L’art d’être sceptique envers les climato-sceptiques
une critique du néo climato-scepticisme
11.000 scientifiques de 150 pays ont signé le 5 novembre 2019, un manifeste sur l'urgence climatique dans la revue BioScience. Le consensus est international et pointe du doigt notre mode de vie à changer mais dans un village breton entouré de palissade, on veille, on étudie, on combat la dominance et la toute puissance de la pensée unique, Ouf !
Sur Agoravox, on a toujours une avalanches de commentaires qui vont dans le sens de la négation de la responsabilité anthropique du changement climatique. Mais je pense que les contre-arguments à opposer aux sceptiques du réchauffement d'origine anthropique n'ont pas été assez popularisés et ont été bien mal diffusés. C'est facile de se rebeller contre la pensée dominante et puis d'ailleurs c'est bien tentant, à la fois pour les esprits rebelles et à la fois pour soulager notre conscience si on devait acter notre responsabilité individuelle et collective. On ne changera pas chacun de nous, notre mode de vie si on n'est pas convaincu de la responsabilité anthropique. On ne changera pas nos institutions citoyennes et nos actions communes qui se feront avec nos changements de mentalités si on n'est pas convaincu de la responsabilité anthropique. On ne baissera pas drastiquement nos pollutions (délocalisées ou non) et nos émissions si on n'est pas convaincu de la responsabilité anthropique. J'ai eu des enfants depuis les attaques des scientifiques de Copenhague en 2009 et j'ai donc aussi une responsabilité : celle de ne pas refuser le dialogue entre climato-sceptiques et personnes convaincues pour faire avancer les choses. Il faut donc étudier chacun des arguments des sceptiques, les étudier, les prendre en compte sans a priori et leur opposer les contre-arguments avec respect. C'est cela aussi la science, l'argumentation et la contre-argumentation dans le respect de l'autre. Cela fait avancer la compréhension de tous sur tous les phénomènes.
Eh bien figurez-vous que ce travail a déjà été fait bien sur, à différentes échelles sur internet, des articles, des blogs L'art d'etre sceptique envers les climato-sceptiques, des site dédiés et à différents niveaux scientifiques. Il faut donc populariser le raisonnement scientifique et tout le travail effectué sur ces différents sites. On peut facilement trouver celui-la : https://skepticalscience.com/argument.php . Ce site recense ainsi 197 arguments climato-sceptiques, c'est dire la popularité et l’inventivité des personnes climato-sceptiques qui argumentent.... et bien sur aussi de l'inverse, c'est à dire les forces et le nombre de personnes qui veulent contrer les arguments des climato-sceptiques. Sur ce site, chaque argument est contre-balancé par un contre-argument.
Certains rejettent donc toujours la responsabilité anthropique mais il faut le noter, plus personne de nie le réchauffement climatique. C'est à dire l'augmentation des moyennes des mesures de températures sur la Terre. En 2009 à Copenhague, on avait alors attaqué les scientifiques sur leurs méthodes de mesures et quelques climato-sceptiques qui apparaissaient dans les médias entretenaient l'espoir d'un non-réchauffement. Je dis l'espoir car je me sentirais moins responsable si ils avaient raison ! Mais on critique toujours quelque chose dans le raisonnement de l'origine anthropique. Exploitons un argument climato-sceptique car on ne peut pas faire le tour des 197 arguments du site cité plus haut.
Re-expliquons d'abord de manière simpliste et simplifié ce qu'est le phénomène d'augmentation de la température vu du prisme des gaz à effet de serre (ou GES) dont le dioxyde de carbone (CO2) fait partie. Puis donnons un argument climato-sceptique et essayons de le contrer avec une autre source d'information et notamment des expériences scientifiques en regard.
L'homme par la combustion des masses de carbone enfouies et fossilisés dans le sol et sous la mer, augmente la concentration de CO2 dans l’atmosphère (et d'ailleurs aussi de la vapeur d'eau qui est l'autre produit d'une combustion, eau qui intercepte aussi du rayonnement). Le CO2 d'une couche d’atmosphère intercepte une partie du rayonnement infrarouge(I.R.) émis par la surface de la Terre et par les autres couches de l’atmosphère. Le CO2 d'une couche restitue une partie de cette énergie sous forme de rayonnement lui aussi infra-rouge qui revient en direction de la surface de la Terre. Ce rayonnement qui revient vers la Terre est de l’énergie qui fait augmenter la température à la surface de la Terre. A noter aussi que les autres produits des combustions : suies et cendres déposés sur les sols peuvent aussi augmenter l'absorption du rayonnement solaire par les sols (le phénomène d'« albedo » ou la réflexion du rayonnement solaire diminue ainsi)
Opposons des arguments climato-sceptique à cette description (on a le choix mais ceux qui suivent sont en vogue sur agoravox). Le CO2 absorbe bien une partie de l’énergie I.R. mais il n'y pas de rayonnement qui revient ensuite en direction de la surface de la Terre. Les conditions de réémissions ne sont pas réunies. Ce surplus d’énergie ne fait qu'augmenter l’épaisseur de la couche atmosphérique et cette énergie est ensuite évacuée vers l'espace. C'est principalement les nuages et l'eau liquide en suspension qui renvoient les infra-rouges.
Et bien le souci c'est qu'on écarte tout le monde avec cette réponse : cette réponse est bien construite et s’appuie sur des arguments scientifiques qu'il faut analyser pour les réfuter, ce n'est pas possible pour beaucoup de personnes et c'est même tout à fait normal, d'une part par manque de connaissance et d'autre part pas manque de temps, essayons quand même.
Cherchons un site... !!! https://scienceofdoom.com/2010/07/17/the-amazing-case-of-back-radiation/ Celui-ci répond bien au problème mais il est en anglais.... je vais essayer de reformuler la contre-argumentation à une partie du problème posé ci-dessus en utilisant quelques connaissances et en m'appuyant sur cette article.
Point 1) Il existe des instruments scientifiques pointés vers le ciel depuis longtemps qui mesurent la quantité de rayonnement infra-rouge renvoyée sur la surface de la Terre, rayonnement dit DLR « downward longwave radiation », du rayonnement infrarouge au dessus de 4000 nm= 4 μm. Le fait de mesurer la partie du rayonnement supérieure à 4 μm élimine le rayonnement direct du soleil.
Ci-contre les résultats d'une station sur trois jours :
Ordonnés : Puissance du rayonnement des I.R. supérieures à 4 μm reçu au sol en pointant vers le ciel.
Abscisses : Heure UTC
Expérimentalement : il existe bel et bien du rayonnement infrarouge (d'autres relevés de stations sur le site), la conclusion du point 1 est qu'il existe du rayonnement infra-rouge qui vient de l’atmosphère et qui rayonne sur la Terre. La question c'est maintenant, est ce que ce rayonnement infra-rouge vient en partie du CO2 ?
Point 2) Il existe d'autres instruments scientifiques pointés vers le ciel qui non seulement mesurent la quantité de rayonnement infra-rouge renvoyée sur la surface de la Terre mais aussi mesurent la quantité de rayonnement dans chaque micromètre de ce rayonnement (pas seulement la mesure globale de rayonnement sur la totalité des micromètres d'infra-rouge supérieures à 4 μm).
Ordonnés : Puissance du rayonnement reçu au sol en pointant vers le ciel.
Abscisses : La longueur d'onde du rayonnement de 20 μm à 7 μm, attention c'est dans le sens décroissant, (ici c'est le nombre d'onde dans le sens croissant)
Les longueurs d'onde pouvant être émises par les gazs sont les mêmes que ces gazs peuvent absorber. Si vous avez plus d'information, de documents sur les conditions d’émission je suis preneur, je les cherche. Toujours est-il que des gazs absorbent des photons infrarouge(IR) en des endroits bien précis du spectre IR selon leur nature propre et que ces gazs peuvent ensuite émettre à ces mêmes endroits bien précis. On a comme une signature du gaz quand on lit son spectre I.R. Chaque gaz a de façon univoque son propre spectre I.R, c'est en somme une carte d’identité du gaz. Si on augmente la concentration du gaz, les pics vont rester centrés aux mêmes endroits. On connaît très bien les spectres d'absorption I.R des gazs qui sont référencés dans les bases de données scientifiques. Décrivons succinctement les deux gaz principaux : le CO2 a un pic d'absorption assez menu à 4 μm et un pic d'absorption assez large à 15 μm , H2O a un pic d'absorption à 7 μm et absorbe plutôt également entre 10 et 20 μm. On en déduit et on explique donc que le pic à 15 μm du rayonnement infrarouge reçu par le sol provient d’émissions de molécules de CO2.
Dans des endroits secs, les mesures de rayonnement sont clairement différentes. On a par exemple des mesures bien différentes pour un été au Canada (présence d'eau figure 3) et un hiver (sec figure1).
Des mesures ont même été faites en Antarctique ou il fait encore plus sec (figure 11).
Le pic élargi de puissance de rayonnement I.R. reçu par le sol autour de 15μm est donc au même endroit que le 15μm de la carte d’identité du spectre d'absorption du CO2 . Ce pic aussi est en place sans la presence d'eau. Ce pic de puissance I.R est donc bien du au CO2. Il reste un point de physique très intéressant que je voudrais connaître sur les conditions d’émission et qui est soulevé par les arguments climato-sceptiques cités plus hauts. On considère ainsi le CO2 comme une molécule avec ses propres niveaux d’énergie quantiques de vibration et de rotations qui absorbent et ré-emettent dans l'IR aux mêmes endroits. Cependant je n'ai pas trouvé de sources approfondies sur les conditions d'absorption et d’émission dans l'IR d'une molécule qui vibre et tourne. Peut être qu'ils n'y en a pas et que cela se fait aléatoirement avec des durées moyennes sur des hauts niveaux d’énergies avant de retomber sur des bas niveaux d’énergie en ré-émettant aux mêmes endroits du spectre IR où la molécule a absorbé ? Cher lecteur, si vous êtes arrivés jusque la, je serai attentif à vos liens vers des documents publiés ou vers des livres de référence sur ce sujet car bien qu’expérimentalement il y ait la signature du CO2 à 15 μm dans le rayonnement reçu, cela serait bien aussi de connaître les conditions théoriques de retour à un bas niveau d’énergie de rotation ou de vibration par émission d'IR.
En conclusion, j'aimerais tant que les climato-sceptiques aient raison, je subirais moins de distorsions mentales sur ce que je fais et sur ce que je devrais faire pour mes enfants, je consommerais sans trop me sourciller des émissions de gaz à effet de serre et pourrais m'acheter un SUV (si j'en ai les moyens) plutôt qu'une 1,2L essence, être heureux en roulant au milieu d'une belle forêt et d'une belle plage ensoleillée et iodée comme la publicité me l'a inculquée. Non pardon, je serai heureux sur le moment mais je déchanterai assez vite : la version 3 du SUV sortira dans 1 an. Je me frustrerai quand même. Bon récapitulons, oui je crois que le CO2 a bien une incidence (non je n'utilise pas croire par provocation) mais malheureusement on en émet toujours plus. Si on veut en émettre moins, il faudra moins consommer et par la émettre .... du chômage ?… super.... ? A moins qu'on redéfinisse le travail... ?... D'ailleurs sans croissance dans ce monde capitaliste, on augmente les inégalités avec une proportion plus grande de la richesse provenant des héritages et du patrimoine transmis, la société est bloquée et redevient celle du XIXème siècle. Donc pour lever la contradiction entre augmentation de la consommation (= croissance) compromettante pour notre avenir de long terme et la décroissance (ou stagnation) qui accroît les inégalités et le chômage, il n'y a qu'une alternative : un profond changement de notre société, de notre capitalisme (en sortir ?) et de nos modes de production mais pour certains revenir aussi au plaisir de se contenter de moins (Pierre Rhabi bien sur mais aussi Dennis Meadows !). Ce plaisir je crois que c'est un peu celui de ceux qui jeûnent et qui marchent, vous connaissez ces cas spéciaux ? Cela fait du bien à leur corps et il en apprennent sur leur corps et son contrôle. (bon je m'égare je crois, il est tard). C'est dur à admettre mais c'est l'unique moyen si on veut voir perpétrer ses gênes sur la longue durée (objectif de tous les êtres constitués de cellules), oups pardon mieux : l'unique moyen si on aime ses enfants et son prochain... Bon dimanche citoyen, il se fait tard.
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