de l’autre et d’autres maux pathologiques de la personnalité humaine peuvent occasionner des angoisses telles qu’elles peuvent finir par de graves séquelles, voire même l’irréparable. Une dépression, un suicide, un meurtre, etc. Là aussi, on peut penser que la Providence n’a pas intervenu. En réalité, non. Ce qui a résulté et aussi grave que l’acte a été, il n’a été rétribué qu’en regard de la gravité de la situation humaine. Par exemple, si un homme ou une femme se suicide, et certainement pour des raisons affectives, c’est qu’il est arrivé à un état mental où il n’était plus viable. Son existence lui était indifférente, même l’acte de violence qu’il allait commettre lui importait peu. Une insensibilité s’était générée en lui, sa mort était une délivrance. Il ne pouvait vivre. L’homme normal qui verrait un tel acte, dira qu’il était fou. Précisément le suicidé était devenu dans un certain sens fou. Dans son acte avec la mort, se tirer une balle dans la tête, ou se jeter sous un train, pour lui cela n’était pas un problème. Sa conscience était embrumée, sa pensée ne fonctionne que pour cet acte-là, « comme s’il était programmé pour ça. » Comme l’homme normal est lui aussi d’une certaine façon programmé mais détenant néanmoins un libre arbitre pour tenir à la vie, pour aimer la vie jusqu’à la dernière seconde de son existence. Mais la Providence divine aura toujours à décider en dernier ressort dans sa vie, sur son destin.
Pour l’exemple, prenons l’événement qui a survenu en France, au début de ce mois de septembre. Dans un article d’Europe 1, on lit :
« Une jeune femme de 30 ans a été percutée par une rame du RER D en gare de Combs-la-Ville, en Seine-et-Marne, lundi, selon « Le Parisien ». Elle s'était jetée sur les voies avec son bébé dans les bras.
Une jeune femme de 30 ans s'est jetée lundi matin, son bébé dans les bras, sur les voies à l'entrée d'un train de la ligne R en gare de Combs-la-Ville, en Seine-et-Marne, rapporte Le Parisien. La mère et l'enfant sont morts.
La victime avait accompagné son fils aîné à l'école. Vers 10h30 lundi, alors qu'un train entrait en gare, une jeune femme de 30 ans s'est jetée sur la voie ferrée avec son bébé probablement âgé d'un mois dans les bras. Percutés par la rame, la mère et l'enfant sont morts sur le coup, selon Le Parisien. Selon les premiers éléments de l'enquête, la thèse du suicide est privilégiée. « La famille est nouvellement arrivée dans la commune », a indiqué Guy Geoffroy, le maire de Combs-la-Ville. « La victime a d’ailleurs accompagné son fils aîné à l’école pour qu’il fasse sa rentrée. »
Une enquête ouverte. La gare de Combs-la-Ville a été fermée et la circulation interrompue sur la ligne R entre les gares de Villeneuve-Saint-Georges et Melun pendant une partie de la journée. L'enquête a été confiée au commissariat de Moissy-Cramayel. Il s'agirait d'un geste désespéré après une « dépression amoureuse », selon une source proche de l'enquête consultée par Le Parisien. (7)
Que peut-on dire de cet acte de suicide ? Qu’il a été prémédité, minutieusement programmé ? Est-ce elle qui l’a programmé. La cause, elle est donnée, le geste désespéré d’une femme touchée gravement sur le plan affectif. Son libre arbitre était-il conscient ? Non. Il était inconscient. Non. Se rappeler un ancien collègue de travail qui se confiait à moi, en me disant qu’il lui arrivait de parcourir 100 à 200 kms sans conscience. Ce n’est qu’arrivé à une ville ou à un endroit de la route qu’il reprenait conscience, et qu’il se demandait ce qu’il faisait dans ces lieux. Et cela lui est arrivé plusieurs fois. Je comprenais mon collègue mais je n’avais aucune réponse à lui fournir. Cela se passait dans les années 1980.
Dans une analyse qui a été publiée en 2017, j’avais scindé le libre arbitre en deux libres arbitres conscient et inconscient. Et j’avais écrit à ce sujet : « S’il avait un avion personnel, ce camarade aurait pu décoller et atterrir dans une autre ville. Qu’il se réveille en vol, ou qu’il atterrisse sans encombre dans une ville, importe peu. Il a tout simplement été transporté lui et son avion, comme cela fut pour lui et sa voiture, se transportant vers une destination dont il n’avait pas conscience. Que peut-on dire de ce libre-arbitre agissant mais inconscient ? Beaucoup de phénomènes humains ne sont pas expliqués, et c’est tout à fait normal, l’homme est par une pensée dont il ne sait rien. D’où elle vient ? Aucune réponse sinon qu’elle est en lui, et qu’il est par elle. Tout ce qu’il sait est qu’il pense. Donc qu’il agit en pensant consciemment, disposant d’un libre-arbitre conscient, ou inconsciemment puisqu’il agit aussi, demeure qu’il est dépendant de l’Intelligence, de la Raison universelle qui Gouverne le monde, qui Décide du monde. Qu’il le sait ou non, c’est Elle, en dernier ressort, qui Décide qu’il soit ou non dans l’existence. En d’autres termes, il peut être agissant conscient ou sans en être conscient. » (8)
Sauf que mon camarade de travail s’est réveillé de son libre arbitre inconscient mais la suicidée de la Seine-et-Marne ne s’est pas réveillée. Elle est morte avec son bébé. En réalité, elle n’est pas morte. Elle est morte pour nous, les êtres humains. Elle n’est pas morte pour l’Essence. Les « Éclairés » diront qu’elle et son bébé ont été rappelés à Dieu. En quelque sorte, elle a terminé sa « mission » sur terre.
En clair, doit-on dire du suicidé potentiel qui refusait de vivre ou de l’humain qui veut vivre, que tout relève de l’Intelligence universelle, la Raison universelle ou la Providence divine. Ce sont les mêmes mots qui représentent la Cause ultime ou Dieu dont nous provenons. Il faut simplement réfléchir que nous ne sommes pas seuls même si nous étions seuls sur Mars, ou sur la Lune. Nous sommes toujours accompagnés sans qu’on le sache, sans que l’on ne prenne conscience, ou si on prend conscience, on doit comprendre, apprécier le sens du « miracle qu’est la vie ». Et sorti du néant nous retournons au néant, n’est pas le néant que nous croyons.
Enfin, pour terminer, nous arrivons à la conclusion finale. Qui est l’homme ? Qui sommes-nous ? Dans le sens intrinsèque de ce qui relève de nous sur notre présence sur terre. Pourquoi existons-nous ? Pour saisir notre sens, le sens de nos vies, de notre essence, prenons une personne, par exemple, qui commente un article, et elle le fait sous un pseudo, donc anonymement. Que fait-elle ? Personne ne l’a obligé de commenter un article quel qu’il soit de n’importe quel journal du monde. Et le journal, qu’est-ce que c’est ? Sinon le journal de nos vies, de nos existences sur terre pris dans le sens global des hommes, des humains sur terre et dans l’univers que nous ne connaissons qu’une petite partie mais lui nous connaît sans qu’on le sache. Qu’a fait cet homme qui a commenté cet article ? Pourtant, il n’était pas obligé, « et il n’a rien à gagner, il ne fait que donner son opinion, il peut même entrer en conflit avec un autre commentateur qui lui répond dans les commentaires du journal, et ceux-ci peuvent procurer du bien comme procurer une gêne, parfois un tourment, une angoisse. Le pseudo ne le protège pas de l’autre et réciproquement. »
Leur souci est de comprendre, comme le dit mon ami Mohammed Bensadek, dans un écrit : « Je ne peux pas refuser et je n’ai rien à gagner aussi pour le faire. Mon souci est de comprendre dans le cadre de la curiosité humaine. Comprendre, comme on dit, le comment du pourquoi la chose... » Oui, il ne peut pas refuser parce qu’il est lié, lui aussi est cette essence de l’univers. Il ne sait pas qu’il participe à l’univers. Tout être humain par sa présence sur terre participe à l’univers. La moindre chose que fait notre essence participe à l’univers. Écrire sous un pseudo ou non participe aussi à cet univers.
Un autre événement. « Je me rappelle, une fois je marchais dans une ville de la Russie, c’était dans les années 1970. J’étais étudiant à Pouchkine, une petite ville non loin de l’ex-Leningrad, aujourd’hui renommée Saint-Pétersbourg. C’était le week-end, et j’étais à Saint-Pétersbourg. Avec un ami qui était algérien comme moi, on se promenait dans la principale avenue de la ville. Elle s’appelait Nevcki Prospect, appellation en russe dont le son est écrit en français. Une belle avenue avec ses trottoirs larges et très propres. Pas un morceau de papier, détritus ou autre, sur le trottoir. Je marchais tout en fumant. A un certain moment, j’ai jeté le bout de cigarette par terre. Et il y avait relativement du monde sur cette avenue. Quand brusquement, une femme avec chapka et manteau, c’était l’hiver, m’interpelle. Elle passait au moment même où j’avais jeté le mégot de cigarette. Elle me dit en russe que j’écris les sons de ces mots en français : « Vosmitié, pajalst, vach sygaret ». I.e. « Reprenez votre cigarette ! ». Je crois qu’elle avait dit ou j’appelle la police – en Russie, la police, c’était la milicia. J’ai haussé les épaules, et avons continué notre chemin. Dans mon intérieur, je me disais que la femme était un peu folle. On n’a pas idée d’interpeler les gens pour un mégot de cigarettes, et encore jeté dans la rue. Pourtant, le trottoir était large, très propre, et des poubelles métalliques partout accrochées sur l’avenue. »
Aujourd’hui que je réfléchis à cet épisode, que pourrais-je conclure sur ces mots qu’elle m’a lancés, ce reproche qu’elle m’a fait ? C’est simple la réponse parle d’elle-même, cette dame n’était pas folle comme je le crus. Au contraire, elle était propre. Et par cette propreté humaine, elle participait à l’univers. Le sens de ces mots c’est un peu à travers elle que l’univers parlait, et m’enjoignais de laisser propre le trottoir, qui est une parcelle de l’univers. L’univers se construit aussi par elle. Un infime geste de l’homme participe à l’univers. Cela doit être ainsi sauf que nous ne le savons très peu. Que mon ami Mohammed m’enjoigne de lire :
« Et on comprend pourquoi il est écrit dans le verset 50 de la sourate Qaf : « Nous avons effectivement créé l'homme et Nous savons ce que son âme lui suggère et Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire. » »
L’homme relève de l’Essence. Par conséquent, qui est l’homme ? Qui sommes-nous ? Nous sommes l’univers par notre essence, une partie de cet univers, et l’univers est en nous et par nous dans notre essence. L’univers constitue le tout. Ce tout est nous, et ce nous est l’univers. L’homme ne pense que par l’univers et l’univers pense par lui combien même l’homme n’en est qu’un microcosme. Et la Providence divine est au-dessus de nous, parce que c’est Elle qui a pensé ce monde, créé ce monde.
Nous sommes comme les éléments de l’atome qu’est ce monde. Nous ne sommes pas le noyau mais des éléments qui participent à la construction, à l’existence de l’univers combien même nous sommes infinitésimalement petits dans ce monde. Et nous participons en existant dans ce infinitésimalement grand, cet univers. Telle peut être la réponse à nos questions sur le sens métaphysique de notre être. L’homme ne peut détenir la vérité absolue, mais il a ce pouvoir de savoir à son échelle et à l’échelle du tout mais toujours à ce qui lui est donné de savoir.
Medjdoub Hamed
Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale,
Relations internationales et Prospective
www.sens-du-monde.com
Notes :
1. Message reçu de Mohammed Bensadek, ami et ancien collègue qui porte un grand intérêt à la géopolitique et au devenir mondial
2. « L’arme qui a changé l’histoire. Pourquoi l’« apocalypse nucléaire », malgré Hiroshima et Nagasaki, n’est pas du ressort de l’homme ? », par Medjdoub hamed. Le 25 août 2018
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-arme-qui-a-change-l-histoire-207098
www.lequotidien-oran.com
3. « Essai sur le libre arbitre », Arthur Schopenhauer. Traduction de Salomon Reinach (1894)
4. « Discours de Harry Truman – 7 août 1945 »
http://lesgrandsdiscours.antipodia.re/discours_choisis/discours-de-harry-truman-7-aout-1945/
5. « Hiroshima : le combat des « hibakusha » contre l’oubli », par le journal Le Monde. Le 05.08. 2015
https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2015/08/05/hiroshima-le-combat-des-hibakusha-contre-l-oubli_4712659_3216.html
6. Deuxième message de Mohammed Bensadek
7. « Seine-et-Marne : une jeune femme se jette sous un train avec son bébé »,
par Europe 1. Le 04 septembre 2018
http://www.europe1.fr/faits-divers/seine-et-marne-une-jeune-femme-se-jette-sous-un-train-avec-son-bebe-3746801
8. « Entre liberté et destin, le libre-arbitre conscient et inconscient de l’homme ? Une guerre nucléaire entre les USA et la Corée du Nord ? », par Medjdoub Hamed. Le 23 juin 2017
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/entre-liberte-et-destin-le-libre-194379
www.lequotidien-oran.com
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