La notion de plagiat n’a de sens que dans un contexte précis, un auteur reprend l’histoire d’un autre auteur et la fait passer pour sa création, un musicien copie une mélodie, ou même la reproduit spontanément sans savoir qu’elle existe déjà (s’agit il d’un plagiat ou d’une inspiration analogue indépendante ?)
Le simple emprunt de thèmes et leur réorganisation ne constitue par un plagiat. Une traduction n’est pas un plagiat, à condition que l’auteur d’origine ait donné son accord ou qu’il n’y ait plus de droits. Un philosophe qui reprend les thèmes d’un autre en commentant ou ajoutant des nuances n’est pas un plagiaire. La création d’une oeuvre dans une langue qui ne comporte pas d’écrits équivalents, même reprenant des thèmes antérieurs présents dans d’autres langues n’est pas un plagiat.
Une autre spécificité du Coran : il se réfléchit, se nomme lui-même. Certes dans la Bible il y a des désignations liminaires des textes, Psaumes de David, récit de St Luc, le genre est spécifié, un récit n’est pas une prière. Mais dans le Coran l’auto désignation du texte sous des noms divers est constante : « wahyun youhwoua » , « Inspiration inspirée », redoublement, sémitisme, « Hadîth », ce mot est appliqué aux paroles de Mohammed, mais le Coran se désigne ainsi, il faut le comprendre comme « parole adventice, actualisation dans le temps de la parole intemporelle », « dhikr », rappel etc
L’auto caractérisation n’y est pas un titre, elle est incluse dans le texte.Bien sûr les critiques bien ou malveillantes diront que c’est une manière pour l’auteur de se donner une autorité divine, peu importe ici, il s’agit seulement de considérer la forme du texte, si aucun texte biblique ne contient avec autant de fréquence et d’insistance ce procédé, il s’agit d’une originalité.
@zzz999 Sacrifice réel : « il est vraiment mort » on peut toujours dire qu’un mort qui ressuscite n’est pas vraiment mort, sans compter qu’il se passe des choses après la mort du Christ selon les Evangiles : « descendu aux Enfers... », et il est impossible de dire que la partie divine du Christ a été soumise à la mort.
Rattraper la faute d’Adam : c’est un discours théologique, ce qui rattrape la faute d’Adam selon l’islam, c’est le pardon qui lui est accordé après sa chute, et d’autre part la succession des envoyés qui dans le temps, à mesure qu’ils s’éloignent toujours plus de leur situation adamique première permet aux hommes de retrouver leur nature primordiale.
Il n’y a pas de faute originelle dans l’islam, c’est St Augustin qui l’a explicitée pour les catholiques, les Orthodoxes rejettent pour leur part l’idée d’une responsabilité collective.
@chafy J’utilise pour ma part l’argument de la prière sur le Prophète qui est mentionnée dans le Coran.
Si on dit : mais dans le Coran ce n’est pas le nom de Mohammed, mais le mot nabi qui est utilisé et que l’on prétende que le nom de Mohammed est apparu tardivement dans cette prière, il n’en reste pas moins que dans l’esprit des pratiquants, les deux personnages n’en seraient qu’un seul.
La prière sur le Prophète (difficile à comprendre d’ailleurs comment on peut prier sur le Prophète et demander des grâces pour lui alors qu’il est réputé déjà avoir ces grâces et difficile de comprendre cette notion de prier sur quelqu’un) est mentionnée dans le Coran, et elle est pratiquée depuis le début avec le nom de Mohammad, elle figure à la fin de la prière canonique, et l’historien qui démontrera que cette prière avec ce nom est apparue tardivement est prié d’apporter son concours, de toute façon cela aurait été considéré comme une bida3, une innovation, et rejeté en tant que tel.
Le Coran est fait pour être récité psalmodié, QRA,lire ou réciter, ce qui se fait en un mois pour ceux qui sont pieux, selon des subdivisions journalières. Ce n’est pas que l’on ne puisse pas réfléchir (fakara) ou méditer (3qala le 3 désigne une lettre qui n"existe pas en français, difficile à prononcer, il faut racler le fond de la gorge) .Mais il est un dhikr (dhakara), rappel, c’est à dire comme les mantras du Védas ou les versets directement inspirés de la Bible, il a une fonction opérative par le son, certains versets ou noms divins sont aussi des adhkâr, pluriel de dhikr. Le dhikr qui est aussi un des noms que le Coran s’attribue à lui même, rappel peut faire penser au souvenir platonicien, il faut se rappeler les vérités essentielles. Donc la longueur du texte correspond à la possibilité de le réciter en un temps assez court, la Bible n’a pas cette fonction. On ne peut dissocier un texte de l’usage qui en est fait, la Bible n’est pas utilisée de la même manière, l’usage qui en est fait , cet usage s’est imposé en même temps que la révélation. Le passage au sens spirituel peut se faire d’une manière générale dans les textes sacrés par la réflexion travail de l’intellect individuel ou par la méditation dans laquelle l’intellect individuel est suspendu, car chaque sens a un rapport direct avec l’intellect supra individuel, le son donc au sens de dhikr ou de mantra dans l’hindouisme a une fonction opérative directe à partir du moment où le texte est révélé et non une traduction humaine.
Quelques notions propres au Coran il me semble : -l’idée que chaque peuple a une révélation particulière avec un prophète qui est le transmetteur dans cette langue, on trouve cette idée ailleurs mais elle est exprimée souvent et clairement dans le Coran, il ne faut donc pas chercher l’originalité à tout prix, ce qui n’a pas de sens dans une perspective spirituelle. Le Coran se veut certes inimitable, mais ce défi s’adressait d’abord aux poètes arabes, qui eux aussi auraient pu être accusés de se plagier les uns les autres , car ils suivaient des modèles poétiques précis et contraignants avec une thématique limitée, cependant dans ce cadre le Coran est apparu comme une création singulière et inimitable. -Dans une perspective ésotérique les différents prophètes participent tous du verbe mohammadien, ce qui fait que le Coran peut se lire en mode christique, mosaique etc selon le prophète dont relève tel ou tel saint en particulier. -la mentions très fréquente des villes ou villages disparus et le conseil de méditer sur ces ruines, on peut y voir par extension l’idée de la fragilité des civilisations. Enfin ce débat n’est pas nouveau il y en a des pages et des pages sur les forums interreligieux, doit on pour autant vous taxer de plagiaire, ou doit on admettre que votre travail est original ?