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Accueil du site > Actualités > Europe > Turquie et géopolitique

Turquie et géopolitique

À la question souvent posée de savoir pourquoi on insiste tellement pour intégrer la Turquie au sein de l’Union européenne, il n’est pas facile de répondre, tant les aspects géopolitiques mais aussi ceux qui régissent la construction européenne participent à des mythes, des tropismes, aussi bien qu’à des réalités.

En ce qui concerne l’Union européenne, il s’agit principalement d’un tropisme de genèse : on intègre, ou dissout à l’intérieur ce qui potentiellement est dangereux. La logique n’est pas neutre, elle participe à la genèse même de l’Europe qui s’est construite par l’association de deux ennemis héréditaires, la France et l’Allemagne, sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale. Le processus d’intégration des pays « à problèmes » comme la Grèce, l’Espagne et le Portugal ont renforcé cette attitude : le projet de l’intégration a fini par payer, et la chute des dictatures est due en partie au projet européen. Le sort des pays du bloc de l’Est s’insère dans la même logique : intégrer des sociétés post-communistes pour ne pas avoir à résoudre des problèmes à ses frontières générées d’un « développement irrationnel » tel qu’il apparaît en Russie par exemple. Cette attitude est devenue une habitude. Le choix entre un arrière-pays entropique externe ou son assimilation, pousse l’Union européenne à s’étendre à l’infini avec, comme objectif déclaré, la « normalisation » de son espace proche. En filigrane apparaît ainsi une idée maîtresse : quels que soient les problèmes politiques (dictature, communisme et aujourd’hui islamisme, instabilité politique), le « processus d’intégration » finira par les résoudre. Si cela s’est vérifié avec les pays méditerranéens, on est loin du compte avec ceux de l’Europe centrale. D’autant plus que la rapidité de leur entrée a fait l’impasse sur la dynamique du processus lui-même, censé aplanir les problèmes avant l’intégration. La chose est encore plus évidente avec les tout derniers venus, la Roumanie et la Bulgarie : la machine s’est emballée, tandis qu’en Europe même la gestion interne connaît les impasses qu’on lui connaît. Accusée d’une « fuite en avant » l’Union européenne continue cependant à planifier l’entrée de la Turquie en son sein. Pourquoi ?

L’entrée de la Turquie implique deux séries de questions. La première nous concerne directement : qui sommes-nous ? qu’est-ce que l’Europe ? quels sont ses objectifs ? Ce sont des questions auxquelles, jusque-là, on n’avait répondu que par des généralités. Transformer ces questions en « projet d’élargissement » et répétant les principes fondateurs de la CECA ou de la CEE, c’est faire preuve d’anachronisme et indiquer un désarroi évident. Par ailleurs, le bon fonctionnement des institutions ne peut pas pallier un projet politique. Bien gérer n’est pas synonyme de projet. Certes nécessaire, le principe d’une majorité renforcée remplaçant l’unanimité n’est pas un but en soi. Faute de projet politique, la technostructure européenne se justifie ainsi par la dynamique de l’élargissement.

La deuxième série de questions concerne la Turquie elle-même. Pourquoi faudrait-il l’intégrer ? Les raisons avancées ont leur poids. La Turquie, pendant toute la période de la guerre froide a profité de son ancrage à l’Occident en se transformant en un gigantesque porte-avions visant le ventre mou de l’URSS. Membre de l’OTAN, elle a joué un rôle stratégique primordial. Cet ancrage, qu’elle a brillamment marchandé, a été aussi son meilleur bouclier pour ne pas se transformer en démocratie réelle. On lui a toujours pardonné ses coups d’Etat parfois sanglants, la pendaison de plusieurs de ses hommes politiques, la répression des années 1970, l’existence d’une extrême droite ultranationaliste et mafieuse, la négation du génocide arménien, l’invasion de Chypre, ses guerres sales anatoliennes ou urbaines, son refus de reconnaître la minorité kurde, etc. La fin de l’Union soviétique, qu’Ankara avait anticipée étant très présente en Asie centrale, aurait pu sonner le glas de cette attitude tolérante. La première guerre en Iraq, les guerres balkaniques, son rapprochement spectaculaire avec Israël, sans oublier le développement économique qu’elle a su mettre en place sur sa façade méditerranéenne qui lui permit de passer d’un capitalisme d’Etat à une économie de marché, bref, la reconduction de sa position stratégique, ont perpétué le laxisme occidental vis-à-vis de ce pays. La déliquescence de sa classe politique, l’avènement d’un mouvement politique confessionnel aujourd’hui au pouvoir qui la remplaça, la « criminalisation du politique » et même l’apparition de mouvements islamistes ultras, ne changèrent pas la donne. Les nouveaux périls ne remplacent pas les anciens. Ils se superposent, tandis que les vieilles crispations nationalistes (question kurde et arménienne) restent toujours intactes. Le processus d’intégration de la Turquie est le plus ancien. Or, force est de constater que l’Union douanière et les négociations durant les années 1970-1995 n’ont pas changé grand-chose sur la situation interne turque. C’est vrai, les exigences n’étaient pas énormes de la part de l’Union. Cela a-t-il changé depuis ? Oui, certainement. Les réformes se sont accélérées depuis 2004, portant essentiellement sur des aspects économiques et législatifs. Ce qui transforme par ailleurs ce pays en une des cibles des fondamentalistes. Cependant, les résistances concernant Chypre - pays membre de l’Union européenne -, celui des minorités, et, plus généralement le passage d’une démocratie formelle à une société dite « ouverte » (qui, après-tout, est l’objectif final du processus d’intégration), a pour l’instant très peu évolué. La « longue marche forcée » que Kemal Atatürk imposa à son peuple avec une rigueur toute militaire était possible. Dans les années trente, plusieurs pays avaient des régimes autoritaires, il ne faisait pas exception. Les années de guerre et les débuts de la guerre froide lui permirent de parachever son projet. Aujourd’hui, un projet volontariste et autoritaire, qui passerait outre les aspirations, les certitudes et les contradictions de la société turque n’est plus chose aisée. La société turque est en constante effervescence, comme l’indique l’aventure de l’élection présidentielle. Enfin, ce n’est pas chose simple pour la Turquie de gérer son statut régional. L’affaire kurde l’inquiète et son prolongement iraquien la met en porte-à-faux avec son allié américain. Le problème de l’eau qui perpétuera un conflit latent avec la Syrie n’est pas une affaire réglée, loin de là, d’autant plus que les barrages qui le monopolisent se situent en Anatolie kurde. La mer Egée, la définition des eaux territoriales, Chypre, gardent le front ouest « ouvert ». Bref, les crispations géopolitiques nourrissent les crispations internes et vice-versa. Nous sommes plus près d’une situation de blocage que d’une autoroute grande ouverte vers les réformes culturelles, sociétales et sociales exigées. Cela ne tranche pas évidemment la question de l’intégration, mais n’est pas étranger aux problèmes qu’elle rencontre. D’autant plus que le processus lui-même paraît, aux yeux d’une frange de la population, comme une contrainte supplémentaire.


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71 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 4 juin 2007 09:49

    La Turquie ce n’est pas l’Europe et vouloir chercher à interger des pays qui n’ont aucune culture identique à la culture européennes serait une grave erreur.

    Allez plutot demander à ce pays et à se régime islamiste de respecter les droits de l’homme et de se construire une zone de libre échange avec des pays de leur culture. (Syrie,Libye,Liban,Irak..)


    • Gazi BORAT 4 juin 2007 10:16

      @ lerma

      Juste 2 points (de détail ?)

      - 1/ La Turquie est plus proche culturellement des autres nations turcophones que des pays arabes que vous mentionnez.

      - 2/ D’autre part, le soutien à Jean Marie Le Pen dont vous avez fait preuve durant la campagne électorale présidentielle démontre votre goût pour les régimes « musclés » et font naître un doute sur votre attachement aux Droits de l’Homme.

      gAZi bORAt


    • tvargentine.com lerma 4 juin 2007 11:59

      Vous laissez entendre que j’ai voté LEPEN,c’est faux !

      Cela démontre bien que vous n’acceptez pas le choix républicain des citoyens français qui ont élu Nicolas Sarkozy président de la République Française.

      Vous n’acceptez pas l’esprit de contradiction, mais ça c’est normal,vous ne reconnaissez toujours pas le génocide arménien.

      Vous êtes trop intolérant pour rentrer dans l’Europe et l’Europe ne veut pas de vous dans sa totalitée

      Votre gouvernement turc sont des obscurantistes islamistes comme vous ,et mon Président Nicolas Sarkozy à dit,que si vous n’êtes pas content en France vous pouvez rentrer dans le pays que vous aimez tant : LA TURQUIE


    • Gazi BORAT 4 juin 2007 12:29

      @ lerma

      A titre personnel, je n’ai jamais nié le génocide arménien, milite pour la mise en place d’une commission d’historiens concernant la question et pour le rapprochement de ces deux peuples.

      Du côté religieux, je ne suis pas islamiste puisque même pas musulman mais athée..

      En ce qui concerne la dernière injonction à quitter le territoire, elle me rappelle un échange entre un citoyen turc (d’extrème gauche) et son voisin un médecin (encarté Front National et fier de l’être) pour une place de stationnement.

      Le MEDECIN : « Si vous n’êtes pas content, retournez dans votre pays ! »

      Son VOISIN : « Moi communiste international, moi partout chez moi ! »

      J’avoue avoir ri en les entendant..

      gAZi bORAt

      PS : Pourquoi le vote « Front National » est-il un vote si honteux ?


    • Fred 5 juin 2007 03:38

      Curieux de prétendre reconnaitre le Génocide arménien et évoquer cet abject instrument du négationnisme turc habituel qui est de réclamer une commission d’historiens mixtes. L’histoire a été dite, redite et archidite.

      J’attache à ce message un article que j’ai publié sur le sujet.

      Un des principaux arguments Turcs face à la proposition de loi déposée par le parti socialiste le 12 octobre 2006 visant à punir la négation du Génocide Arménien et qui ne confine pas, à ce que l’historien Turc Halil Berktay qualifiait de « délire négationniste » (comme les récents projets de légiférer sur un Génocide Français en Algérie, boycotter toute relation commerciale avec un des principaux pays fondateurs d’une Europe qu’elle souhaite rejoindre ou encore expulser 70000 arméniens de Turquie), tient en une proposition « d’ouverture » faite au premier ministre arménien de créer une Commission mixte d’historiens chargée d’étudier cette question.

      Cette grande « avancée » a été acceuillie parfois avec enthousiasme par de nombreux hommes politiques et penseurs soucieux de ne pas froisser la Turquie comme Philippe Douste Blazy le 18 mai 2006 dans son discours d’opposition au premier projet de loi punissant la négation du Génocide prononcé à l’Assemblée Nationale mais également Luc Ferry dans une tribune publiée par le Monde le 12 mai 2006.

      Mais pour qui sait ou veut bien lire correctement cette proposition, le négationnisme d’Etat pratiqué par la Turquie, se lit cinq fois dans son le libellé même.

      Car enfin, qui la Turquie compte-t-elle tromper avec sa « Commission d’historiens Turco-Arméniens chargée de faire la lumière sur les événements tragiques qui se sont déroulés entre 1914 et 1922 en Anatolie Orientale » ?

      - Rouvrir les débats sur un fait historique avéré n’est jamais qu’un grand classique des négationnistes de tous les génocides. La rhétorique est immuable, elle consiste à insinuer de facto un doute à partir de pseudo-vérités scientifiques ou de vérités déformées : s’il est nécessaire de rediscuter des événements en question, c’est que tout n’a pas été dit, qu’il faut « faire la lumière » sur des faits supposés réels mais cachés au plus grand nombre : toute analogie avec les négationnistes d’un autre génocide n’est pas fortuite, les crimes de masse ne peuvent se nier autrement qu’à l’audace, au discours outrageusement spécieux.

      - Quand bien même l’inacceptable principe de rediscuter du Génocide Arménien en « commission » devait être retenu, se pose immédiatement la question de sa restriction à des historiens Turcs et Arméniens. Pourquoi une telle limitation ? A cela trois raisons, parce qu’il s’agit de nier l’universalité d’un tel crime, tenter de le banaliser, le déshabiller encore un peu plus de sa dimension exceptionnelle : sa qualification de Génocide. Par ailleurs placer une telle commission sous l’égide de l’ONU ou de toute autre instance internationale, n’aurait aucun sens pour la partie Turque : elles ont toutes déjà reconnu officiellement le Génocide Arménien sur la base des montagnes de preuve existantes y compris la condamnation même des principaux génocidaires par la Turquie au procès de Constantinople en 1919. De l’ONU au Parlement Européen à la chambre américaine des représentants, le Vatican ou le Grand Rabbin Askenaze d’Israël en passant par la Douma et toutes les associations qui militent dans le monde pour le respect des droits de l’homme, il n’est aucune organisation ou institution crédible qui n’ait reconnu ce Génocide. Enfin, il faut comprendre « d’Arménie » et non « Arménien », ce qui éliminerait la diaspora, soit la plus grosse partie des arméniens rescapés du génocide de cette commission rêvée par les Turcs.

      La mention « d’événement tragique » outre le fait qu’elle diffère du mot Génocide, est également une ancienne « technique négationniste » qui dans le cas de la Turquie va encore plus loin dans l’abjection parce que ce libellé sous-entend spécifiquement dans ce pays, que le Génocide était le fait...des arméniens sur la population civile Turque et que cette commission pourrait établir l’existence de cette chimère que seuls, même en Turquie, quelques ultra-nationalistes extrémistes continuent d’imaginer

      La période retenue n’est elle aussi pas neutre, s’intéresser à la période 1914-1922, c’est ignorer les terribles massacres de1894-1896 (dont l’ampleur, 200 000 morts, et l’horreur pourraient leur valoir à eux seuls la qualification de Génocide) ainsi que ceux de Cilicie de 1909 (30 000 morts), c’est nier cette constante génocidaire souvent oubliée, étalée sur plus de 20 ans et trois régimes dans l’Empire Ottoman entre la fin du XIX ème siècle et le début du XXème.

      Enfin, circonscrire les lieux à l’Anatolie Orientale, c’est faire bien peu de cas des innombrables massacres d’arméniens perpétrés bien loin de cette zone, c’est-à-dire bien loin des zones de combat avec les Russes pendant la première guerre mondiale, et qui élimine de fait un argument essentiel et souvent utilisé par les négationnistes du Génocide Arménien : les tueries n’auraient été que des dégats collatéraux dans les déplacements de population inhérant à une période de guerre.

      Force est de constater qu’encore une fois, même dans ces « nouvelles » propositions, la Turquie cherche à échapper à ses responsabilités historiques, à flouer le jeu sur un sujet aussi grave pour cause d’agenda européen. Il serait illusoire, naïf ou inquiétant d’y voir un fléchissement de la Turquie. Les arméniens qui ont appris à reconnaitre la négation et ses techniques depuis 91 ans ne sont pas dupes, et il ne faudra pas s’étonner de les voir refuser dans leur immense majorité, à l’instar du premier Ministre de la République d’Arménie, toute participation à ce type de mascarade.


    • Gazi BORAT 5 juin 2007 07:34

      « ...L’histoire a été dite, redite et archidite... »

      Curieuse position...

      Selon vous, les travaux des historiens devraient s’arrêter à un moment donné, sous prétexte que tout est connu d’un évènement passé.. et que tout travail de recherche ou étude complémentaire ne mènerait qu’au révisionnisme ou au négationnisme..

      Une commission d’historiens INTERNATIONAUX (pourquoi la limitez-vous aux Turcs et aux Arméniens ?) permettraient enfin que soient établis, de façon incontestable, les circonstances et l’ampleur du génocide.

      D’autre part, vous vous trompez. La position des négationnistes turcs est exactement la même que la vôtre : tout a été dit sur l’évènement et il n’est pas utile d’y revenir et de modifier les livres d’histoire des enfants turcs.

      Cette attitude me fait penser à celle qui a prévalut en France dans l’immédiat après guerre, au moment du résistancialisme.

      La vision de l’histoire française était bloquée car il fallait absolument la figer sur l’image d’une France unanimement résistante (et accessoirement unie derrière le Général De Gaulle).

      Il a fallut la le choc provoqué par la sortie du livre d’un historien américain Robert Paxton « La France de Vichy » pour qu’enfin on regarde en face la collaboration..

      gAZi bORAt


    • yann68 5 juin 2007 16:21

      Avant de parler d’un sujet allez plutôt vous renseigner sur la question.

      La Turquie n’a pas de culture commune avec l’Irak, la Syrie ou encore la Lybie.... révisez votre géographie. Tous les pays que vous avez cités sont soit arabe soit perse, les turcs n’ont rien à voir avec eux sauf au niveau de la religion.

      La France et la Turquie sont les deux seul Etats laique au monde.... ce n’est pas l’Etat qui est musulman en Turquie mais la population, ne mélangez pas tout...

      Lorsque des gens comme vous auront cesser d’avoir des propos racistes, le monde évoluera en paix.


    • Gazi BORAT 4 juin 2007 10:12

      @ L’auteur

      Merci de votre énumération de questions, qui, à elles seules, mériteraient chacunes un article.

      Cependant, un autre point serait à prendre en considération : le peuple turc souhaite-t-il entrer dans l’Europe ? Vraisemblablement, les partisans seraient majoritaires mais peut-on en être vraiment certain ?

      Le gouvernement actuel, l’AKP d’Erdogan et Gül le souhaitent indéniablement et le fait que cela pourrait affaiblir le poids de l’armée et sa position de défense de la laïcité pèsent sur ce choix.

      Mais le kémalisme ne se limite pas à la laïcité.

      Il a instauré en Turquie un interventionnisme d’état dans l’économie dont certains aspects, importants dans la vie quotidienne de nombreux citoyens comme le contrôle des prix sur les produits de première nécessité pourraient disparaître si la Turquie entrait dans l’Europe et adoptait son modèle d’économie libérale.

      De plus, dans les récentes manifestations de masse pour la défense de la laïcité, des slogans étaient bien visibles, et en nombre, appelant à l’indépendance nationale et au rejet de l’Europe.

      gAZi bORat


      • Michel Koutouzis Michel Koutouzis 4 juin 2007 10:25

        C’est bien la dernière question de mon article. Je suis d’accord, il y a en Turquie une opinion qui ne trouve pas à l’intégration rien que des avantages. Pour les raisons que vous citez très justement. En d’autres termes, il faut se désirer pour être désiré par les autres. tant que l’Union proposera une identité de technostructure sans réel projet, tant que elle apparaîtra comme une machinerie normative et libérale, tant qu’elle ne se pensera pas, elle sucitera des craintes et des refus...


      • Avatar 4 juin 2007 10:43

        L’Europe n’est qu’une partie de l’Eurasie...

        En tant que Marseillais, je me sens plus proche d’un turc que d’un islandais ou d’un finlandais...

        Nous nous baignons dans la même mer, la Méditerranée...

        Contrairement à ce qui est écrit plus haut, je crois que la jeunesse turque rêve de voir la rentrée de la Turquie dans la CEE...

        Mais faut pas les prendre pour des cons trop longtemps les turcs...Ca fait des dizaines d’années qu’on en débat, discute ,analyse...etc...

        Faudrait ptet leur donner un jour une réponse claire...

        Car pour l’instant, ce statu quo profite surtout aux barbus...


      • Gazi BORAT 4 juin 2007 11:35

        « ..prendre pour des cons trop longtemps les turcs... »

        Cela peut être une formule pertinente pour décrire ces tergiversations.. mais le phénomène n’est pas nouveau.

        Par sa postion géographique stratégique, la Turquie se trouve habituée à ces situations et négociations marquées par l’ambiguïté.

        Déjà, à la fin de l’Empire Ottoman, quand la Turquie était alors qualifiée d’ « Homme malade de l’Europe », les puissances européennes jouaient le rôle de médecins administrant des poisons mais prolongeant à tout prix l’agonie de leur malade.

        A cette époque étaient souhaités l’affaiblissement et la mise sous tutelle économique de l’Empire (la Dette Ottomane) mais surtout pas sa disparition.

        gAZi bORAt


      • armand armand 4 juin 2007 10:42

        Il existe au moins deux Turquies, celle, occidentalisée, des grandes villes et des régions les plus prospères, celle, orientale, marquée d’ailleurs par les conflits autour de la question kurde. Mais cela ne me semble guère plus problématique que la Roumanie ou la Bulgarie, et un paysan de l’est anatolien est à la limite, compte tenu de l’excellente infrastructure scolaire et institutionnelle, plus susceptible de s’européaniser qu’un Rom roumain. Au risque de répéter les arguments qui reflètent, le plus souvent, un parti-pris idéologique, les obstacles sont religieux et géographiques (l’existence d’une petite pointe turque en Europe justifie-t-elle l’appellation européenne ?). La complexité politique turque est, certes, redoutable. Puisque les nationalistes laïcs peuvent très bien être europhobes et les islamistes de l’AKP europhiles et nettement plus accomodants sur les questions d’identité. Et le rôle régulateur de l’armée offre un casse-tête certain. Mais est-ce vraiment insoluble ? Guère plus, à mon avis, que l’absorption de multiples pays qui sont passés d’un état de dictature communiste à celui de démocraties libérales en un coup de baguette magique.

        Quant à l’hypothèque chypriote, êtes-vous sûr que ce soit la Turquie, ou la KKTC du nord de l’île qui posent problème ? J’y vois plutôt de l’obstruction du côté des irrédentistes du sud, refusant le plan de réunification de l’ONU, et un empressement malsain de la CEE a accueillir un demi-état qui est loin d’avoir mis de l’ordre dans ses affaires, puisqu’il reste un paradis fiscal bien apprécié des mafiosi russes.


        • Anto 4 juin 2007 11:10

          le probleme n’est peut etre pas insoluble, mais celui offert par l’armée turque, véritable état dans l’état, ne semble pas à la portée de l’UE. C’est la deuxième force de l’OTAN derrière les US qui pour reprendre l’image de l’auteur utilisent la Turquie comme un porte avion géant. Cela offre un poids « diplomatique » international à la turquie que l’UE n’est pas capable d’intégrer tant les intérets géostragiques de chacuns peuvent différer.


        • Michel Koutouzis Michel Koutouzis 4 juin 2007 11:12

          La question que pose l’article est bien celle-là. Il y a en effet des similitudes entre les paysans roumains, bulgares et turcs, et les problèmes que connait la société turque ne sont pas radicalement différents de tous les autres pays ayant rejoint l’Union. Mais « l’empressement malsain », pour vous citer, à intégrer ces pays avant qu’ils ne soient résolus (ce qui est le but des négotiations d’intégration) crée et créera des disfonctionnements certains. Le manque de projet européen global se transforme en une multitude d’actions d’harmonisation d’après coup. Ce qui, à son tour, court-circuite les véleités d’un projet qu’il ne serait pas exclusivement « technique ». C’est ce que je nomme à mon article « la fuite en avant ». Depuis très longtemps, nous soulignons le role offshore de Chypre, et le fait qu’il soit devenu un paradis fiscal pour les républiques de l’ex-Union Soviétique. Cela ne’empêche pas une situation oxymore : un pays candidat refuse de reconnaitre un pays membre. Le droit et le droit international, les conventions, contrairement aux résolutions de l’ONU, constituent un état de fait, dont personne ne peut s’émanciper. Cela pour ne pas partir sur un jeu de responsabilités, dont chacun peut y jouer, et qui débute en 1973..., pour ne pas dire bien avant. Il n’existe pas deux mais plusieurs Turquies et vous avez raison de souligner que il existe des laïcs anti-européens et des « religieux » pro-européens. Mais il ne s’agit pas là du clivage principal. L’essentiel pour moi est la contradiction entre « démocratie formelle » et démocratie réelle". On critique la première et on craint la seconde...


        • Gazi BORAT 4 juin 2007 11:16

          @ armand

          Merci de soulever en ces termes la question chypriote. Je pense comme vous que l’Europe a été peut-être un peu trop pressée dans son intégration de l’ïle et aurait dû attendre la réunification du territoire.

          Cette réunification ne doit pas être difficile à négocier et je pense qu’en échange des quelques îlots de la Mer Egée inhabités les plus proches des côtes turques, la Turquie pourrait participer au démantelement de la République Turque de Chypre du Nord (juridiquement entité indépendante de la Turquie).

          De plus, les tensions entre Grêce et Turquie étant maintenant retombées, la Grêce ne ferai pas sans doute de difficultés à l’abandon de ces quelques cailloux..

          gAZi bORAt


        • hurlevent 4 juin 2007 12:13

          « Cette réunification ne doit pas être difficile à négocier et je pense qu’en échange des quelques îlots de la Mer Egée inhabités les plus proches des côtes turques, la Turquie pourrait participer au démantelement de la République Turque de Chypre du Nord (juridiquement entité indépendante de la Turquie). »

          Là vous êtes complètement à coté de la plaque. Tout d’abord, Chypre est un état indépendant et souverain, envahit illégalement par la Turquie. Cette invasion est en violation des règles de l’ONU. En conséquence, je ne vois pas ce qu’il y a à négocier. Les envahisseurs doivent partir et Chypre doit retrouver sa souveraineté. Je ne comprend pas pourquoi on traite avec un pays en conflit ouvert avec un pays membre de l’UE. La situation à Chypre est similaire à celle de la France entre 1870 et 1918, quand l’Allemagne occupait une partie de l’Alsace Lorraine. Accepterait-on de traiter avec l’Allemagne dans ces conditions ?

          D’autre part, Chypre ne possède aucun îlots dans la mer Egée. Seuls la Grèce et la Turquie en possèdent.

          « De plus, les tensions entre Grêce et Turquie étant maintenant retombées, la Grêce ne ferai pas sans doute de difficultés à l’abandon de ces quelques cailloux.. »

          Je ne vois pas en quoi la Grèce est-elle concernée par le conflit Chypre-Turquie.

          Chypre est aujourd’hui sous occupation militaire étrangère, une occupation dénoncée par une résolution de l’ONU. J’espère que l’armée Turque sera éjectée de Chypre le plus tôt possible.


        • Gazi BORAT 4 juin 2007 13:09

          @ hurlevent

          La Grêce est-elle concernée par la question de la réunification chypriote ?

          Oui, et tout autant que la Turquie, dans la mesure où la partition de l’île découle d’un conflit entre ces deux nations.

          A cette époque -rappelons-le- la Grêce des colonels avait prononcé l’ENOSIS (annexion) de l’île, son chef d’état Mgr Makarios se rapprochant alors trop à son gré du bloc soviétique. Dans le cadre d’une telle « anschluss », vu le caractère démocratique du régime de la junte grecque alors au pouvoir, la communauté turque de Chypre avait tout à craindre de l’arrivée de l’armée grecque.

          Aujourd’hui, si la République Turque de Chypre du Nord est une entité juridiquement séparée de la République Turque, des troupes turques stationnent effectivement dans cette partie de l’ïle, à la demande de ce gouvernement, tout comme des troupes françaises stationnent dans certains pays d’Afrique.

          Vous me rétorquerez que ce mini état est un état fantoche et vous n’aurez pas tort - tout comme certains pays d’Afrique..

          La Turquie peut jouer de ses bons offices mais, dans ce cas, une négociation est inévitable.

          Quant au non-respect d’une résolution de l’ONU, une précédente protestation datant de 1967 n’a jamais non plus été entendue..

          gAZi bORat


        • tarzoon 4 juin 2007 15:58

          concernant ta comparaison entre les roms roumains(pays et peuples que je connais tres tres bien) et les paysans de l’est de l’anatholie je pense que tu t’egard fortement car dans un premier temps il faudrait deja que ces paysans accepte et integere les lois de leurs propres pays ce qui n’est pas le cas car des tribunaux de village (ou tribunaux islamique) font appliquer leur propre loi et justice . Pense tu que les droits de l’homme sont mieux respectes en turquie qu’en bulgarie ou roumanie permet moi d’en douter !!

          et pour chypre un pays attaqué , la perte de la moitie de leur territoire l’expulsion de tous leur citoyens de la partie nord de l’ile (des populations turque qu’on a force a s’installer sur cette ile) !! la turquie refuse de rendre cette partie de l’ile , la turquie refuse de reconnaitre chypre (ce qui est un comble pour un pays voulant integrer l’europe !) et qui jusqu’a recemment refusait l’ouverture de ces ports et aeroports !!!mais à part ça ils ne sont responsables de rien...... bien dit !!


        • Gazi BORAT 4 juin 2007 16:18

          @ Tarzoon

          « Justice parallèle »

          Ce type de justice n’est particulier, ni à la Turquie, ni à l’islam et est plus lié aux structures claniques.

          Il existe des institutions semblables chez les Roms : les Krys, qui tranchent en cas de litiges entre des membres de la communautés et pronocent des sentences dont la plus crainte est le banissement, comparable à l’excommunication du Moyen Age chrétien.

          L’Albanie, chrétienne et musulmane, est beaucoup plus attachée au Kanùn (code de loi traditionnel) qu’aux lois du pays. Cette institution, remarquablement décrite par l’écrivain Ismaïl Kadare dans plusieurs de ses romans, a résisté même au régime d’Enver Hoxha.

          Et que dire des vendettas corses, siciliennes, si elles ne sont pas le respect de lois traditionnelles prédominant sur le droit national ?

          gAZi bORAt


        • tarzoon 4 juin 2007 16:31

          la encore tu confond une justice non officiel dans une communautes minoritaires avec une justice plus ou moins officiel dans un village qui n’a pas une indentite particuliere sauf le fait de faire partie d’un meme village !!!la pseudo justice que tu decris existe aussi dans la communauté tzigane de france qui juge et comdamne tous ce qi est propre à leur communauté mais ce n’est pas officiel et c’est interdit par la france alors que dans le cas des villages turques ceux sont des jugements qui sont accepté(toléré) par ankara car ils sont tres eloigné du pouvoir central !!!


        • Gazi BORAT 4 juin 2007 17:02

          « ..tolérés par Ankara.. »

          Cette tolérance a toutefois des limites.. tant qu’il s’agit de conciliation pour des questions de dédommagements de culture par le bétail ou autres litiges vicinaux, l’etat y trouve son compte..

          Cependant, lorsqu’il s’agit de cas pouvant relever d’un tribunal correctionnel ou plus, l’état turc fortement centralisé n’apprécie pas trop..

          Les crimes et délits relevant de la vendetta ou de l’honneur sont réprimés. Le plus souvent, le coupable se présente à la Gendarmerie et place son honneur dans le fait d’avoir accompli l’acte qui lui était demandé le plus souvent par la famille et est fier ensuite de se présenter devant l’Etat.

          J’ai un ami proche qui a échappé à cette logique. Natif de la région d’Adana, il a été convoqué un jour à un conseil de famille.

          Sollennellement, on lui a remis un morceau de tissus qui emballait un pistolet et la photo d’un homme qu’il devait supprimer, pour une histoire de vendetta à rallonge entre deux familles.

          Il est devenu alors « serefsiz » (sans honneur) car il a fui cette logique et habite aujourd’hui à Strasbourg.

          De telles histoires existent dans tous les pays où existent de fortes traditions patriarcales et claniques..

          gAZi bORat


        • ZEN ZEN 4 juin 2007 11:03

          Article intéressant, qui pose bien des problèmes de fond qui vont nous hanter encore longtemps et cette question de fond qui concerne la nature du projet européen lui-même :

          « faute de projet politique, la technostructure européenne se justifie ainsi par la dynamique de l’élargissement. »


          • Cris Wilkinson Cris Wilkinson 4 juin 2007 11:16

            Les peuplent des 15 anciens états membres de l’Europe n’auraient pas voulu l’entrée des 12 nouveaux, c’est pour cela que l’on ne leur à pas demander leurs avis. Alors la Turquie, arréter de venir nous « pomper » avec.

            L’UE, c’était le bordel à 15, cela va devenir le chaos à 27, alors LACHEZ-NOUS avec la Turquie.


            • Gazi BORAT 4 juin 2007 11:20

              @ Chris Wilkinson

              « Lachez-nous avec la Turquie »

              Agoravox, c’est comme la télévision, vous pouvez changer de fil comme on change de chaîne, si le sujet ne vous convient pas..

              gAZi bORAt


            • gwinblad 4 juin 2007 11:59

              @ l’Avatar qui dit : "L’Europe n’est qu’une partie de l’Eurasie... En tant que Marseillais, je me sens plus proche d’un turc que d’un islandais ou d’un finlandais... Nous nous baignons dans la même mer, la Méditerranée...", je rappelle que les français se baignent, ou ont la possibilité de le faire, en mer du nord, Manche et Atlantique (sans compter les DOM-TOM). Ce qui nous rapproche, selon votre argument, des belges, hollandais, anglais, irlandais, islandais, américains et j’en oublie. Votre petite dimension marseillaise qui n’appartient qu’à une minorité de français ne peut être avancée comme argument définitif pour faire entrer la Turquie dans l’Europe.

              Sorry


              • Gilles Gilles 5 juin 2007 09:19

                GWinblad, moi je suis d’accord avec l’AVatar, étant aussi provençal d’origine.

                Je partage bien plus de références culturelles et historiques avec un maghrébin ou un turc qu’avec un islandais, un russe, un guadeloupéen (donc européen...) car j’ai vécu dans une région ouverte sur la Méditerranée où toutes ces communautés coexistent (c’est ce que l’avatar veut dire quand il parle de se baigner dans la même mer) .

                Que la coexistence soit parfois difficile, d’accord c’est un fait, mais qui n’oblitère pas que l’on connait et comprend bien mieux les populations du pourtours méditerranéen que d’autres populations européennes plus éloignées et avec qui les contacts ont été plutôt rare dans notre histoire.

                Que la Turquie intégrer l’Europe ne me gène absolument pas, au contraire ! Encore faudrait-il qu’ils acceptent de rentrer dans le cadre européen


              • Gazi BORAT 5 juin 2007 10:40

                @ Gilles

                Vous avez raison, il existe indéniablement une culture commune dans cet ensemble cohérent qu’est l’espace méditerranéen.

                Il a existé à Istanbul, jusque dans les années cinquante, un style musical particulier : le Rebetiko, bel exemple de ce que vous évoquez.

                Cette musique, fort appréciée par la pègre grecque des ports, comprenaient des chansons qui, dans le même texte mélangeaient : rumca (grec de Turquie), turc, ladino (judeo-espagnol), arabe et.. français !

                Cet ensemble méditerranéen a sur l’Europe l’avantage de caractéristiques géographiques beaucoup moins floues..

                gAZi bORAt


              • Vilain petit canard Vilain petit canard 4 juin 2007 12:03

                Excellente réflexion sur le problème, en effet, aucun projet politique européen ne vient justifier cette entrée (ni le refus non plus).


                • Cangivas 4 juin 2007 12:52

                  Merci à l’auteur pour ses articles sur les relations entre l’UE et la Turquie.

                  Enfin, pour être franc, je n’ai pas encore vraiment bien compris pourquoi des pro-européens sont fondamentalement pour l’entrée de la Turquie dans l’UE (même si celle-ci présente ou semble offrir quelques avantages).

                  Parce que si l’UE vient à ressembler à un Empire disparate, comment un véritable sentiment européen (au même titre qu’il existe un sentiment national en France, en Italie, etc.) peut-il raisonnablement exister ?

                  Pour ma part, je suis opposé à l’entrée de la Turquie parce que c’est un pays musulman (ou de tradition musulmane) avec une population nombreuse... intégrer la Turquie reviendra à replacer, plus encore qu’aujourd’hui et en permanence, les religions (avec leurs différences culturelles, dans le champ politique, etc.) ou leur instrumentalisation au centre de la plupart des débats européens.


                  • vachefolle vachefolle 4 juin 2007 15:14

                    Non les pro-europeens sont CONTRE l’entree de la turquie. Seuls les anti-europeens comme Blair ou Bush sont pour.

                    Cest parfaitement logique, puisque l’entree de la turquie signifierait la fin de l’europe politique, et l’asservissement complet de la politique europeene a celle des US, compte tenu de la proximite de tous les conflits du moyen orient....


                  • vachefolle vachefolle 4 juin 2007 16:30

                    Why Turkey should never enter EU : 1/ Turkey is not in Europe. Only 4% of Turkey is in Europe.

                    If Turkey enters, then where are the geographical limits ? Are we going to create another United Nations ? If Turkey enters, what about Syria, Lebanon, Israel, Russia, Algeria, .... Japan

                    2/ But Cyprus has been accepted in EU so Turkey Should be ?

                    Against the previous argument, some people will answer : But Cyprus is not in Europe but is in EU, so Turkey can be. Well, Turkey is 100 times larger and populated than Cyprus. Can we compare both issues ? Honestly not.

                    3/ A Strategic importance ? NO Turkey in Europe will move the Europe boundaries to such funny countries like Syria/Iraq/Iran. Do Europeans want to be concerned by all these middle-east problems : Clearly NO.

                    This is a huge strategic error, probably made by the same ‘experts’ who wanted the Iraqi war. For the strategic benefit of Europe, Turkey should be kept as a buffer zone, a good military ally who can acts as a shield. Europeans DO NOT WANT to be implicated into such eternal middle-east political problems.

                    4/ Turkey will avoid civilisation clash ? NO

                    Some people say that EU should accept Turkish to show that Europe can accept muslin people ? What a stupid argument. First we have already plenty of muslin in Europe, and second we can extend this argument to other countries or religions or races. We may propose to accept Zimbawe in Europe, to prove that we can integrate many black people, or Thailand for Asian people, and so on....

                    But strategic experts should think about one point : Can Turkey survive to Europe with its Kurd separatism problem ? What EU will do if Turkey split and explose on this issue due to Europe accession ?


                  • Cangivas 4 juin 2007 16:33

                    D’accord avec toi en ce qui concerne la logique de Blair (et de Bush).

                    Quand je parlais des pro-européens, je pensais par exemple à Rocard, Cohn-Bendit, ...

                    Quelle est leur logique à eux s’agissant de l’intégration de la Turquie ?

                    Que l’Europe n’est plus d’identité distincte (hormis une dimension démocratique, droits de l’homme, etc.) et qu’il ne puisse pas se former une identité euro-européenne et un nationalisme du même nom (comme il y a eu des identités nationales fortes, etc.) ?

                    Ou que l’intégration de la Turquie dans l’UE empèche toute opposition de se déclarer et de dégénérer en conflit entre le bloc européen et le monde musulman ?


                  • vachefolle vachefolle 4 juin 2007 17:40

                    La position de moscovici dans une emission tv etait assez interessante. Il disait grossomodo que comme l’integration politique etait ratee et impossible a relancer, la seule alternative etait l’elargissement sans fin (bon mettons que je caricature un peu).

                    Non je ne comprend pas les pro-europeens qui veulent l’integration de la turquie, a part dans l’idee d’eviter que ce pays sombre un jour dans la dictature ou l’integrisme, en considerant que cette situation serait plus dangereuse que la turquie a l’interieur de l’UE ?!


                  • Gilles Gilles 5 juin 2007 09:28

                    « Do Europeans want to be concerned by all these middle-east problems : Clearly NO. »

                    Ben tient... on a pas le choix, nous sommes concernés et nous intervenons déjà dans les affaires Moyen Orientales, depuis presque 100 ans.

                    1/ israël....grandement peuplé et crée par des européens (juifs peut être mais européens depuis 2000 ans)

                    2/ Guerres d’Iraq ou une bonne palanquée de pays européens sont intervenus

                    3/ Le terrorisme qui touche le liban , Israël, enfin bref tous les pays de la zone, a des répercussions chez nous et donc nous intervenons pour essayer de régler leurs problèmes et du coup les nôtres

                    4/Intérêts pétroliers

                    5/ réfugiés kurdes, iraquiens, palestiniens etc qui malgrès que leur pays n’ai pas de frontière avec l’Europe vienennt en Europe tout de même

                    etc etc etc


                  • vachefolle vachefolle 5 juin 2007 22:30

                    He bien voila, encore plein d’arguments pour expliquer que ce serait une folie d’integrer la turquie pour se retrouver directement impliqué dans tout ce .....

                    Si l’europe peut intervenir dans cette zone, cest justement parce qu’elle n’a aucun interet direct a proteger et peut etre globalement neutre entre les differents partis.


                  • vachefolle vachefolle 4 juin 2007 15:12

                    Il n’existe aucun argument qui permettrait de distinguer le cas Turc du cas Russe.

                    Allons-nous accepter l’integration de la russie dans l’EU ? Rien ne dit que cette question ne searit pas d’actualite dans 5 ou 10 ans...

                    Bref tout le monde comprendra que l’europe doit avoir des limites, et que les limites les plus logiques sont les limites geographiques.


                    • Gazi BORAT 4 juin 2007 15:43

                      « Les limites les plus logiques sont les limites géographiques.. »

                      C’est un critère logique, je vous l’accorde.. mais qui ne s’applique pas à l’île de Chypre !

                      gAZi bORAt


                    • vachefolle vachefolle 4 juin 2007 16:31

                      Donc l’UE ira de l’afrique du sud jusqu’au JAPON ? Bel avenir .....


                    • Gazi BORAT 5 juin 2007 09:07

                      « .. l’UE de l’Afrique du Sud au Japon,.. »

                      Vous êtes ironique mais sans doute pas à côté de la plaque.

                      Si la présentation « marketing » de l’Europe aux opinions publiques dans la plupart des media a été un projet de construction philosophico/culturelle, son application révèle une vision purement économiste de mise en place d’un vaste espace de libre-échange et de promotion du libéralisme.

                      Lequel, comme le communisme, est sans frontières..

                      gAZi bORAt


                    • vachefolle vachefolle 5 juin 2007 22:33

                      ceci dit comparer le cas chypriote au cas turc est de la pure hypocrisie, psuique la turquie est 100 fois plus grande et 100 fois plus peuplée que Chypre.

                      Justifier l’entree de la turquie par la presence de Chypre, reviendrait a justifier l’entree du Bresil dans l’UE, au meme titre que la guyane francaise est dans l’UE.


                    • armand armand 4 juin 2007 16:21

                      Je constate encore une fois l’ignorance crasse de nombreuses personnes concernant Chypre. Je ne nie absolument pas la douleur et l’injustice qui ont frappé les chypriotes grecs dépossédés en 1974, mais l’armée turque est intervenue à la suite d’un coup d’état d’une bande de pistoleros décidés à unir l’île à la Grèce, alors sous la férule éclairée des colonels. Les contempteurs de ce prétendu ’état fantoche’ feraient mieux d’aller y faire un séjour de quelques jours : ils y découvriraient une population moderne, sophistiquée,nullement servile envers leurs protecteurs militaires (au demeurant fort courtois le plus souvent, on envoie à Chypre la crème des conscrits). Et, c’est amusant à dire, mais l’embargo sur la KKTC a préservé les monuments et la côte de la spéculation et de ma mainmise des mafias. Il est à noter, d’ailleurs, que Chpriotes grecs et turcs on tendance à bien s’entendre en dehors de l’île. D’ailleurs, dans l’ensemble, Grecs et Turcs découvrent que malgré un passé chargé, ils ont d’innombrables points communs, sans parler d’un espace stratégique dont ils sont les garants.


                      • Gazi BORAT 4 juin 2007 17:11

                        @ armand

                        Merci de votre intervention.

                        Je pense comme vous que les Chypriotes des deux confessions aspirent à une réunification inéluctable.

                        Je pense aussi que la Turquie n’avait pas vocation à envahir l’île et que la décision d’Ecevit de déclencher l’opération Atila (le débarquement) a été la réponse à une situation de crise ouverte en 1974.

                        Ne serait-ce que parce que l’armée (on lui reproche souvent) dans sa vision dogmatique du kémalisme, rejette l’expansionnisme, le problème de la partition de l’île est appelé à se résoudre.

                        gAZi bORAt


                      • Martin sur AgoraVox Martin sur AgoraVox 4 juin 2007 22:16

                        Lorsqu’il était candidat à la présidence de la République française, M Sarkozy a déclaré qu’il est opposé à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. C’était une déclaration neutre, qui ne l’engage en rien. Une déclaration aussi neutre que celle qu’un général avait jadis prononcée devant une foule nombreuse : « Je vous ai compris ! ».

                        M Sarkozy n’a pas promis qu’il fera tout pour arrêter le processus d’adhésion de la Turque. M Sarkozy peut continuer à faire des déclarations médiatiques « contre l’entrée de la Turquie » mais le processus d’adhésion de la Turque, conduit par les institutions de l’Union européenne, continuera. M Sarkozy a simplement fait des déclarations qui étaient censées lui apporter des voix des électeurs qui n’ont aucun autre moyen de voter pour arrêter le processus d’adhésion de la Turque.

                        Ceci dit, il ne faut pas croire qu’on n’y peut rien, que l’Union européenne, plus exactement les institutions de l’Union européenne, décident de l’élargissement de l’Union européenne sans que les politiques des États membres soient en position de s’y opposer.

                        Il faut se rappeler que les institutions de l’Union européenne ne sont pas autonomes quand elles décident de l’élargissement de l’Union européenne. La décision de ce genre est prise à l’unanimité du Conseil européen. Le Conseil européen réunit quatre fois par an les chefs d’État et de gouvernement des États membres de l’Union européenne. Toutes les orientations importantes de l’Union européenne sont décidées lors de ces sommets périodiques. Ensuite les parlements nationaux doivent ratifier la décision et le Parlement européen, composé de membres directement élus, doit donner son avis conforme.

                        Il apparaît donc que les politiques qui se partagent le pouvoir en Europe sont globalement favorables à l’entrée de la Turquie. Peut-être qu’on peut soupçonner divers lobbies d’influencer les orientations politiques qui sont décidées par les politiques au pouvoir.

                        Mais dans tout cela, où est le respect du principe fondamental de la démocratie, le respect systématique de la volonté de la majorité des citoyens ? La majorité des Européens veut-elle prolonger le processus d’adhésion de la Turque ? Les politiques tiennent-ils compte de l’opinion de la majorité des citoyens ? Les politiques au pouvoir sont-ils démocrates ?

                        Les cas sont nombreux quand les politiques, qui ont reçu le mandat du peuple, décident ce qui bon leur semble et ne respectent pas la volonté de la majorité de la population. Exemple flagrant : le vote sur la Constitution de l’Union européenne, dans la version proposée aux citoyens européens en octobre 2004. En France, cette constitution avait été approuvée par le Président de la République française, puis avait été approuvée par 92 % des parlementaires de l’Assemblée nationale française, avant d’être rejetée par 55 % des électeurs français lors du référendum de mai 2005. C’est une parmi les preuves que les politiques, qui ont reçu le mandat du peuple, ne reflètent pas la volonté de la majorité des citoyens.

                        Concernant l’adhésion des nouveaux États membres, le problème du non respect de ce que veut la majorité des citoyens est apparu avec l’invitation que les chefs d’État et de gouvernement ont faite à la Turque pour qu’elle vienne adhérer à l’Union européenne. La démocratie n’est pas respectée puisque la volonté de la majorité des citoyens n’est pas respectée.

                        La solution à ce genre d’erreurs anti-démocratiques faites par l’UE, quand la volonté des citoyens européens est ignorée, est dans l’amélioration des processus démocratiques de l’UE, notamment dans l’introduction des référendums, y compris des référendums sur l’initiative du peuple.

                        Au lieu de faire ce que leur demandent majoritairement les citoyens européens, les politiques au pouvoir imposent aux citoyens leur idéologie, peut-être dictée par certains lobbies, qui est semble-t-il opposées à la volonté majoritaire des citoyens.

                        En temporisant, en étalant dans le temps la procédure d’adhésion de la Turquie, les politiques espèrent éroder l’opposition de la population européenne. Ces politiques au pouvoir dans l’UE, qui dans leurs discours utilisent souvent le mot « démocratie », appliquent cyniquement leurs procédés antidémocratiques. En démocratie, le devoir des individus qui représentent le pouvoir - politique, éducation publique, médias officiels - est de respecter la liberté d’opinion et d’appliquer systématiquement et scrupuleusement les décisions qui viennent de la volonté de la majorité des citoyens.

                        Pour chaque pays candidat, il faudrait AVANT de commencer la procédure d’adhésion (et pas seulement à la fin de la procédure !) demander aux Européens d’exprimer leur accord ou désaccord.

                        La procédure d’adhésion dure des années et coûte de l’argent aux contribuables européens, par conséquent il ne faut démarrer la procédure d’adhésion que si les Européens ont démocratiquement exprimé leur accord. Un référendum serait approprié, car il permet aux citoyens de s’exprimer sans l’intermédiaire des politiques, qui souvent pour le moins déforment la volonté majoritaire des citoyens, et parfois l’ignorent délibérément. Lorsqu’à la fin de la procédure, qui peut durer des années, le pays candidat semble avoir rempli les conditions économiques et législatives (c’est l’objectif de la procédure d’adhésion) il faut un deuxième référendum pour confirmer que les Européens n’ont pas changé d’avis et qu’ils sont d’accord avec les politiques qui prétendent que le pays candidat a rempli les conditions.

                        Si l’Union européenne était une fédération, la procédure démocratique exigerait que le référendum en vue d’une adhésion d’un nouvel État membre soit un référendum unique, commun à l’ensemble des Européens. Mais l’Union européenne n’est pas une fédération.

                        L’Union européenne est de fait une confédération d’États indépendants. Dans ce contexte, la procédure démocratique exige qu’en vue d’une adhésion d’un nouvel État membre soit organisé un référendum séparé dans chaque État membre de l’Union européenne. La Constitution actuelle de certains États membres ne permet pas d’organiser les référendums. Ce n’est pas un obstacle. La Constitution n’est pas parole divine, c’est un texte de lois comme un autre, écrit par des humains pour des humains, et il doit pouvoir être corrigé quand le besoin s’en fait sentir. La Constitution française a d’ailleurs été modifiée environ une fois tous les trois ans au cours de ces dernières décennies. Donc si les Constitutions doivent être modifiées pour pouvoir généraliser l’utilisation de référendums, alors il faut les modifier.

                        Si dans le passé et jusqu’à présent les politiques européens ont pris l’habitude d’agir de manière antidémocratique, cela ne signifie pas que les citoyens européens doivent continuer à subir cette dictature. Il est temps de changer les mécanismes selon lesquels fonctionnent les institutions politiques dans les États membres ainsi que les institutions politiques de l’Union européenne. Il est temps d’introduire et de généraliser la démocratie véritable à tous les niveaux.


                        • vachefolle vachefolle 5 juin 2007 09:06

                          Les choses changent en europe. Il y a maintenant les dirigeants allemands et francais qui sont hostiles a l’entree de la turquie, et Blair tres favorable est bientot out (idem pour Bush). Le rapport de force change et la crise de decembre etait deja tres forte. Une crise semblable cette annee avec le contentieux chypriote pourrait enfin donner l’excuse au couple franco-allemand pour sortir la turquie du jeu.

                          Il faut aussi dire que le processus d’adhesion de la turquie n’est pas tenu d’aboutir, en ce sens que meme si toutes les conditions etaient remplies par la turquie, cela ne signifierait pas automatiquemt l’entree dans l’UE. Une clause que l’autriche, mega hostile a la turquie, avait mis a l’arrachee dans le texte des negociations.


                        • frédéric lyon 5 juin 2007 03:35

                          La question chypriote se résoudra plus facilement si la Grèce et la Turquie sont deux partenaires d’un même ensemble européen : Les deux partenaires seront priés de régler rapidement la question. Dans la joie et la bonne humeur.

                          Pourquoi s’affoler au sujet de l’entrée de la Turquie dans l’Europe ? Les négociation sont déjà engagées, on sait qu’elle dureront un certain temps, car on veut laisser aux Turcs le temps nécessaire pour s’acclimater.

                          Il faut laisser le temps au temps et la Turquie sera intégrée à l’Europe à la fin du processus.

                          La Turquie apportera le monde turc, qui va du Bosphore à la frontière chinoise, dans la corbeille de mariage et nous apporterons les capitaux nécessaires pour le développer. Un beau mariage d’intérêt, ce sont les mariages les plus solides et qui durent le plus longtemps.

                          Ensuite la Russie, qui se retrouvera enveloppée par le Sud tombera naturellement dans l’escarcelle et nous constituerons tous ensemble un vaste ensemble politique eurasiatique, qui ira de l’Atlantique à Vladivostok.

                          Pourquoi croyez-vous que l’Iran cherche aujourd’hui à se doter de l’arme atomique, sinon pour la coller sur la tête des turcs afin d’éviter la constitution de cet ensemble, justement ? Les iraniens font rire lorsqu’ils prétendent se préoccuper d’Israël, dont ils se moquent comme de leur première paire de chaussettes.

                          Il faut faire sauter le verrou iranien maintenant. Fort heureusement le régime ayatollesque est si caricatural qu’il nous facilitera la tâche !


                          • Cangivas 5 juin 2007 12:22

                            Suivant ce raisonnement, on peut aussi viser l’intégration de la Chine qui apportera dans la corbeille de mariage, population et capitaux illimités.

                            Sans compter que l’Iran ou tout autre pays n’oserait dès lors pas s’attaquer à un si gros morceaux que constituerait l’Europe comprenant la Chine.

                            Et pourquoi ne pas viser l’intégration de l’Iran si on considère qu’ainsi l’Iran n’aurait pas lieu de pointer ses missiles sur l’Europe, c’est à dire elle-même ?

                            C’est bien gentil de penser l’intégration en terme de protection et de défense extérieures... mais si c’est pour que les problèmes se déplacent à l’intérieur même de l’UE, je n’en vois pas l’intérêt.


                          • non666 non666 5 juin 2007 14:25

                            La plupard des commentaires des « pro-turcs » oublient juste l’essentiel :

                            L’ensemble que nous souhaitons faire et sur la creation duquel nous avons dit oui s’appelle l’Europe.

                            Si l’objet etait de faire « Natoland », l’ensemble des amis des etats unis dans la region, il fallait le demander clairement et explicitement. La candidature Turque, comme la candidature Israelienne n’auraient pas alors eu a se cacher pour entrer par derriere.

                            MAIS CE n’EST pas CE QUI A ETE DEMANDE AUX EUROPEENS.

                            On nous a parler d’Europe, terme qui est extrememnt claitr pour les europeens authentiques mais aussi pour les non-europeens.

                            Seuls les militants d’une perversion de la definition d’Europe pour faire entrer le pays de leur coeur, essaie de « redefinir » ce terme eminement geographique.

                            Le fait que Chirac, comme Sarkozy repousse l’integration de la Turquie a plus tard(15 ans au moins disent les deux fourbes...) revient juste a faire prendre cette decision *....quand le TCE sera adopté, de grès ou de force.

                            A ce moment la, les peuples d’Europe ne seront plus souverains et devront, en vertue de la nouvelle hierarchie des lois accepter ce qui se sera decidé a Bruxelles, au sein du conseil de l’Europe.

                            Dans 5 ans ils ouvriront la porte a la Turquie, a Israel parce que telle est la volonté des etats unis et de leurs vassaux.


                            • stradiuvarius 6 juin 2007 22:41

                              J’ai relevé une petite inexactitude dans l’argumentaire de l’auteur. A savoir que l’UE n’a pas intégré l’Espagne Franquiste, le Portugal de Salazar ou la Grèce des colonels, mais des pays démocratiques au vrai sens du terme qui s’étaient au préalable débarrassés de leurs (encombrantes) dictatures .... Ce qui signifie que lorsque la Grèce, l’Espagne ou le Portugal ont, en leur temps, adhéré à l’UE, elles n’étaient plus des dictatures, et que par conséquent l’union politique européenne n’a pas joué un rôle de démocratisation de manière inaugurale, mais a certainement permis d’en consolider les bases (économiquement parlant) à posteriori, par un effet d’inertie. Ce qui n’est pas exactement la même chose. Concernant les ex satellites du bloc soviétique, on retrouvera la même erreur. A savoir que l’Ue n’a pas intégré des pays communistes, puisque la fin du dirigisme étatique remonte au début des années 90, mais a, à contrario, permis leur intégration au début des années 2000, alors qu’ils étaient dans un processus de démocratisation et de pluralisme.

                              Concernant la Turquie, le problème est autrement plus compliqué, puisqu’il s’agit d’un pays appartenant à l’Asie mineure, partageant des frontières communes avec des pays du moyen orient, pratiquant un Islam bridé (modéré ?!) par la laïcité quand l’Orthodoxie est à peine tolérée, et que le moins qu’on puisse dire est que l’inconscient collectif qui circonscrit, chez les européens dans un premier temps, la représentation qu’ils se font de leur espace, de leur culture et oserait on dire de leur civilisation (sans être insultant pour le reste) ne l’inclus point dedans.

                              Le deal entre les 2 partis est in fine de mettre en équilibre la volonté des Turcs de faire parti du « club » pour son développement, avec les bénéfices que l’UE compte bien en tirer, sur du moyen terme, avec la création d’une zone tampon contre les velléités terroristes des fondamentalistes et autres « débiles » de Dieu, pour son approvisionnement en matières énergétiques etc etc ...

                              Bref rien qui ne ressemble à une collaboration seine, ni à un rapprochement « culturel » fructueux ou véritablement consentis chez les 2. La défiance de plus en plus marquée chez les Turcs et celle des européens atteste bien du peu d’avenir pour ces négociations ainsi que de l’extraordinaire perte de Temps et d’énergie pour les 2 .


                              • Michel Koutouzis Michel Koutouzis 7 juin 2007 09:09

                                Bien entendu les trois pays européens (Grèce, Espagne, Portugal), en avaient fini avec leurs dictatures respectives. Je parlais justement de cette période transitoire, post-dictatoriale où la perspective d’intégration (et même le débat sur le bien fondé de cette intégration) on marqué et influencé le jeu démocratique et les réformes, permettant à ces trois pays d’éviter le piège identitaire et nationaliste et des attitudes revanchardes. Pour les pays post-communistes l’affaire n’est pas réglée, surtout en Pologne qui est de loin le pays le plus important des nouveaux venus. Reste la Turquie ou le problème, complexe, est de toute autre nature. Si la dichotomie Turquie côtière- Anatolie peut éventuellement se comparer au problème du Messogiorno italien, celui de l’opposition entre république formelle-démocratie réelle (qui n’est pas uniquement institutionnel mais aussi culturel et social) s’ajoute aux aspects géopolitiques qui n’existaient pas pour les pays méditerranéens, ou paricipent à l’affiramation d’une indépendance retrouvée en ce qui concerne les pays de l’est.


                              • stradiuvarius 7 juin 2007 13:54

                                Pardonnez Michel,

                                C’est en effet moi qui vous ai mal lu concernant le processus de démocratisation pour les pays sus cités.

                                Cordialement


                              • stradiuvarius 7 juin 2007 14:09

                                J’abonde dans votre sens Mr Borat, à savoir que je ne crois pas non plus à l’UE (en l’état, telle qu’elle se construit) et ses mirages , bien qu’étant vous l’aurez certainement compris, plutôt contre l’entrée de la Turquie en son sein.

                                Au niveau philosophico culturel, il y a indéniablement une vraie cohérence . Mais elle est si peu mise en exergues , faute de crise identitaire ou de résurgence idéologique « fascisante » comme souligné ou « globalisante », qu’on n’arrive à peine à en distinguer l’originalité ou les contours faute d’être immédiatement taxé de xénophobe, de Chrétien ou de Raciste. Ce qui est un comble, vous en conviendrez.

                                Votre exemple sur l’internationale de la Waffen SS est à ce titre éloquent et démontre le dévoiement idéologique qui consiste à constamment annihiler toute référence historique autrement que dans une perspective décliniviste ou négative. Ce qui est à mon sens, le contraire d’une volonté politique qui s’appuie sur un prédicat démocratique....


                              • stradiuvarius 7 juin 2007 14:09

                                J’abonde dans votre sens Mr Borat, à savoir que je ne crois pas non plus à l’UE (en l’état, telle qu’elle se construit) et ses mirages , bien qu’étant vous l’aurez certainement compris, plutôt contre l’entrée de la Turquie en son sein.

                                Au niveau philosophico culturel, il y a indéniablement une vraie cohérence . Mais elle est si peu mise en exergues , faute de crise identitaire ou de résurgence idéologique « fascisante » comme souligné ou « globalisante », qu’on n’arrive à peine à en distinguer l’originalité ou les contours faute d’être immédiatement taxé de xénophobe, de Chrétien ou de Raciste. Ce qui est un comble, vous en conviendrez.

                                Votre exemple sur l’internationale de la Waffen SS est à ce titre éloquent et démontre le dévoiement idéologique qui consiste à constamment annihiler toute référence historique autrement que dans une perspective décliniviste ou négative. Ce qui est à mon sens, le contraire d’une volonté politique qui s’appuie sur un prédicat démocratique....


                              • laurent m 7 juin 2007 04:16

                                Le but de l’union européenne est la promotion de la démocratie et des droits de l’homme ainsi que son installation ou sa consolidation. Il doit permettre le rapprochement des peuples et garantir la paix. Toute autre considération « romantique » d’une prétendue culture commune européenne n’est que le reflet d’un nouveau type de conservatisme rétrograde : le nationalisme européen. Au 21ème siècle les distances géographiques ne sont plus des obstacles, ni pour se rencontrer, ni pour échanger des idées. L’intégration de la Turquie est un acte progressiste et visionnaire. La refuser va à l’encontre même de l’héritage de la révolution française.


                                • stradiuvarius 7 juin 2007 05:27

                                  L’héritage de la révolution Française n’est pas à mettre au crédit de celui de l’UE. Et il est fort peu probable que les Britanniques , ainsi que les Néerlandais ou encore les Espagnols se décident demain à couper la tête de leurs souverains pour abonder dans ce sens. « unis dans la diversité , pas dans le n’importe quoi »

                                  La culture commune n’est pas un acte « romantique » mais consensuel, palpable, historique facilement mesurable ou quantifiable pour celui qui a voyagé hors de ses frontières naturelles, en Turquie par exemple.

                                  Le nationalisme européen n’existe pas encore puisque prévaut le concept d’état nation sur celui du super état , et que la gestation est finalement récente (50 années depuis la CECA) comparée à l’historiographie millénaire des nations et le sentiment d’appartenance qui l’a accompagné . Il y a donc une marge.

                                  Revenir à une posture « progressiste » et expansionniste sous les hospices des « droits de l’homme » ou de la « paix » revient inversement à réiterer (volontairement ?) la même bévue historique que le Marxisme Léninisme qui promettait à peu de chose prêt la même panacée idéologique à savoir l’égalité, la paix et la prospérité ....pour tous. La bonne conscience , et les bonnes intentions (en plus) n’affectent en rien le pragmatisme et l’esprit d’analyse qu’on peut mettre aujourd’hui à bâtir un espace cohérent et viable sans forcément s’abâtardir dans la mélasse mondialisante pour le coup mièvre et romantique qui permet la Non pensée, la non réflexion, le nihilisme ,le tout et n’importe quoi y compris l’entrée de la Turquie, demain du Soudan ou du Gabon en son sein pour les mêmes raisons « progressistes » « visionnaires » vidées de tout sens ou toute substance.


                                  • Gazi BORAT 7 juin 2007 07:17

                                    « Nationalisme européen »

                                    A titre personnel, je ne crois pas en la viabilité de l’Europe qui me fait de plus en plus songer aux états du bloc soviétique en phase de « construction du socialisme » et qui remettaient toujours à plus tard « les lendemains qui chantent ».

                                    Le traité de Maastricht puis la mise en place d’une monnaie unique devaient nous apporter croissance et prospérité or, cinq ans après la mise en place de l’euro, le citoyen moyen, dans son quotidien, ne voit toujours pas l’ombre d’une amélioration.

                                    Au niveau philosophico-culturel de l’espace de fraternité sans barrières entre peuples partageant une histoire commune, on s’aperçoit que les douaniers, dont on nous avait annoncé la disparition, non seulement sont toujours là mais en plus se sont vus étendre leurs prérogatives puisqu’ils peuvent procéder à deux contrôles sur tous les points du territoire et plus seulement aux frontières..

                                    Et le nationalisme européen ?

                                    Il existe indéniablement et cohabite avec autant de facilité avec les états-nations existant qu’à l’époque où en France des affiches de propagande pour la Waffen SS (au recrutement international) affichaient le slogan :

                                    « Pour l’Europe, contre le Bolchévisme »

                                    Cet esprit européen soudé par l’ennemi commun existe tout autant aujourd’hui mais cristallisé cette fois sur un Islam fantasmatique contre lequel il s’agit d’édifier le Limes de Schengen..

                                    Cela dit, je pense que la Turquie aurait plus à gagner à se rapprocher des républiques d’Asie Centrale et à conclure des accords avec la République Populaire de Chine..

                                    gAZi bORAt


                                  • laurent m 8 juin 2007 00:09

                                    A Strativarius.

                                    Il me semble qu’avant la révolution française, la notion de droit de l’homme n’existait pas, c’est donc bien une révolution qui est devenue européenne. Les royaumes actuels en Europe ne sont que symboliques, vous le savez bien. En France, le quidam moyen est plus au fait de la culture maghrébine, japonaise, sud américaine, newyorkaise que lituanienne, slovène, finlandaise ou slovaquo-ruthène. Un marseillais se sent assurément plus proche d’un stambouliote que d’un tallinien(les bistrots, la bonne chaire, le linge qui pend aux fenêtres, les gens qui parlent fort, la vierge Marie, le backgammon, la culture du santon et du savon, le pastis, le soleil, les odeurs,l’art d’exagérer les choses, l’héritage de la culture typiquement sud-européenne pour ne pas dire méditéranéenne complètement étrangère pour les slaves de l’est). La construction de l’Europe prenant en compte l’extraordinaire diversité des peuples, a besoin de se trouver et même de créer des points communs culturels pour rassembler autour d’un drapeau. Une situation quasi ubuesque, comparable à ce qu’a fait Mustafa Kemal en Turquie, où la notion de « turc » et son histoire étaient à inventer. L’europe, pour sa viabilité et sa légitimité ne peut être qu’un projet philosophique s’inspirant du seul contrat qui tend vers l’universalité : celui des droits de l’homme et de la démocratie. Le jour où ces valeurs (ou d’autres inspirées de celles-ci dans un futur éloigné) seront adoptées par la totalité du monde, l’Europe n’aura plus de raison d’exister. On ne peut penser l’UE qu’à long terme et cette fameuse « culture européenne » est à faire et se fait par vous et par moi en ce moment même. Il est évident que l’Europe ne peut pas intégrer l’Argentine ou l’Australie pour des raisons stratégiques évidentes. Mais elle intègrera au cours de ce siècle des pays comme la Russie, l’Arménie, Israel, la Géorgie et les républiques d’Asie centrale, voire des pays du Maghreb...

                                    A Gazi.

                                    Quels sont les points communs entre La Turquie et les républiques d’Asie centrale ? La langue ? Elle a la même origine mais en tant que turc, essayez de comprendre un azeri ou un kazakh. Oui, un mot sur 5. La religion, la politique ? Les islams pratiqués en Asie centrale sont fortement syncrétiques et puisent leur inspiration dans la culture perse, caucasienne, himalayenne, sibérienne animiste et non animiste, slave chrétienne entre autres, et sont de nature multiple de l’Azerbaidjan au Sinkiang. Les gouvernements de ces républiques ont une approche des questions religieuses très différentes(quasi laicité au Kazakhstan et état islamique au Turkménistan) En Turquie, la laicité a gommé en partie ce lointain héritage commun aux peuples turcophones. Les pratiques ont été normalisées par le Ditib (aux dépents des alévis et d’autres)pour s’adapter au mode de vie européen, et même s’il existe une grande variété d’islam, celui-ci est canalisé pour épouser les valeurs idéalisées du kémalisme : la démocratie et les droits de l’homme, fait unique dans l’islam. Ces valeurs sont loin d’être celles des turkmènes, ouzbeks ou ouigours. L’économie ? La Turquie serait l’élément dominant de cet ensemble, et c’est d’ailleurs le seul argument de poids pour la constitution d’une union des républiques turques. Mais l’Asie centrale est très pauvre et le travail et la formation d’une véritable économie ouverte et diversifiée prendrait beaucoup de temps. Assez pour des crises pouvant déstabiliser la démocratie en Turquie même.


                                    • stradiuvarius 8 juin 2007 15:44

                                      Laurent

                                      Non, la révolution Française n’est pas européenne. Elle est avant tout Française. Il faut garder à l’esprit, à ce titre, le formidable élan qui a traversé les Monarchies européennes en réaction contre les soubresauts des Constituants à Paris et qui précipitera à posteriori l’Europe dans les guerres Napoléoniennes. C’est un premier point. Par ailleurs, bien que représentant une réelle césure dans l’histoire de France, la Révolution Française , héritée de l’esprit des lumières - et donc imprégnée de philosophie Grec (Empédocle, Platon, Héraclès...) participe plus à une émulation qui s’inscrit dans un long et difficile cheminent historique qu’à un mouvement d’humeur, une subite et soudaine révélation qui aurait fait naître de manière spontanée ou fortuite l’Esprit Révolutionnaire en France. Ce qui a été loin d’être le cas . Se souvenir à ce titre que les Anglais ont introduit, 1 siècle avant les Français, aux alentours de 1688 , le Parlementarisme pour contrôler le pouvoir Monarchique « la glorieuse Révolution Anglaise » sans effusion de sang, et que Jacques Stuart n’aura d’autre alternative que de se réfugier en France , à la cour de Louis XIV....

                                      Garder en mémoire les jacqueries des paysans de la ligue Hanséatique (dans l’actuelle Allemagne) ainsi qu’en France au milieu du XIV ème siècle contre l’écrasante suprématie du pouvoir nobiliaire qui accoucheront d’un pouvoir centralisé fort dans les pays concernés y compris l’esprit Jacobin qui caractérise toujours notre pays et la Turquie aujourd’hui. Il n’y a pas de hasard ni de contingence historique.

                                      Etc etc ....

                                      Tout cela pour dire, avec ces quelques exemples, que l’histoire de l’Europe est une lente et douloureuse entreprise de démystification des pouvoirs en place au bénéfice de l’émergence des Libertés individuelles, de l’état de Droit et qu’il n’est pas sûr du tout qu’un modèle « universaliste » ou « démocratique » au sens ou nous l’entendons ou tel que vous le décrivez , si tant est qu’il participe à un long cheminement dans le temps et s’inscrit principalement dans son histoire en propre, soit nécessairement la panacée pour les 5 milliards 500 millions d’habitants qui de part le monde partagent une autre histoire, ou se réclament d’une culture politique différente. La Turquie achoppe en plein à cette problématique, et loin de résoudre aisément ce qui nous paraît, à nous autres européens faciles ou évident, risque manifestement de la précipiter dans les écueils inverses du fondamentalisme avec pourquoi pas, un Islamiste à sa tête et un groupe parlementaire de même mouvance à l’assemblée.... Réduire le pouvoir de l’armée pour adopter un régime libre de toute contrainte à l’image des démocraties occidentales, et c’est tout l’édifice « démocratique » du pays qui s’écroule sous la pression de l’Akp aidé en cela par les efforts et l’arrogance parfois des commissaires de l’UE qui pensent manifestement avec vous l’homme en terme d’universalité sans mesurer ou quantifier à quel point il est avant tout héritier d’un milieu, dépositaire d’une culture. Les manifestations monstres en Turquie pour montrer l’attachement des Turcs à M Kemal à la laïcité et à leur ARMEE agrémentées de slogans parfois ouvertement anti-UE ne sont pas étrangers à cet état de fait . Et les causes peuvent produire des effets inversement plus dangereux et néfastes que ce qui était initialement prévu.

                                      Il me semble que l’universalisme ou l’état de droit sans être des concepts flou ou abscons se vident de tout sens ou de toute substance dés lors qu’ils sont montées tels des étendards, à l’instar des idéologies moribondes du XXème qui ont précipité les hommes dans des boucheries sans noms, pour uniformiser et niveler la conscience politique afin de moins avoir à réfléchir sur les choix et les orientations que les hommes souhaitent prendre sans s’aliéner corps et âme à ses principes. Ce qui a le défaut de produire les effets inverses au but recherché. L’exemple le plus parlant est sous votre plume d’affirmer que l’universalisme et l’état de droit (la démocratie), sous l’impulsion de l’UE, doivent être un modèle « philosophique , pour le monde entier, tout comme Mao, Lénine , Trotski ont pu penser en leur temps leurs doctrines ou leurs idées en terme d’universalisme pour moins avoir finalement à se soucier des réalités concrètes afférentes à chaque peuple et éluder l’essentiel à savoir l’Homme.

                                      L’Ue fait fausse route, et vous aussi je pense.


                                    • Gazi BORAT 8 juin 2007 07:47

                                      @ laurent m..

                                      « .. un mot sur cinq.. »

                                      La proportion que vous indiquez est un peu datée..

                                      La Turquie, depuis les années 1910, avec une tentative à l’époque de moderniser l’écriture en gardant l’alphabet arabe mais sans lier les caractères, système qui ne fut adopté que par l’armée, a continué et continue encore de réformer sa langue.

                                      Le but, très tôt, a été d’expurger la langue turque ottomane (osmanli dil) de ses apports arabes (70%) et perses (20%). Il s’agissait alors de revenir aux éléments turcs originaux et de batir une langue, le turc dit « pur » (öztürkce) qui soit compréhensible à la fois des ruraux que des citadins qui eux, maniaient des complexités de l’osmanli inaccessibles aux gens des campagnes.

                                      Afin de compléter le stock lexical, les linguistes allèrent puiser dans le vocabulaire utilisé en Azerbaïdjan, qui avait réalisé plus tôt sa révolution linguistique (dil devrim) en tournant le dos aux alphabets arabes et cyrilliques et en créant un alphabet latin modifié qui inspira celui que fit adopter en Turquie Mustafa Kemal dans les années 20.

                                      Petit à petit, l’öztürkce remplace l’ottoman ancien. Il suffit de se livrer à une comparaison du lexique à l’aide de dictionnaires turcs espacés chacun d’une décennie pour s’en apercevoir.

                                      Cette politique est volontariste et largement soutenue par l’Etat et touche les mots les plus courants.

                                      Dans la logique, c’est un peu comparable à ce qu’avait tenté en France Charlemagne, quand il voulut prôner le retour à l’usage d’un latin plus pur.

                                      Mais, comme dans l’exemple de Charlemagne, on s’aperçoit que parfois la substitution s’opère totalement - dis hekim, mot turco-arabe désignant le dentiste, a disparu depuis les années 50 au profit de disci, totalement turc - ou alors crée des doublons - kara et ak mots turcs pour noir et blanc cohabitent avec siyah et beyaz, mots d’origine arabes de même sens.

                                      Avec la progression de l’öztürkce s’estompent peu à peu les différences linguistiques entre la Turquie et l’Asie Centrale, qui, d’une origine commune, s’étaient trouvées éloignées par les aléas de l’histoire.

                                      Un autre phénomène concourt à l’unification linguistique : la pénétration de la télévision turque grâce aux satellites. Vous pourrez y observer que la météo de la chaine nationale donne ainsi quotidiennement les prévisions pour Bakou, Tachkent, Alma-Ata, etc..

                                      Le même phénomène a été observé au Maghreb où, grâce à la télévision, s’est amélioré pour ces populations la compréhension de l’arabe dit « classique ».

                                      Les différences ne sont pas si importantes que vous le mentionnez et il est moins difficile à un turc de comprendre un ouzbek qu’un français de converser avec un italien. Les différences portent parfois sur les voyelles.

                                      Un ouzbek disant « aksakal » (barbe blanche) sera parfaitement compris par un turc qui pronocerait plutôt « ak sakol »..

                                      Je ne développerai pas votre mention des évolution historiques différenciées qu’ont connues ces nations en vous rappelant que la France et la Roumanie, proches linguistiquement, ont vécu ni sur l’alliance entre la technologie turque et les ressources en matières premières de l’Asie Centrale, ni sur le pont avec le monde chinois que permettent les populations du Xinjiang car...

                                      ..je manque de temps..

                                      Veuillez m’en excuser.

                                      gAZi bORAt


                                      • laurent m 9 juin 2007 00:24

                                        Merci Stradivarius pour cette réponse détaillée mais ma réponse sera très courte par une phrase de Jean Jaurès à propos des évènements de 1789 : « il n’y a pas, à proprement parler, une Révolution française , il y a une révolution européenne qui a la France à son sommet ». Pour ce qui est du débat sur l’universalité de la démocratie et des droits de l’homme, ce sujet exige des centaines d’articles sur Agoravox et de longues crampes de doigts sur le clavier.


                                        • laurent m 9 juin 2007 00:27

                                          Gazi, vous êtes tout excusé bien-sûr.


                                        • frédéric lyon 9 juin 2007 23:43

                                          Nos partenaires européens n’ont pas été longs à rappeler Sarkozy à l’ordre au sujet de l’entrée de la Turquie dans l’ensemble européen !

                                          Ils ont fait savoir que ce n’était pas à la France de décider toute seule sur cette question !

                                          Il est évident que l’association de la Turquie est voulue par la quasi-totalité de la classe politique en Europe, pour des raisons très fortes d’intérêt sur le plan économique et géostratégique, et que la France n’a pas d’arguments sérieux à y opposer.

                                          Comme il est fallacieux de s’imaginer que la France pourra longtemps s’opposer à la volonté de ses partenaires sur cette question, en particulier à la volonté de l’Allemagne et de l’Angleterre, l’entrée de la Turquie, après une période transitoire à définir, est inéluctable.

                                          L’avenir politique et économique de l’Europe se trouve à l’Est. En direction de la Russie et du monde turcique. C’est la faillite complète de l’Afrique Noire, du Moyen-Orient et du Maghreb, faillite économique, mais aussi faillite intellectuelle et morale, qui conduit à rediriger nos regards vers l’Est et non plus vers le Sud.

                                          Pour ce qui concerne la France, traditionnellement tournée vers le Sud, l’adoption et la transition en cours vers une politique étrangère européenne signifie à terme la fin de la politique « gaulliste » pro-arabe et un retour vers les alliés traditionnels de l’occident au Moyen-Orient : la Turquie et Israël.


                                          • Martin sur AgoraVox Martin sur AgoraVox 10 juin 2007 19:20

                                            « Il est évident que l’association de la Turquie est voulue par la quasi-totalité de la classe politique en Europe, pour des raisons très fortes d’intérêt sur le plan économique et géostratégique, et que la France n’a pas d’arguments sérieux à y opposer. »

                                            Ce commentaire est dans le vrai : les politiques européens qui sont au pouvoir sont favorables à l’entrée de la Turquie dans l’UE. Ils ne respectent pas la volonté de la majorité de la population européenne qui est opposée à l’entrée de la Turquie dans l’UE.

                                            Dans la démocratie véritable toutes les décisions doivent être conformes aux désirs de la majorité des citoyens.

                                            Le commentaire précédent souligne ainsi que les politiques européens ont pris l’habitude de ne pas respecter la démocratie. Cela est vrai au niveau de l’Union européenne et au niveau des États membres.

                                            Les lois sont écrites par des humains pour des humains. Cela est vrai pour toutes les lois à tous les niveaux. Toutes les lois sans exception donc y compris les textes législatifs des traités de l’Union européenne et les procédures d’adhésion des nouveaux États membres.

                                            Une communauté humaine qui fixe les lois qui lui conviennent peut à tout moment les changer si ces lois ne lui conviennent plus, si elles ne répondent pas aux souhait des citoyens. En démocratie ce sont les souhaits de la majorité qui décident du contenu des lois.

                                            Par exemple la Constitution française a au cours des 50 dernières années été modifiée en moyenne une fois tous les trois ans. La Constitution, comme tous les textes de lois, n’est pas parole divine, c’est un texte de lois comme un autre, écrit par des humains pour des humains, et il doit pouvoir être corrigé quand le besoin s’en fait sentir.

                                            Concernant l’adhésion des nouveaux États membres, la procédure actuelle pouvait être admise comme étant une procédure démocratique, tant que les décisions des chefs d’État et de gouvernement étaient en harmonie avec ce que veut la majorité des citoyens de l’Union européenne.

                                            Il apparaît désormais que les citoyens de l’Union européenne ne font plus confiance aux chefs d’État et de gouvernement quand ils décident ce qui bon leur semble en opposition avec les souhaits de la majorité des citoyens.

                                            Les cas sont nombreux quand les politiques, qui ont reçu le mandat du peuple, décident ce qui bon leur semble et ne respectent pas la volonté de la majorité de la population. Exemple flagrant : le vote sur la Constitution de l’Union européenne, dans la version proposée aux citoyens européens en octobre 2004. En France, cette constitution avait été approuvée par le Président de la République française, puis avait été approuvée par 92 % des parlementaires de l’Assemblée nationale française, avant d’être rejetée par 55 % des électeurs français lors du référendum de mai 2005. C’est une parmi les preuves que les politiques, qui ont reçu le mandat du peuple, ne reflètent pas la volonté de la majorité des citoyens.

                                            Concernant l’adhésion des nouveaux États membres, le problème du non respect de ce que veut la majorité des citoyens est apparu avec l’invitation que les chefs d’État et de gouvernement ont faite à la Turque pour qu’elle vienne adhérer à l’Union européenne. La démocratie n’est pas respectée puisque la volonté de la majorité des citoyens n’est pas respectée.

                                            Pour garantir la démocratie il faut que les citoyens s’expriment directement, sans intermédiaires politiques, tels que les parlementaires ou les chefs d’État et de gouvernement.

                                            En démocratie, les lois doivent pouvoir à tout moment être changées quand la majorité des citoyens en exprime la volonté. Il arrive fréquemment que des lois d’un certain contenu étaient en vigueur jusqu’à un certain moment, jusqu’à ce qu’on s’aperçoive qu’il y a des abus et que par conséquent il faut changer ces lois.

                                            Avec la procédure d’adhésion à l’Union européenne nous sommes dans un cas d’abus, un abus commis par ceux qui devaient justement appliquer démocratiquement les lois mais qui ont décidé de bafouer la démocratie en bafouant la volonté majoritaire du peuple européen.

                                            Le changement des textes de lois selon la volonté des la majorité des citoyens est une procédure habituelle et normale, conforme à l’esprit et aux principes de la démocratie.

                                            Il n’y a aucun obstacle à ce que désormais toute adhésion à l’Union européenne qui n’a pas encore abouti, soit soumise à la volonté souveraine des peuples européens. Cela concerne les pays candidats déclarés ainsi que les pays candidats pas encore déclarés.

                                            Le peuple ne fait plus confiance aux décisions prises par les politiques car ces décisions sont déconnectées de la volonté majoritaire du peuple européen. L’amélioration des processus démocratiques de l’Union européenne ne peut désormais être faite que par l’introduction des référendums, y compris des référendums sur l’initiative du peuple.


                                          • frédéric lyon 10 juin 2007 09:01

                                            Le 21ème siècle sera l’ère des méga-puissances. Deux candidats au statut de méga-puissance sont déjà connus : La Chine et les Etats-Unis (ou plutôt : le continent Nord-Américain).

                                            La constitution, selon des modalités à définir, d’un ensemble politique et économique eurasiatique nous permettra d’accéder aussi à ce statut. Après tout il n’y a pas de frontières géographiques lorsqu’on va du Cap Finistère à Vladivostok, les Russes s’en sont déjà aperçus lorsqu’ils ont colonisé la Sibérie et l’Asie Centrale.

                                            Pour ce qui concerne le Monde Turcique, qui va du Bosphore à la frontière chinoise, ce monde est placé sous la menace directe des Russes, ex puissance coloniale, mais surtout des Chinois qui sont dores et déjà en train de submerger leur province du Xianjiang, autrefois peuplée majoritairement de Uighours (c’est à dire de Turcs) sous une marée de colons Chinois, en rééditant ainsi la politique colonialiste de peuplement qu’ils ont conduite au Tibet.

                                            Après avoir submergé les Uighours, les Chinois ne seront pas longs à s’intéresser aux autres pays turciques limitrophes, qui sont l’Uzbekistan, le Kazakhstan et la suite.

                                            Ce sont, en effet, des pays faiblement peuplés, mais qui regorgent de matères premières sous-exploitées. La nature a horreur du vide, si nous n’attachons pas ce monde à l’Europe, d’autres s’y installeront.

                                            Pour attacher les Turcs à l’Europe, il ne reste plus qu’à leur faire un joli cadeau de mariage en faisant sauter le verrou iranien. Ce qui permettra :

                                            1) de procéder à la réunification du peuple azéri, peuple qui est séparé aujourdhui entre, d’une part, les 8 millions d’Azéri qui vivent en Azerbaïdjan qui est leur Etat national, et, d’autre part, les 30 millions d’Azéris qui vivent sous la férule des Perses d’Iran.

                                            2) de rétablir la continuité territoriale entre la Turquie et l’Azerbaïdjan, c’est à dire la continuité territoriale de l’ensemble du Monde turcique.


                                            • Martin sur AgoraVox Martin sur AgoraVox 10 juin 2007 19:26

                                              Citation : « de rétablir la continuité territoriale entre la Turquie et l’Azerbaïdjan, c’est à dire la continuité territoriale de l’ensemble du Monde turcique ».

                                              Cet ensemble de peuples Turcs représente 200 millions d’habitants. À comparer aux 490 millions d’habitants de l’UE actuelle des 27.


                                            • laurent m 11 juin 2007 00:21

                                              200 millions ? Comme vous y allez. Turquie 73 millions Azerbaidjan 9 millions Kazakhstan 16 millions Ouzbekistan 26 millions Turkmenistan 4,9 millions Cà fait dans les 130.


                                            • laurent m 11 juin 2007 00:26

                                              Et si vous enlevez les populations non turcophones d’origine de cet ensemble, on arrive à environ 100-110 millions.


                                            • Martin sur AgoraVox Martin sur AgoraVox 11 juin 2007 21:42

                                              Le « panturquisme » est actif en Turquie, et aspire justement à la constitution de ce vaste espace turcophone.

                                              Vous avez raison, effectivement l’espace turcophone n’a pas actuellement 200 millions d’habitants. À présent je vais être précis dans les chiffres.

                                              Population en millions, en 2006 : Azerbaïdjan : 8,5 Kazakhstan : 15,5 Kirghizistan : 5,2 Ouzbékistan : 26,5 Tadjikistan : 7 Turkménistan : 5,3 Turquie : 73,7. Total de l’espace turcophone en 2006 : 141,7 millions

                                              Total de l’UE en 2006 (27 États) : 492 millions

                                              Les politiques au pouvoir ont décidé que la Turquie devrait rejoindre l’UE dans 15 ou 20 ans. Quels seront les poids des populations dans 20 ans ? Les populations vont croitre ou décroitre selon leurs taux de fertilité.

                                              Taux de fertilité en 2006 (nombre d’enfants par femme) : Azerbaïdjan : 2,0 Kazakhstan : 2,2 Kirghizistan : 2,6 Ouzbékistan : 2,7 Tadjikistan : 3,8 Turkménistan : 2,9 Turquie : 2,2.

                                              En 2006, le taux de fertilité moyen pondérée de l’espace turcophone était de 2,4 enfants par femme. En 20 ans la population de l’espace turcophone devrait augmenter d’au moins 30 %. Donc en 2030 l’espace turcophone comptera au moins 185 millions d’habitants.

                                              En 2006, le taux de fertilité de l’UE des 27 États était de 1,4 enfant par femme. En 20 ans la population de l’UE des 27 États devrait baisser d’au moins 20 %. Donc en 2030 de l’UE des 27 États comptera au plus 393 millions d’habitants.

                                              La démocratie existe quand dans une société toutes les décisions sont prises selon ce que veulent les citoyens d’après la majorité des voix de ceux qui désirent s’exprimer. Au mépris de la démocratie, les politiques au pouvoir imposent l’entrée de la Turquie dans l’UE. La population européenne n’a aucun moyen de s’opposer à la poursuite du processus d’adhésion. Donc en 2030 la Turquie fera partie de l’UE.

                                              Si la Turquie apporte à l’UE l’ensemble de l’espace des pays turcophones, alors en 2030 les proportions seront les suivantes :

                                              En 2030, l’espace turcophone (185 millions d’habitants) représentera 47% de l’UE des 27 États (393 millions d’habitants).

                                              En 2030, 27 États anciens de l’UE plus l’espace turcophone compteront ensemble environ 580 millions d’habitants.


                                            • Gilles Gilles 10 juin 2007 17:14

                                              @ Fred

                                              Justement, le pacte de Shangai est fait pour ça, lier le monde russe, chinois et turcophone d’Asie Centrales sur les questions d’énergie, de terrorisme (anti-Ouighour), de séparatisme (anti-Ouighour bis), voir de territoire que voudrait peupler les chinois !

                                              17 juin 2006 - La SCO (Shanghaï Cooperation Organization), ou “Pacte de Shanghaï” comme préfèrent l’appeler les Chinois, vient de fêter (le 15 juin) son 5ème anniversaire, - à Shanghaï, bien sûr, ou l’organisation est née. (La SCO regroupe pour l’instant la Chine, la Russie, et quatre “pays-stan”, ex-républiques de l’URSS : le Kazakhstan, le Kirghizstan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan). Il y a 5 ans, on avait à peine remarqué la fondation de la SCO, sinon par des sourires ironiques. Aujourd’hui, le 5ème anniversaire du Pacte met en lumière cette réalité géopolitique à dimension planétaire : un nouveau pôle de sécurité est en place. Il est puissant et il devient influent. Il va compter. Il représente une structure ouverte dont l’orientation réelle est encore à trouver mais dont on peut évidemment comprendre ce qui va de plus en plus l’inspirer, - tenter d’équilibrer et de contrôler la politique extérieure militariste et la puissance militaire des USA.

                                              la suite sur :

                                              http://www.dedefensa.org/article.php?art_id=2810


                                              • laurent m 11 juin 2007 23:39

                                                En 2030 la configuration démographique ne sera en aucun cas comparable à celle de 2007. Car le taux de natalité des pays de l’espace turcophone va chuter de façon prodigieuse, vu le taux de croissance qu’affichent ces états(plus 15% pour l’Azerbaidjan et des taux de 6 à 15% pour les autres pays). Vous savez bien qu’il est proportionnel à l’augmentation du pib par habitant et de l’exode rural. En Turquie, il est passé de plus de 3,5 dans les années 60, 70 à 2,2 aujourd’hui, il sera probablement au même niveau que celle de la France en 2007 (1,9)dans les annés 2010.

                                                D’autant plus que l’Europe a pris conscience du problème du financement des retraites et du manque de main-d’oeuvre qui résultera de ce déficit démographique et fera sans doute appel à l’immigration. A ce moment, si entrée il y a des pays de l’Asie centrale et de la Turquie, ce sera une aubaine.


                                                • laurent m 11 juin 2007 23:53

                                                  Le panturquisme que vous mentionnez est surtout alimenté par le parti d’extrème droite, le MHP qui est crédité de 15% d’intention de votes en hypothèse haute pour les prochaines élections. Cette volonté d’unifier tout l’espace turcophone est loin de constituer un sujet de campagne en Turquie. La filialité culturelle avouée avec les pays d’Asie centrale est surtout un moyen de conquérir des marchés, comme la filialité religieuse pour le reste du monde musulman. Les turcs sont très pragmatiques sur leurs choix géostratégiques.


                                                • stradiuvarius 13 juin 2007 03:14

                                                  Il me semble plutôt que le Panturquisme traverse toutes les strates de l’échiquier politique en Turquie. Par ailleurs, l’héritage Ottoman est une vieille lueur qui brille toujours dans l’inconscient collectif, autant sinon plus que la puissance tutélaire de la France du Roi soleil ou encore de celle de Napoléon jadis. Des guerres sanglantes et des révolutions sont passés par là cela dit, et il est vrai que les pays d’Europe occidentale n’ont pas été à ce point menacé dans leur intégrité par un démembrement arbitraire comme put l’être la Turquie au lendemain de la 1ère guerre mondiale et de sa liaison (plus que dangereuse) avec le Kaiser Allemand !!! Le nationalisme exacerbé de ce peuple et la fièvre nationaliste qui l’étreint parfois doivent pouvoir être , je pense, compris sous cet angle... La guerre au Kosovo (ds les années 90) ou les Turcs ont gentiment été prié par leur allié de toujours , à savoir les Américains, de ne surtout pas intervenir dans le conflit pour soutenir les Kosovars contre les Serbes (orthodoxes) , eux-mêmes soutenus par les Russes témoigne bien à mon sens de la collusion entre la volonté politique présente et de l’attachement à son pouvoir hégémonique passé... Les Américains ont l’art et la manière de l’humiliation souvent, et les européens aussi parfois.

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