Un nouveau modèle socio-économique pour sauver la France : trop innovant ?
Une proposition de nouveau modèle socio-économique, libéralisant les ressources humaines (révolutionnaire ?), pour assurer le plein emploi : qu’en pensez-vous ?
Un nouveau modèle de société a été pensé en 1995 entre un jeune libéral et son père haut fonctionnaire plus socialiste, débattant alors en Afrique de politique économique. Après moult débats, ces deux extrêmes tombèrent d’accord sur un nouveau modèle socio-économique qui semble séduire tous ceux à qui il est proposé, à l’exception des jeunes qui, n’ayant encore aucune expérience du monde du travail, ont encore une vision romantique du monde du travail... et vous ?
Le constat est le suivant :
- les entreprises ont besoin de flexibilité de recrutement et de désengagement pour honorer des contrats ponctuels. Faute de cette flexibilité, et ne pouvant s’engager à long terme avec des ressources humaines alors qu’elles reçoivent une commande à court terme d’un client, elles préfèrent ne pas honorer ce contrat et jouer "a minima". Pourtant, pouvoir honorer ces contrats permettrait d’embaucher plus, donc d’injecter du pouvoir d’achat, donc de créer plus de contrats.
- les travailleurs ont besoin de sécurité d’emploi afin de pouvoir dépenser, consommer, s’endetter (achat d’un logement), et in fine de créer des ventes, des contrats, et des embauches.
Ces deux acteurs économiques complémentaires, avec des contraintes pourtant diamétralement opposées, pourraient donc chacun contribuer à faire tourner l’économie vertueusement ! Tout l’art de la politique économique est d’ajuster ce fragile équilibre.
L’idée est donc d’introduire un troisième acteur qui, tels les chambres de compensations bancaires ou les réassureurs, joue ce rôle d’amortisseur, de prise de risque : des agences d’employés fourniraient aux entreprises la flexibilité voulue et aux employés un contrat en CDI indépendant des aléas de l’employeur final.
En externalisant les ressources humaines chez ces spécialistes, en étant employé d’une agence et non d’une entreprise, la gestion des ressources humaines devient enfin orientée employés et non employeurs, et se professionnalise (formations selon les besoins du marché de l’emploi, santé et stress, recherche de poste, gestion de carrière, etc.) bien mieux qu’aucun travailleur ne saurait le faire lui-même !
Les entreprises pourraient enfin adapter leurs ressources à leurs besoins le plus efficacement (rendre les ressources inadaptées ou non utilisées à l’agence, en demander d’autres, répondant à de nouveaux besoins, selon les aléas du carnet de commande), et ce sans risque de peser dans les comptes à long terme, et donc pourront répondre aux commandes aléatoires du marché, créer de l’emploi, donc du pouvoir d’achat et, in fine, de nouvelles commandes.
De même, les salariés, même "utilisés" chez des entreprises à risques (TPE, start-up, en crise...) pourront, assurés de leur CDI chez leur agence, consommer et contracter les emprunts nécessaires à leur avenir (logement, etc.) et donc... générer aussi de l’emploi.
Ces agences existent déjà : les agences d’intérim (mais qui n’emploient pas en CDI, n’assurant donc pas l’intégralité de ce cercle vertueux) ou, mieux, les sociétés de prestations externalisées ou encore les "SSII" où les jeunes ingénieurs, souvent, font leurs premières armes : ces derniers, en position de force sur le marché pour refuser les emplois précaires sous forme d’intérim, sont recrutés en CDI par ces pseudos SSII pour être revendus sous contrat de service pour quelques mois de missions ou projets à des industriels dont les commandes sont fluctuantes et les coûts en ressources lourds. Elles jouent donc ce rôle et ce avec succès, à voir les croissances des Altran, Alten et autres acteurs de ce marché à la limite du "délit d’esclavage", terme juridique commun pour désigner cette pratique proscrite, mais tolérée dans ce cas de revente de personnel. Ces sociétés sont incomparablement mieux armées et plus efficaces que les agences gouvernementales (ANPE, APEC...) ou les employés eux-mêmes pour trouver un "client", employeur final, à leurs recrues : compétition, intéressement, cadres commerciaux, tous les moyens de l’économie de marché moderne, à l’efficacité prouvée, sont mis à la disposition des gestionnaires d’équipes pour "placer" leurs poulains.
Une déréglementation, ou re-réglementation, de ce marché des ressources humaines, permettrait à ces acteurs de jouer enfin ce rôle sans plus aucun complexe, pour le bien de nos deux acteurs économiques fondamentaux.
Mieux, on peut imaginer que les charges, impôts et taxes diverses relatif au travail afin d’"assurer" les formations (Congecif) et le chômage (Assedic), services rendus finalement directement par l’agence ou ses prestataires privés (formateurs, réassureurs) baissent.
En poussant le modèle bien plus loin, on peut imaginer une véritable révolution de la gestion de notre manière de gérer nos capacité de travail : si ces agences, en professionnels prévoyants, veulent faire de la "R&D" c’est-à-dire construire elles-mêmes les ressources qu’elle jugeront plus adaptées au marché et plus rentables pour elles parce que construites par elles, elles pourraient à terme gérer aussi les formations professionnelles initiales, en "embauchant" dès le bac, leurs futures ressources et leur proposant les formations (internes ou externalisées à des écoles et universités spécialistes) les meilleures en termes de "valeur ajoutée".
Car c’est de cela, in fine, dont il s’agit : apporter à chacun, jeune ou quinquagénaire, le maximum de valeur ajoutée, d’"employabilité" afin d’être toujours demandé au meilleur prix sur le marché. Et en général au meilleur emploi, plus intéressant et motivant pour l’employé lui-même.
Ce modèle social est l’aboutissement du modèle actuel : alors que le monde économique est libéral (et qu’il a été prouvé par les faits que ce modèle est, pour le moment et tant qu’aucune autre alternative plus efficace n’a été trouvée), le plus efficace, y compris pour créer de l’emploi, le chaînon économique majeur des ressources humaines est toujours non libéral : géré par des organismes d’Etats et par les individus eux-mêmes, loin de l’efficacité des entreprises privées et de leurs moyens et méthodes modernes, elles fournissent des bataillons de ressources pas ou mal adaptées à ces dernières. Et, étant toujours mieux servi par soi-même, rendre aux entreprises le pouvoir de former elles-mêmes leurs futures ressources ne serait que logique.
De même et toujours plus loin, on peut imaginer que ces agences "achètent" leurs employés à des universités privées, à charge donc pour elles de former au mieux, au plus près des besoins, leurs bataillons d’étudiants. Et de même encore, qu’elles-mêmes se "fournissent" en étudiants dans les lycées et écoles, ceux à qui elles se jugeront capables d’apporter le plus de valeur ajoutée et donc de "marge" à la "revente".
C’est ainsi, en termes de "valeur ajoutée" comme pour toute autre création de produit et service, qu’il faut penser la gestion de ressources humaines, par les écoles, universités et autres organismes de formation professionnelles, agence. C’est en étant motivé par l’"achat", la création (formation), et la "vente", cette valeur ajoutée, et non une valeur absolue, que chaque acteur socio-économique libéral apportera le plus d’effort et d’efficacité, donc de résultat, à la pleine employabilité, même du plus défavorisé des élèves : il sera plus "rentable" de former un mauvais élève et d’en faire un employé moyen (marge= 10-0=10, en grossissant le modèle) , que de former un excellent élève à devenir un excellent ingénieur (marge= 20-20=0), contrairement au modèle actuel. Le système pourrait donc s’avérer finalement bien plus social qu’aujourd’hui !
Certains, en particulier les jeunes, encore romantiques quant à leur vie professionnelle, voient ce modèle comme une ultime capitalisation de leur vie et, pire, "un homme n’est pas une marchandise" ! Mais si. Un homme est une ressource pour une entreprise, en général ni plus ni moins, et penser que les RH sont là pour gérer votre carrière plutôt que les intérêts de l’entreprise est utopique. Après quelques années, les désillusions de promesses de la RH rarement tenues (formations, évolution de carrière...) viennent assombrir cette image et "déniaiser" la jeune recrue qui, souvent, n’a jamais lu complètement ni son contrat ni l’accord de branche et ne connaît pas ses droits. Et bien sûr, nul n’est tenu de confier son avenir professionnel à une agence... ; s’il préfère se gérer lui-même : c’est le cas aujourd’hui des "free-lance", par exemple. Avec les risques et besoins afférents à assumer.
L’économie fonctionne en mode "pull", la demande dirigeant l’offre. Mais la formation de nos jeunes fonctionne aujourd’hui en mode "push", créant une offre rarement en adéquation, en quantité et qualité, avec la demande. Comme un maillon à l’envers dans une chaîne, il bloque. Ce n’est qu’en rendant cohérent et compatibles tous les éléments de la chaîne, de l’écosystème économique et, en premier lieu le plus important, l’homme, qu’on pourra débloquer le système pour le faire tourner vertueusement.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
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