BRAVO Zen. Excellent étude,qui donne froid dans le dos. A dessein j’imagine vous laissez de côté les résultats concrets de cette politique qui passe par un contrôle tatillon et comptable de tous les comportements au travail. Notamment la destruction par une espèce de coup d’Etat larvé de tous le système des ’checks and balances’ qui perduraient vaille que vaille dans le système politique britannique. Profitant du discrédit qui entoure désormais tout organisme non élu, Blair a tranquillement dissout la Chambre Haute sans rien prévoir à la place hormis la nomination des gros donateurs de Parti travailliste. De même, Brown se dispense de toute élection anticipée, conforté dans sa place de chef du parti majoritaire. En somme, en 2007, c’est le chef du parti travailliste, élu par les seuls militants, qui exerce une réelle dictature. On se prend à rêver d’un ultime sursaut de la Couronne (pourtant le véritable exécutif constitutionnel) et imposant à Brown des élections, comme elle aurait pu refuser la modification des Lords en l’absence d’une solution de remplacement adéquate.
Et on trouve le point commun entre blairisme et sarkozisme : la conviction qu’un manager sanctionné par les urnes, doit avoir les coudées franches pour imposer au pays le maillage exhaustif de ses méthodes, que le souci de l’efficacité vaut légitimité et pleins pouvoirs.
Ajoutons aussi le talent d’illusionniste de Blair : faire passer pour un modèle d’efficacité un pays où la jeunesse est la plus minée d’Europe par l’alcoolisme, la drogue, la violence, la sexualité dangereuse ; où la concentration des richesse va croissante ; où l’on refoule les clandestins pauvres, mais on laisse la mafia russe acheter le centre de Londres (encouragée d’ailleurs par Ken le Rouge ! un comble !). Ce ’Brave New World’, menacé désormais par une crise immobilière larvée, voulant coller de près à la mondialisation, en arrive à présenter les traits les plus caricaturaux.
Deux faits divers symbolisent pour moi l’époque Blair : les trains qu’on a fait rouler sans interruption, rentabilité oblige, malgré les restes d’un suicidé que le Coroner n’avait pas encore eu le temps d’ôter de la voie. Les traders richissimes de Goldman et Sachs refusant une augmentation aux femmes de ménage sous-payés qui nettoyaient leurs bureaux. ’In a nutshell’, comme on diT ;