Je ne sais bîen sûr pas exactement comme se fait la sélection par les proviseurs. Mais il est certain qu’ils n’ont pas de réflexe « discrimination positive » : ils jouent les valeurs sûres, et apparemment de plus en plus. Ce qui est certain, c’est que c’est une cause vraisemblable pour expliquer que le nombre d’enfants issus de milieux simples et admis dans les grandes écoles a fortement chuté ces trente dernières années (divisé par 2 je crois)... et c’est quelque chose sur lequel on peut agir, contrairement aux facteurs familiaux dont parle Bourdieu.
Je ne lis absolument pas Bourdieu et je ne crois pas que Sarkozy soit dans ses disciples non plus !! Tout l’intérêt du discours sur la discrimination positive est de rappeler aux proviseurs qu’il faut savoir prendre des risques, et essayer, comme vous le dites très bien, de déceler les talents derrière les bulletins, et au-delà du nom du lycée.
Ce comportement idéal se faisant rare, la discrimination positive pourrait être un stimulant : prenez des élèves des lycées difficiles ou sinon nous vous obligerons à en accepter sans les choisir !!
Rien ne prouve que la spiritualité diminue avec le progrès technique : regardez les Etats-Unis, le progrès technique y est bien supérieur à ce qu’il est en Europe, et pourtant la pratique religieuse et la spiritualité spontanée y sont beaucoup plus importantes que sur le Vieux Continent.
C’est une réponse au post initial : le monde complexe est de plus en plus dur pour les hommes, c’est tout à fait vrai. En même temps il apporte quelque chose de jamais vu : les puissants peuvent tout perdre du jour au lendemain. Auparavant, la société était figée et il y avait peu d’espoir de s’en sortir quand on ne naissait pas dans l’aristocratie.
Et cela c’est beaucoup : c’est la justice. Aucune autre société que la société « occidentale » n’a réalisé une telle avancée de la justice, même s’il reste encore beaucoup à faire pour que cela fonctionne parfaitement. Mais toutes les autres sociétés sont marquées par une cruelle injustice due au fait que le pouvoir est concentré entre les mains de quelques-uns.
Alors je pense que la vie humaine est la même chose que la justice : plus la justice progresse, plus la volonté de vivre se renforce, et est capable de surmonter les difficultés qui se présentent à elle. Et la spiritualité est une manifestation de ce désir de justice. Simplement la spiritualité ne peut réaliser la justice toute seule, il faut passer par l’organisation complexe qui est la nôtre où personne ne détient réellement de pouvoir sur les autres...
Même dans la spiritualité il y a un risque de dictature : la dictature des purs, des saints, des docteurs de la foi... qu’il faut refuser car les saints ne doivent pas avoir de pouvoir matériel : leur propre perfection risque de les pousser à brutaliser les « pécheurs ».
La spiritualité donne envie de justice mais c’est la démocratie qui donne le moyen de la réaliser. Et on peut penser que démocratie et spiritualité se complètent. Je m’emporte mais ce débat est vraiment stimulant ! ! Bravo de l’avoir lancé !
Pour revenir sur l’admission dans les bons lycées, il faudrait tout de même arrêter d’être naïf : Oui, les classes prépa recrutent indépendamment de la carte scolaire, mais où recrutent-elles ?
Etes-vous vraiment certains ou faites-vous semblant que le premier de la classe du lycée de Bobigny a ses chances d’entrer dans un grand lycée ? Je demande à voir : vu le nombre de lycées en France et le nombre d’élèves en prépa, il n’y a pas la place pour tous les premiers de tous les lycées...
Le problème en France est que la sélection se fait très tôt, sans doute dès le lycée et peut-être même avant : tous les parents savent qu’il faut mettre son enfant dans tel ou tel collège pour ensuite avoir une chance d’aller dans tel lycée pour ensuite avoir la chance d’aller dans telle prepa.... sachant que collège et lycée dépendent de la carte scolaire, elle-même liée aux quartiers riches et pauvres.
C’est pour cela que la discrimination positive dans les lycées paraît une très bonne chose, je veux dire adaptée à un problème spécifique à notre pays.
Concernant la Nouvelle-Calédonie, le projet de loi NE PORTE PAS SUR L’INDEPENDANCE : s’il y a referendum, il est déjà prévu qu’il ne sera voté que par les habitants de 1988 !!! IL S ’AGIT DES ELECTIONS PROVINCIALES QUI N ONT PAS VOCATION A ORIENTER LE VOTE DU REFERENDUM.....
C’est cela qui est choquant !! seules les élections municipales sont exclues du vote communautariste car la législation européenne interdit toute discrimination à ce niveau. Mais il y a fort à parier que la loi constitutionnelle qui se prépare est contraire à la convention européenne des droits de l’homme. Ca fait mauvais genre !!
Cette réforme sur la Nouvelle-Calédonie peut effectivement être qualifiée de « anti-blanche », quoique les blancs présents en 1988 conservent le droit de vote.
En revanche, la discrimination positive n’a rien d’anti-blanc selon nous. C’est une réforme « libérale » dans le sens où elle favorise une concurrence plus équitable entre les gosses de riches qui entrent facilement à Henri IV et sont jusqu’ici protégés des gosses de Saint-Denis qui, même plus talentueux, n’ont aucune chance d’y être acceptés (du simple fait que, pour se domicilier dans le Ve arrondissement, il faut des moyens). Du coup les gosses de riches intègrent les grandes écoles alors que les dionysiens se retrouvent à la rue.
Nous ne parlerions donc pas de « front renversé » entre Sarkozy et Chirac sur cette question. Il nous semble que, dans ce début de campagne présidentielle, le président de l’UMP est le seul à faire des propositions sur l’intégration. Le PS ne propose rien que des mesurettes technocratiques sur les banlieues, et Bayrou est bien silencieux sur la question.
Nous ne sommes pas particulièrement sarkozystes mais sur ce point crucial pour l’avenir de notre pays nous ne voyons personne d’autre faire des propositions sérieuses. Il y a toujours le clown Le Pen pour agiter ses pistolets et cracher en l’air sur le sujet mais il ne fait même plus rire.