Les dirigeants américains sont-ils les ennemis de Bachar el-Assad ?
Le peuple syrien vient de se faire massacrer dans une relative indifférence pendant dix ans. Nous parlons de « massacres » parce qu’il y a eu plus de 380 000 morts mais aussi 6 millions d’exilés et 6 millions de déplacés à l’intérieur de la Syrie pour une population totale de 21 millions de syriens. Nous parlons d’une « relative indifférence » parce que face à ce désastre des campagnes de soutien auraient dues être menées dans tous les pays pour que des armes lourdes soient envoyées à la population afin qu’elle se défende, seule solution pour que ces massacres cessent. Pourquoi cette relative indifférence ? Parce que ce qu’il est convenu d’appeler « la gauche » au niveau international a, en fait plus qu’en paroles, soutenu le dictateur Bachar el-Assad lequel a voulu s’accrocher au pouvoir et mâter son peuple qui se révoltait. Pour être plus précis, cette gauche a cumulé le pacifisme bêlant et le soutien à un bloc anti-impérialiste. Il s’agissait, au nom du soutien à un bloc dans lequel se trouvait la Syrie, de soutenir en fait le dictateur de la Syrie.
Cette gauche issue essentiellement des anciens partis communistes jadis inféodés au pouvoir du Kremlin a déjà eu par le passé une lourde responsabilité en couvrant les massacres de Staline, de Mao, de Pol Pot. C’était toujours au nom de la lutte contre l’impérialisme que cette gauche s’était ainsi compromise en apportant sa caution aux pires horreurs. Mais, il y avait alors une petite circonstance atténuante. Les régimes de Staline, de Mao, de Pol Pot avaient exproprié le capital et ils organisaient une économie avec un mode de collectivisme plus ou moins rigide, plus ou moins critiquable mais il y avait assurément une socialisation de la production. Cela était insupportable pour les défenseurs du capitalisme qui ont toujours exprimé leur haine farouche contre ce type de fonctionnement de l’économie. Ce n’était certes pas une raison pour justifier tant d’horreurs, au nom du combat contre l’impérialisme, mais il y avait un semblant de logique à parler d’anti-impérialisme.
Pour ce que nous venons de voir pendant 10 ans en Syrie, cette « gauche » n’a même pas cette excuse. La dictature des el-Assad père et fils n’avait strictement rien à voir avec l’expropriation du capital, avec une économie un tant soit peu collectiviste. Elle n’avait aucun rapport, de ce point de vue, avec ce qui existe en ce moment en Iran ni même avec ce qui s’était mis en place avec Mossadegh.
Cette « gauche », regroupe les anciens PC et les organisations adeptes du Castro-Chavisme. En France étaient ainsi notamment concernés le PC, la FI et le PRCF. Le soutien que ces organisations apportent n’est pas toujours clairement affiché. Jean-Luc Mélenchon, par exemple, soutien surtout Vladimir Poutine qui est allié à Bachar el-Assad. Lorsqu’on l’interrogeait sur les bombardements russes ciblant délibérément les rebelles hostiles à Bachar al-Assad plutôt que les forces de Daech, il répondait simplement que c’était faux. Il s'agissait bien en fait d'un soutien à el-Assad. D’autres organisations « de gauche » comme le PS et les Verts ont apporté leur appui aux « représailles humanitaires » des américains. Nous préciserons cela par la suite.
Au nom de quels principes toutes ces organisations ont justifié cet appui au sanguinaire dictateur Bachar el-Assad ? Elles ont, comme par le passé, invoqué la nécessité de combattre l’impérialisme comme si Bachar el-Assad n’en était pas un pur représentant. Mais non ! Ils n’ont pas voulu l’entendre ainsi. Ils ont décidé que le monde est divisé en deux blocs : un bloc pro-impérialiste (les méchants) et un bloc anti-impérialiste (les gentils). Le vocabulaire employé pour désigner ces deux camps varie selon les organisations concernées et les circonstances mais on retrouve toujours cette idée de deux blocs. Dans le camp des méchants, se trouve bien évidemment en tête l’Amérique suivie par ses alliés : l’Arabie Saoudite, la France, le Royaume Uni et toutes les forces de l’OTAN ainsi bien évidemment qu’Israël. Dans le camp des gentils, on trouve tous ceux qui s’opposent dans cette région à Israël et aux USA c’est-à-dire la Syrie, la Russie, l’Iran. Je vous laisse compléter ces deux listes à votre convenance. Voici, dans quels termes le PRCF exprime cette distinction entre pro-impérialistes et anti-impérialistes :
« Dénonçons aussi (…) ceux qui ne voient pas la nécessité de tenir compte de la dynamique anti-impérialiste à laquelle les BRICS – Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud- peuvent objectivement contribuer en laissant des espaces d’intervention aux peuples, même si la plupart des régimes en question sont bel et bien contrôlés par la grande bourgeoisie nationale, avec toutes les inconséquences que cela comporte (le cas de la Chine doit être analysé spécifiquement). »
Le PRCF désigne bien une liste de pays qui tout en étant capitalistes (le cas de la Chine étant analysé à part) contribuent « objectivement » à la « dynamique anti-impérialiste ». Précisons que cette citation vient d’un article consacré à la Syrie et qu’il ne faut pas douter que la Syrie d’el-Assad va dans le même groupe. Dans ce même article, le PRCF nous signale que la position du PC syrien est exactement la même :
« Le rôle des communistes, des anti-impérialistes, des forces de paix est de s’appuyer sur ces contradictions pour créer un rapport de forces favorable à la lutte des peuples et c’est d’ailleurs ce que fait intelligemment le PC syrien qui, sans cesser de maintenir sa position de classe indépendante, privilégie la lutte contre l’ingérence impérialiste en Syrie et adopte une position résolument anti-impérialiste et patriotique »
Je me permets de souligner, pour ceux qui ne voudraient pas comprendre, que le PRCF approuve donc ce PC Syrien qui est particulièrement intelligent parce qu'il ne se contente pas de lutter contre le dictateur de la Syrie mais qu'il "privilégie la lutte contre l'ingérence impérialiste". La lutte entre « impérialisme » et « anti-impérialisme » l’emporte donc sur la lutte des classes. Il ne reste plus qu’à définir comment se répartissent ces deux blocs. Je signale, pour les initiés, que les authentiques trotskistes sont habitués à décrypter ce genre de discours. C’était celui de Michel Pablo dans les années 1950.
En fait, il faut distinguer deux périodes dans cette politique de la gauche. Le soutien au bloc « anti-impérialiste » est apparu surtout lorsque Poutine, les ayatollahs et le Hezbollah se sont présentés comme des soutiens à el-Assad. C’est à partir de ce moment que s’est dessiné le bloc en question avec au minimum la Syrie, la Russie et l’Iran. A aucun moment, ces organisations « de gauche » ne se sont prononcées pour que des armes lourdes soient envoyées à la population afin qu’elle organise sa défense. Le PCF, la LFI et le PRCF critiques volontiers el-Assad et parlent de l’urgence d’obtenir un cessez-le-feu et de protéger les populations civiles. Les politiciens ne sont jamais avares de discours de ce style mais, s’il est bien question de protéger les populations, il n’est jamais question de leur donner les moyens de se protéger elles-mêmes. C’est ce que j’appelle le pacifisme bêlant en référence au mouton qui bêle (il est pour la paix) quand on l’envoie à l’abattoir. Quoi de plus inutile !
Il convient donc maintenant de rappeler le point de vue opposé des marxistes lesquels sont internationalistes. Notre point de vue n’a rien à voir avec une quelconque division en blocs qui s’affrontent. Notre point de vue aujourd’hui est le même que celui des internationalistes qui en 1914 refusaient la guerre de 1914-18 entre deux blocs : la Triple-Alliance et la Triple-Entente. Nous sommes pour les jeunes, pour les travailleurs, ouvriers et paysans, pour les femmes travailleuses de Syrie, d’Amérique, d’Israël, de Palestine, d’Arabie, de Russie, d’Iran, de France, du Royaume Uni et de tous les autres pays pour qu’ils en finissent avec tous les dictateurs et avec les politiques qui dressent les peuples les uns contre autres. Il n’est bien évidemment pas question pour nous de considérer comme une entité homogène la Syrie. Cette entité regrouperait tout ensemble le dictateur et les syriens qui se révoltent. C’est pourtant bien au nom de la défense de la Syrie que toute cette « gauche » a voulu, et veut encore, défendre le dictateur. Il n’est pas davantage question pour nous de considérer comme une entité homogène l’Amérique avec ses dirigeants-guerriers qui veulent dominer le monde et les américains qui ne veulent plus de toutes ces infâmes guerres. C’est pourtant bien au nom de la prétention des dirigeants américains à vouloir dominer le monde que cette « gauche » a décidé que l’Amérique, dans son ensemble, était contre la Syrie, dans son ensemble. Dans ces conditions, les américains seraient un danger immédiat puisqu’ils seraient tous disposés à venir immédiatement envahir la Syrie avec toute leur puissance militaire. Avez-vous demandé à la femme de ménage qui nettoient des bureaux à Manhattan ce qu’elle en pense ? Avez-vous demandé à ce petit noir qui vit à Harlem ce qu’il en pense ? Sans doute que non (moi non plus d’ailleurs) ! Et pourtant, ce qu’ils pensent, l’un comme l’autre et les centaines de millions d’américains qui leur ressemblent est une donnée importante pour comprendre ce qui se passe en Syrie car, assurément, l’Amérique n’est pas un bloc monolithique. Les dirigeants guerriers de l’Amérique sont en effet contraints de tenir compte des désirs de tout ce peuple américain, de ce qu’ils sont prêts à accepter, des discours qu’ils veulent entendre de la part de leurs dirigeants et de toutes leurs attentes. Ce que nous appelons globalement l’opinion publique américaine est en effet le produit de toutes ces attentes de ces millions de personnes et, bien évidemment, l’opinion publique évolue.
Pour que l’Amérique lance, le 20 mars 2003, la grosse cavalerie de son invasion de l’Irak, il avait fallu qu’il y ait, quelques temps auparavant, les attentats du 11 septembre. Cette invasion était en effet présentée dans le cadre de la « Global War » comme une réponse aux attentats. Huit ans plus tard, quand éclate la révolution syrienne, les attentats du 11 septembre sont loin et le peuple américain est saturé du bourbier dans lequel les USA sont engagés en Irak. Obama avait promis de supprimer le camp de torture de Guantánamo mais il est toujours en place. Les photos qui montrent les exactions des américains dans la prison d’Abou Ghraib sont insupportables... Bref ! les américains ne veulent plus de cette guerre et personne ne pense une seconde à remettre ça avec la Syrie.
Quand la révolution démarre, toute la « gauche » mondiale en mal de « lutte anti-impérialiste » explique que les dirigeants des USA voudraient intervenir pour bloquer el-Assad au moment où il a choisi de mâter son peuple en pleine rébellion. Ils expliquent finalement que les USA seraient une puissance prête à voler au secours d’une révolution mise en danger par un dictateur. C’est ça la « gauche » ! C’est ça la lutte contre l’impérialisme ! Quand et où avez-vous vu les USA se mettre du côté des révolutionnaires contre des dictateurs ? Cela n’a jamais existé et cela n’existera jamais ! En Syrie comme ailleurs, en 2011 comme à n’importe quel autre moment, l’impérialisme américain a été, et sera toujours, une force contre-révolutionnaire prête à se mobiliser pour écraser des révolutions. Cette puissance contre-révolutionnaire ne peut que se réjouir de voir un dictateur faire le travail. Cela les dispense d’avoir à s’en mêler eux-mêmes. Dans la région, ils n’ont pas supporté la révolution iranienne et ils ne rêvent que de prendre leur revanche. Et voilà que cette « gauche » affirme que les américains vont agir pour déranger un dictateur qui veut écraser une révolution. C’est évidemment faux ! A aucun moment l’Amérique n'a fourni des armes aux milices populaires et à la population syrienne insurgée pour qu’elle se défende face à tous ses agresseurs.
Mais, nous l’avons dit et il faut le répéter : l’Amérique n’est pas un bloc monolithique. Il n’y a pas que les dirigeants américains. Il y a aussi le peuple américain et l’opinion publique américaine. Or, le peuple américain n’est pas prêt à entendre de la bouche de ses dirigeants le discours cynique où ils expliqueraient crûment leur politique d’éternels massacreurs de toutes les révolutions. Alors les dirigeants américains sont bien obligés d’avoir l’air secourables à l’égard des syriens. Ils veulent faire croire qu’ils désirent mener une politique « humanitaire ». Ils tiennent pour cela un discours guerrier contre Bachar el-Assad. La « gauche » avale tout cela sans broncher et se lance illico dans la défense du pauvre Bachar en lui attribuant toutes les vertus.
Et maintenant, avec le recul du temps, cette « gauche » réfléchit-elle un moment aux nuisances que les américains auraient dû, selon sa logique, apporter à Bachar el-Assad pendant ces dix années ? A-t-elle fait le décompte des pertes qu’ils lui auraient fait subir ? Qu’ils nous disent maintenant quels sont les dégâts que les américains ont infligés aux troupes de Bachar ! Combien d’avions ont-ils descendus ? Combien d’hélicoptères, de chars d’assauts, de canons, de camions, de lances missiles, de mitrailleuses lourdes ? Combien d’installations militaires ont-ils endommagées ? Lui ont-ils pris un canon, un fusil, un poignard, un canif ? Rien ! Les américains n’ont jamais dérangé Bachar el-Assad.
Voici un extrait d’un discours tenu dès décembre 2012 par Barak-Obama afin de satisfaire le peuple américain :
« Aujourd’hui, je veux dire très clairement à Assad et à ceux qui obéissent à ses ordres que le monde entier (vous) observe. Le recours à des armes chimiques est et serait totalement inacceptable ». « Si vous commettez l’erreur tragique d’utiliser ces armes, il y aura des conséquences et vous en répondrez. Nous ne pouvons pas permettre que le XXIe siècle soit assombri par les pires armes du XXe siècle »
C’était la fameuse politique de la ligne rouge que Barak Obama avait solennellement interdit à Bachar el-Assad de franchir. Mais celui-ci franchit allégrement la ligne au moins le 21 août 2013 avec le massacre de la Ghouta au gaz sarin et… les américains ne réagissent pas. Bachar, son ami Thierry Meyssan, infoSyrie, Poutine et les ayatollahs donnent alors en chœur une version invraisemblable des faits incriminant les opposants au régime. Ce serait eux qui auraient réussi à faire ses bombardements sans avions et avec ce gaz dont on se demande où ils auraient pu le trouver. Quant aux militants de la belle « gauche française », pour eux c’est encore plus simple : il n’y a pas eu du tout d’attaque chimique. Tout cela n’est que de la vilaine propagande occidentale. Il reste cependant acquis pour tous dans cette affaire que les américains ont fait des discours menaçants mais qu’ils n’ont nullement dérangé Bachar el-Assad.
Mais, il fallait bien que les américains donne l’impression d’agir ne serait-ce que pour satisfaire l’opinion publique américaine. En 2015, ils tentent mollement mais à grands frais (500 millions de dollars) d’ouvrir une « guerre par proxy » (guerre par procuration). Ils ont conclu un accord avec la Turquie pour former un corps de 15 000 rebelles mais l’opération a tourné au fiasco. En juillet et septembre 2015 seulement 120 hommes sont entrés en Syrie : le premier groupe est aussitôt attaqué par un groupe affilié à Al-Qaïda qui fait plusieurs prisonniers, le second remet une partie de ses armes aux djihadistes pour obtenir un droit de passage. Les combattants de cette « Nouvelle force syrienne » désertent ou font défection et à la mi-septembre, le chef de « l'United States Central Command », reconnait que seulement « 4 ou 5 » rebelles formés et équipés par les forces américaines combattent l'État islamique sur le terrain puis ils s’évanouissent dans la nature. L’opération était simplement impossible parce qu’en Syrie se déroulait une révolution et les américains ne pouvaient pas, dans ces conditions, disposer de faux-rebelles qui resteraient à leur service. En fait les hommes qu'ils ont recrutés ont d'une façon ou d'une autre rejoint l'opposition à el-Assad.
Les forces américaines se sont alors mises totalement en retrait du terrain jusqu'à la fin du mandat de Barak Obama et d’autres acteurs internationaux en ont profité pour intervenir : les russes et les iraniens. De quoi satisfaire « la gauche ». Les anti-impérialistes entrent en action pour le grand malheur de la classe ouvrière syrienne.
Le bilan est toujours le même : aucune nuisance pour Bachar el-Assad de la part des américains.
Voyons maintenant ce qui s’est passé avec la mise en place puis la destruction de « l’Etat Islamique ». C’est simple : dans tout le processus, Bachar el-Assad et les américains ont agi en parfaite harmonie.
Les États-Unis, ont soutenu, financé et armé des djihadistes, y compris les plus réactionnaires. L’Arabie saoudite, les Émirats et la Turquie ont fait de même avec la collaboration des services secrets occidentaux. Tandis que Bachar lui-même a apporté sa contribution en libérant de ses geôles les djihadistes qu’il avait emprisonnés. Mais, la créature monstrueuse a échappé à ses créateurs, et Daesh a déstabilisé toute la région, allant même, jusqu’à prendre certaines zones pétrolières et à écouler son pétrole sur le marché mondial ce qui, à l’évidence, nécessitait bien des complicités. Les dirigeants occidentaux, qui avaient largement contribué à mettre à pied d’œuvre tous des djihadistes ont alors fait feu de tout bois pour éliminer « l’Etat Islamique ». Dans l’Ouest de la Syrie (comme Damas et Alep) les troupes au sol de Bachar avec les mercenaires russes étaient appuyés par l’aviation russe tandis que dans la partie Est de la Syrie (comme Raqqa) les milices kurdes au sol étaient appuyées par l’aviation américaine (les forces de la coalition). Ces bombardements aériens ont souvent fait plus de morts chez les civils que chez les djihadistes. Les chiffres avancés à ce sujet sont extrêmement fluctuants. Signalons seulement que Airwars (un collectif de journalistes) estime à entre 7 500 et 12 077 le nombre de civils tués par les frappes aériennes de la coalition (essentiellement les américains), de septembre 2014 à mars 2019, en Irak et en Syrie. Il est admis que ce sont les frappes sur Mossoul (Irak) et Raqqa (Lybie) en 2017 qui ont été les plus meurtrières. Les américains ont ainsi fait d’énormes dégâts matériels. Notamment la ville de Raqqa (6ème ville de Syrie) a été détruite. Quand les bombardements des américains ont commencé, le ministre de la Réconciliation nationale du régime syrien, Ali Haidar, a déclaré que selon lui les attaques des Etats-Unis allaient dans le bon sens.
« En ce qui concerne les attaques en Syrie, je pense que ce qui s’est passé jusqu’à présent est un processus qui va dans la bonne direction, puisque le gouvernement syrien en est informé et qu’elles ne visent pas les installations militaires syriennes ni les civils. » (voir Internacional europa press) Il a également confirmé « que le gouvernement syrien avait été mis au courant et qu’il avait été assuré que les installations militaires syriennes ne seraient pas attaquées, ni les cibles civiles ».
Il s’agit bien, purement et simplement, d’une collaboration meurtrière entre el-Assad et les américains dont la population civile a fait les frais au moins autant que les djihadistes qu’ils avaient mis en place ensemble auparavant.
Pour finir de décrire les actions des américains en Syrie, voyons ce qu’ont été les « représailles humanitaires ». Les 13 et 14 avril 2018, l’impérialisme américain a lancé des attaques aériennes avec la participation de la France et du Royaume-Uni en expliquant qu’il fallait riposter parce que l’état syrien avait à nouveau utilisé des armes chimiques. Un an plus tôt il y avait eu le massacre de Khan Cheikhoun, le 4 avril 2017, mais il était alors question à ce moment, de punir une présumée attaque chimique à Douma le 7 avril. En France les socialistes et EELV étaient favorables à cette intervention militaire. Ces attaques américaines n’ont pas endommagé les installations militaires du régime de Damas. Ce n’était pas leur but. Trump avait lui-même déclaré : « Notre objectif est de parvenir à une forte dissuasion ». Il s’agissait, là aussi pour l’essentiel, de satisfaire l’opinion publique américaine en apparaissant, avec des visées humanitaires, dans une sorte de baroud d’honneur donnant l’impression que les forces américaines jouaient encore un rôle sur la région alors que, en fait, c’était déjà la Russie de Poutine qui occupait l’espace.
Voyons maintenant ce bilan d’après un article du Monde.
« Les frappes n’ont fait « aucune victime » civile ou militaire, selon Moscou. L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a confirmé que les cibles étaient « complètement vides », leurs personnels ayant été évacués « il y a plus de trois jours ». Selon les capitales occidentales, les bombardements ont visé trois sites liés au programme d’armement chimique syrien »
Autrement dit, les frappes n’ont rien endommagé puisque le programme d’armement chimique syrien était censé être stoppé. Là encore, à l’évidence, les américains n’ont nullement dérangé le régime de Damas.
Revenons maintenant aux discours invraisemblables de cette « gauche » qui explique que les 388 000 morts de Syrie seraient les victimes des américains qui se sont attaqués à el-Assad lequel a fait son possible pour protéger sa population.
Dans leur version des faits, il n’est question que de coups fourrés ourdis en coulisses dans des officines étrangères : ce seraient des agents étrangers infiltrés qui auraient tiré sur les enfants à Deraa, les manifestants auraient été rémunérés par des puissances étrangères... Ce genre d’explication, qui relève du roman d’espionnage, est somme toute assez classique. Cela revient souvent et toujours de la part de ceux qui soutiennent un régime contre un peuple qui le conteste. Cette désinformation, est relayée au niveau international, notamment en France avec le site web infoSyrie et tous les sites rouge-bruns de la mouvance d’Alain Soral tel que le Réseau Voltaire créé par Thierry Meyssan, l’ami français de Bachar el-Assad. Dans la même veine, on trouve aussi des articles sur le site belge : « Le Vilain Petit Canard ». Les services de propagande d’el-Assad trouvent des agents dans chaque pays. En France, ils savent jouer sur la méfiance de la population à l’égard des médias de masse. Ceux-ci-sont en effet dans les mains de quelques milliardaires et ils mènent une propagande pour le gouvernement de Macron et pour l’Union Européenne. Les agents d’el-Assad profitent de ce rejet des informations officielles par une grande masse de la population pour nier tous les faits qui accablent le régime de Damas. Ils installent ainsi un récit falsificateur qui prétend « rétablir la vérité ». Cette inversion des réalités vise à réécrire le conflit syrien en faisant d’el-Assad une victime, voire même un sauveur, mais jamais un coupable et surtout pas un dictateur.
Je ne trouve nulle part un exposé cohérent des faits de la part de cette « gauche » qui parle parfois d’un putsch des américains, en d’autres endroits d’agents infiltrés ou d’un possible coup d’état… Je ne comprends pas, dans leurs explications, comment une action américaine aurait pu aboutir à cette escalade de la montée en puissance de la mobilisation populaire et de la répression.
Je donne donc en annexe un extrait d’une chronologie du début des évènements. Elle démarre le 15 mars 2011 quand les manifestants ne se comptaient que par dizaines et je l’arrête au mois de juillet quand el-Assad commence à utiliser les hélicoptères pour lancer des bombes sur les quartiers occupés par l’opposition. L’auteur de cette chronologie est une journaliste qui s’appelle Catherine Gouëset avec laquelle je n’ai pas d’affinités particulières. Elle a écrit un livre « La Syrie, terre de mission des conspirationnistes » que je n’ai pas lu. Je pense seulement qu’elle a fait ici un travail de journaliste en essayant de nous livrer une énumération des faits.
Cette chronologie est cohérente parce que la vérité est toujours cohérente. Celui qui s’en tient aux faits ne peut jamais être pris en défaut de cohérence. Ceux qui contestent ces faits en criant haut et fort que ce n’est que de la propagande occidentale sont incapables de nous fournir leur chronologie cohérente. Je n’en ai jamais vu.
Les grands silences sont une autre caractéristique des versions de la « gauche » crypto-stalinienne et Castro-chaviste car, pour éviter les incohérences, ils préfèrent se taire. Nous ne trouvons donc pas chez eux une version de la chronologie des faits qui rendraient les américains et leurs alliés seuls responsables du désastre Syrien. De plus, si nous leur demandons quelle différence fondamentale il y aurait, selon eux, entre ce qui s’est passé d’une part en Tunisie et en Egypte et d’autre part en Syrie, ils ne répondent pas. En général, ils admettent en effet qu’il y a eu des mouvements révolutionnaires en Tunisie et en Egypte mais pas en Syrie. Pourquoi ? La question restera sans réponse.
Je vais pour ma part rappeler ce qui s’est passé en 2011 en mettant en perspective ces trois révolutions. La révolution syrienne s’inscrit dans le mouvement que la presse a appelé « le printemps arabe ». Ce mouvement embrase sous diverses formes tous les « pays arabes » de la Mauritanie à la Turquie et à l’Irak avec des foyers plus importants en Tunisie, en Egypte, en Lybie, au Yémen et à Bahreïn. Quand le mouvement éclate en mars 2011, deux dictateurs sont déjà tombés : Ben Ali a quitté le pouvoir le 14 janvier 2011 et Moubarak le 11 février 2011. Ainsi, après les dictateurs de Tunisie et d’Egypte, il semble bien que le tour du dictateur de Syrie soit arrivé. C’est ce qu’un enfant écrit sur un mur à Deraa… Que le régime de Damas soit une dictature, il faut une bonne dose de mauvaise foi pour en douter. Citons à ce sujet quelques passages de la page de la Wikipédia intitulée Politique en Syrie :
« La Syrie n'a plus connu d’élection démocratique depuis 1961 (…) Depuis 1963, la République arabe syrienne est gouvernée par le Parti Baas arrivé au pouvoir par un coup d'État (…) il était inscrit dans la Constitution que le pays ne pouvait être gouverné que par le parti Baas. À la mort du président Hafez el-Assad en 2000, son fils Bachar el-Assad prend le titre de président. »
Ajoutons que bien des syriens avaient espéré que l’arrivée de Bachar qui succédait à son père, comme dans une monarchie allait, malgré tout, amener des améliorations. C’est dans l’enthousiasme général qu’il a pris ses fonctions comme le montre cette vidéo dont le titre en arabe peut se traduire par : « Manifestation dans la capitale syrienne, Damas, en soutien à Assad ». Ce jeune président (il a 46 ans) s’affiche comme un homme moderne, éduqué (il a fait des études d’ophtalmologie). Il est accompagné d’une jeune épouse charmante qui semble, elle aussi, ouverte au changement. Les syriens espéraient notamment une levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 1963. Mais, rien ne change. Un éphémère « printemps de Damas » dans les années 2000 exprime la déception des syriens. L’intensité de la révolte sera à la mesure de la déception elle-même d’autant plus forte que l’espoir était grand. Quelques années plus tard les révolutions de Tunisie et d’Egypte sont un encouragement supplémentaire à la révolte.
La chronologie de Catherine Gouëset rend compte de la montée en puissance de la révolution. Les manifestants ne se comptaient que par dizaines le 15 mars 2011. Il ne s’agissait alors que de quelques syriens qui voulaient faire comme en Tunisie et en Egypte. Mais trois jours plus tard, quatre manifestants sont tués. Les manifestants se comptent alors par centaines mais à la fin du mois on compte une trentaine de mort. Au début du mois d’avril, dans les manifestations qui se déroulent le vendredi à la sortie de la mosquée, les manifestants se comptent maintenant par milliers. Un mois après le début du mouvement on compte une centaine de mort. Des chars sont maintenant envoyés contre les manifestants. A la fin du mois, les manifestants se comptent par dizaines de milliers.
C’est donc, quoi qu’en dise toute cette « gauche » une révolution qui démarre en Syrie avec une escalade dans la mobilisation du peuple et dans la répression lancée par el-Assad. A chaque montée en puissance de la mobilisation, el-Assad répond par des répressions plus violentes et plus massives. L’escalade continue ainsi. Les manifestants se comptent en centaines de milliers au mois de juillet et à chaque nouvelle étape, les atrocités de la répression font toujours monter davantage la colère de la population. J’ai au sujet de cette répression d’autres informations glanées simplement sur internet avec un moteur de recherche :
- « Les témoignages effrayants des enfants torturés en Syrie »
- « Dans l’enfer des geôles de Bachar el-Assad » par Amnesty International
- « Les témoignages se multiplient sur la répression, qui ne faiblit pas »
- « La répression jusque dans les hôpitaux : témoignages »
- « Bachar al-Asad est un criminel fou » par Samar Yazbek écrivaine et résistante en exil
- « La chirurgie utilisée comme arme de répression par Bachar al-Assad »
- « Témoignages de survivants de la torture en Syrie ».
- « Syrie. témoignage du général Ahmed Tlass sur le système et la répression »
- « Electrochocs, viols, douches glacées... ce que révèle le procès des bourreaux du régime syrien »
Avec la même technique j’ai aussi des informations sur la contribution d’el-Assad pour mettre en place les « terroristes djihadistes » qui lui seront si utile d’abord pour justifier la répression puis comme force guerrière lancée contre une population avide de liberté, de laïcité, de tolérance…
- Dès 2011 Bachar el-Assad a attisé le djihad en Syrie.
- Un opposant à Damas raconte la libération des djihadistes.
- Au rapport, la prison syrienne de saidnaya berceau du jihadisme.
- Assad et l’Etat Islamique, une collusion troublante.
- Le régime avait libéré des prisonniers jihadistes.
- Bachar el-Assad est-il le meilleur rempart contre le groupe Etat Islamique ?
- Les vrais ennemis de Bachar el-Assad, pas les « amis de Sadnaya », mais les révolutionnaires et les démocrates.
- Assad, l’ami des islamistes.
- Confessions choc d’un homme de Bachar el-Assad : « voici comment nous avons créé l’Etat Islamique ».
Ah ! Il va falloir que la « gauche » qui ne veut voir dans tout cela que de l’infâme propagande occidentale travaille beaucoup pour contester toutes ces sources diverses et variées qui s’opposent à ces supposés sanctuaires de la vérité que seraient Radio-el-Assad, BacharTV, infoSyrie et Réseau Voltaire. Et cette « gauche », qui va jusqu’à contester qu’il y ait eu des attaques chimiques, je ne lui proposerai aucun article sur le sujet mais seulement des photos et des films. Iront-ils expliquer que la photo jointe à l’article est le résultat du travail d’un metteur en scène qui a demandé à des enfants… Si vous voulez d’autres photos, faites simplement comme moi. Avec un moteur de recherche vous pourrez voir toutes celles-là. Et, si vous osez regarder la vérité en face, je vous invite à visualiser ce film intitulé « The Cave ». En voici un résumé glané sur internet
« En Syrie, dans la Ghouta assiégée, qui a subi la pire des attaques chimiques enregistrée ces 25 dernières années, les habitants ont construit un hôpital de fortune dans les entrailles de la Terre, qui ressemble à une gigantesque caverne. Alors que le conflit fait rage, la pédiatre Amani Ballour tente de faire son travail, face à des malades qui refusent parfois d’être soignés par une femme. Avant tout, il faut sauver des vies, réconforter, trouver des médicaments, nourrir le personnel et les malades. »
Regardez ces enfants encore vivants qui ont été intoxiqués par du gaz sarin et vous aurez le droit, quand vous serez allés jusqu’au bout, d’écrire dans des commentaires (comme certains l’ont fait avec mon article précédent) qu’il n’y a jamais eu d’attaques chimiques en Syrie, que tout cela n’est que de l’infâme propagande occidentale.
Je ne peux guère faire plus dans la clarification et le rétablissement de la vérité.
Quand on a balayé toutes les idéologies et tous les discours des divers politiciens, quand on a mis les faits à nu, alors une évidence apparait : les américains n’ont jamais réellement combattu les troupes armées du régime de Damas et ils leur sont même venus en aide. Mais, surtout, les Etats Unis et toutes les autres puissances mondiales ont refusé de remettre des armes lourdes à l’opposition syrienne pour qu’elle se défende. Ils ont laissé Bachar les massacrer avec l’appui de l’aviation de Poutine et de ses mercenaires. La population syrienne a aussi été victime de l’Etat Islamique. Sans armes, ils se sont faits massacrer de toutes parts. Plus que cela, les américains, principale force de la coalition, ont collaboré avec Bachar el-Assad pour bombarder les villes comme Raqqa en faisant plus de victimes chez les civils que chez les djihadistes. Tous les discours anti-Assad de Barak Obama puis de Donald Trump avaient pour but essentiel de paraître protecteurs et secourables à l’égard des victimes de la répression. C’était essentiellement une question de politique intérieure des USA qui les préoccupait. Ils se souciaient avant tout de l’opinion publique américaine surtout en période électorale. Mais, pour ce qui est de leur véritable action en Syrie, ils ont agi en bon contre-révolutionnaires en aidant, dans les faits, Bachar el-Assad.
Quel est le bilan de la « bonne gauche » qui vient des anciens PC ? Cette « gauche » qui par le passé a plus ou moins couvert les abominations de Staline, de Mao et de Pol Pot. Le bilan est lourd, très lourd. Il est dans la lignée de ce qu’ils ont fait précédemment et je n’ai pas l’intention d’attendre des décennies pour le dénoncer.
Le peuple syrien vient de se faire massacrer pendant dix ans dans une relative indifférence parce que ceux qui avait le devoir de défendre les syriens, les organisations du mouvement ouvrier, ont en fait soutenu le massacreur comme ils avaient jadis soutenu Staline, Mao, Pol Pot.
Plus de 380 000 morts. 6 millions d’exilés. 6 millions de déplacés internes
Honte à ceux qui ont soutenu le dictateur, le massacreur de son peuple !
Chronologie des événements
15 mars 2011 : Inspirés par les exemples tunisien et égyptien, quelques dizaines de Syriens manifestent, le 15 mars, à Alep, Hassakah, Deraa, Deir Ezzor, Hama et Damas. A Deraa, des enfants d'une dizaine d'années qui avaient inscrit des slogans hostiles au gouvernement sur les murs de la ville sont arrêtés quelques jours plus tôt. Leurs parents venus réclamer de leurs nouvelles sont brutalisés. Le 18, les habitants descendent dans la rue de plusieurs villes dont Deraa où 4 manifestants sont tués par les forces de l'ordre. Les manifestations s'étendent. Le 30 mars, alors que l'on compte une trentaine de morts, le président Bachar el-Assad, dénonce une "conspiration". Le régime et la famille El-Assad, qui a fait main basse sur le pays, veulent garder le contrôle du pays.
8 avril 2011 : le vendredi, jour férié en Syrie devient jour de manifestation, après la prière hebdomadaire : c'est le seul rassemblement public à ne pas tomber sous le coup de la loi sur l'état d'urgence. Les forces de l'ordre tirent sur les protestataires à Deraa, tuant 17 personnes. Le 10, le régime envoie pour la première fois des chars contre les manifestants à Baniyas, sur la côte. Un mois après le début de la contestation, la répression a fait une centaine de morts.
21 avril 2011 : Bachar el-Assad lève l'Etat d'urgence en vigueur depuis 1963 et annonce l'autorisation des manifestations pacifiques. Le lendemain, les forces de l'ordre tirent sur les dizaines de milliers de Syriens qui sont descendus dans la rue, tuant 40 personnes. Le 25, Deraa est assiégée et pilonnée. L'armée intervient aussi à Homs, à Al Rastan dans le centre du pays puis, en mai, à Hama, Jisr el-Choghour, Idleb. .. Tout en envoyant l'armée dans plusieurs villes du pays, le président syrien multiplie les promesses d'ouvrir "un dialogue national".
21 mai 2011 : le corps de Hamzah el-Khatib, 13 ans, est rendu à sa famille mutilé. Il devient le symbole de la brutalité de la répression du régime contre la révolte des civils. Après deux mois de manifestations pacifiques, 800 civils ont été tués. L'Union européenne impose des sanctions à Bachar el-Assad et à une vingtaine d'autres dignitaires du régime, dont son frère Maher, qui commande la quatrième division mécanisée, aux avant-postes de la répression.
10 juin 2011 : les troupes syriennes interviennent à Jisr el-Chogour dans le nord-ouest du pays, où une partie de l'armée s'est ralliée aux manifestants. Des centaines d'habitants fuient en direction de la Turquie voisine. C'est le début d'une vague de réfugiés qui va s'accélérer progressivement : Ils seront 35 000 dans la région en mars 2012, 700 000 en janvier 2013.
22 juillet 2011 : les manifestations sont toujours plus massives. L'opposition revendique 1,2 millions de manifestants à Deir Ezzor et à Hama. Le 31, à la veille du ramadan, l'armée donne l'assaut sur Hama. Plus d'une centaine de civils sont tués selon l'opposition. Cette brutale répression amène des dizaines de soldats à faire défection. Des officiers déserteurs créent l'Armée syrienne libre (ASL) qui grossit à mesure que de nouveaux militaires quittent l'armée.
7 août 2011 : le président syrien est lâché par trois pays du Golfe, l'Arabie saoudite, Bahreïn et le Koweït qui rappellent leurs ambassadeurs.
2 octobre 2011 : plusieurs opposants, réunis à Istanbul, forment le "Conseil National Syrien" qui inclut des islamistes, des libéraux, des nationalistes, ainsi que des partis kurdes et assyriens. Le 5 octobre, alors que la répression sanglante des manifestations a fait plus de 2700 morts depuis la mi-mars, la Chine et la Russie opposent leur veto à l'ONU à un projet de résolution condamnant la répression et menaçant Damas de "mesures ciblées".
16 octobre 2011 : première attaque commando de l'Armée syrienne libre contre un centre des services secrets syriens près de Damas.
2 novembre 2011 : la Syrie accepte le "plan de paix" de la Ligue Arabe qui prévoit le retrait de l'armée, la libération des prisonniers, l'envoi d'observateurs arabes et des négociations avec l'opposition. Dans les six jours qui suivent, 70 personnes sont tuées par le régime. Le 12, la Ligue arabe, suspend la Syrie de l'organisation et appelle au retrait des ambassadeurs arabes. Le 16, c'est le tour de la France. Le 22, après le roi Abdallah II de Jordanie, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan appelle au départ du président syrien "pour le salut de (son) peuple, de (son) pays et de la région".
22 décembre 2011 : les observateurs de la Ligue arabe arrivent en Syrie, après deux journées sanglantes qui ont causé la mort de 250 personnes. Le bilan des violences depuis le mois de mars a dépassé les 5000 morts, selon l'ONU. Le 23, des attentats à la voiture piégée contre des bâtiments des services de sécurité tuent une quarantaine de personnes selon Damas. Les autorités incriminent Al Qaïda, l'opposition accuse l'Etat.
11 janvier 2012 : le journaliste français Gilles Jacquier est tué dans la ville de Homs assiégée où il se trouvait en reportage. Le mois suivant, ce sera le tour du français Rémi Ochlik des Américains Marie Colvin et Anthony Shadid. Les journalistes étrangers mais plus encore les Syriens paient un lourd tribut dans le cadre de ce conflit.
24 janvier 2012 : après le départ, le 11, de l'un des membres de la mission d'observation qui accuse le régime de "mises en scène" et de commettre des "crimes en série", tous les autres observateurs se retirent du pays et le 28, la Ligue arabe suspend sa mission.
3 février 2012 : plus de 200 civils sont tués en une seule nuit lors de bombardements massifs de la Ville de Homs qui est brutalement pilonnée par le régime depuis la fin décembre 2011. Ce qui n'empêche pas, le lendemain, la Russie et la Chine d''opposer une nouvelle fois leur veto à un projet de résolution condamnant la répression.
27 mars 2012 : nommé émissaire de l'ONU pour la Syrie, Kofi Annan annonce que Damas a accepté son plan de paix qui a obtenu l'aval de la Russie et la Chine. Il prévoit l'arrêt immédiat de toute forme de violence armée, le retrait des forces syriennes des centres de population, le renoncement aux armes lourdes, et la libération des prisonniers détenus arbitrairement. Un an après le début de la contestation, le bilan est lourd : plus de 8000 morts, 200 000 déplacés à l'intérieur du pays, 30 000 réfugiés.
12 avril 2012 : un cessez-le-feu entre en application. Une résolution de l'ONU prévoit l'envoi d'observateurs qui arrivent en Syrie le 15. Mais pas plus que les précédentes, la promesse d'accalmie n'est pas tenue, alors que depuis le début de la révolte, on atteint le bilan de 10 000 morts.
25 mai 2012 : plus d'une centaine de civils, dont de nombreux enfants sont massacrés dans le village de Houla. Une dizaine de jours plus tard, un nouveau massacre a lieu à Al Kubeir, dans la même région. Les Chabihas, milices du régime sont mises en cause par l'opposition. "Le régime ne contrôle plus ses supplétifs", explique à l'Express Thomas Pierret, spécialiste de la Syrie, qui craint "une dynamique de divisions confessionnelle à la libanaise" dans cette région de la Syrie. Après le massacre de Houla, plusieurs pays occidentaux dont la France expulsent les ambassadeurs syriens.
12 juin 2012 : un rapport de l'ONU accuse Damas de tortures et d'exécutions sommaires d'enfants et révèle que les soldats syriens les utilisent comme "boucliers humains".
16 juin 2012 : les observateurs de l'ONU suspendent leur mission. Homs est à nouveau pilonnée massivement. En 15 mois, le conflit a fait plus de 15 000 morts.
22 juin 2012 : un avion de chasse turc est abattu au-dessus de la frontière avec la Syrie.
3 juillet 2012 : Manas Tlass, général de la Garde républicaine syrienne et ami d'enfance de Bachar al-Assad, fait défection. Il est accueilli en France. Les désertions sont toujours plus fréquentes et la résistance armée se renforce, ce qui conduit Bachar el-Assad à parler de "situation de guerre". De fait, son régime ne contrôle plus entièrement le territoire de la Syrie : Dès que l'armée se retire d'une ville où elle est intervenue, les manifestations reprennent et les combattants de l'Armée Syrienne Libre réoccupent le terrain. Elle a perdu le contrôle de l'espace rural qui entoure les centres urbains. De nombreuses villes, et plusieurs grandes agglomérations échappent à son emprise.
15 juillet 2012 : l'Armée Syrienne Libre lance la "bataille pour la libération" de Damas. Pour la première fois des hélicoptères de l'armée sont utilisés pour bombarder les quartiers rebelles. Le 20, ils lancent la bataille d'Alep, capitale économique du pays. Le régime est affaibli par ces offensives, mais "le régime syrien a encore les moyens de prolonger son agonie", explique à L'Express le politologue Ziad Majed, spécialiste de la Syrie.
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