L’article est caricatural. Ou l’auteur a peut-être mal interprété les mesures proposées.
Conformément au plan de l’Eurogroupe, l’État a décidé d’accorder une garantie "payante" des prêts interbancaires à hauteur de 320 milliards d’euros et de consacrer jusqu’à 40 milliards d’euros à la recapitalisation des banques en difficulté.
La première mesure signifie concrètement que l’État va garantir un refinancement des banques qui en ont besoin, qui sont à cours de liquidités. Il s’agit d’une garantie et non d’un versement (une assurance si vous préférez). Dans la réalité, aucune banque française n’est menacée de banqueroute par manque d’actifs financiers, mais la crise actuelle les prive de liquidités. L’État va donc garantir leurs emprunts, afin de relancer le système.
La seconde mesure consiste éventuellement à rentrer dans le capital des banques les plus en difficultés (de type Dexia), afin de les renflouer. IL s’agit là effectivement d’argent publique, que l’État, s’il a à le verser, financera par la dette publique. Mais, contrairement à la dette actuelle utilisée pour son fonctionnement, il s’agit d’un investissement : au cours actuel des actions des banques, l’État pourra revendre ses parts avec un bénéfice conséquent dans un an ou deux.
A mon avis, ces mesures vont dans le bon sens mais sont incomplètes car à visée immédiates.
Un plan d’action, qui devrait être européen, devrait comporter au moins les éléments supplémentaires suivants :
- Le refus de tout rachat par l’État des produits financiers « à risque », liés aux subprimes (proposé aux US). Il n’y a aucune raison que le contribuable paye pour les erreurs des banques : ce sont aux actionnaires de payer, et de sanctionner les directions coupables.
Pour le futur :
- La mise en place d’un fond de garantie européen obligatoire, financé par les établissements financiers, pour garantir les produits financiers « à risque ». A mon avis, cette garantie devrait exclure la détention simple d’actions ou de fonds d’actions d’entreprises : les entreprises ont besoin de ce moyen de financement pour leur développement et ne doivent pas être pénalisées. En revanche, cela doit toucher les outils spéculatifs (junk bonds, warrants etc…). L’intérêt de ce système est double : il garantie jusqu’à un certain niveau le système financier, et diminue l’intérêt des placements spéculatifs en accroissant leur coût (la garantie sera nécessairement répercutée sur le prix d’achat de ces placements). On peut bien sûr discuter en détail de cette garantie (seuils, pourcentage etc…).
- Moraliser le système par une responsabilisation des PDG. Il est fort peu probable que les actionnaires jouent leur rôle normal de sanction dans cette crise, en raison du système de participations croisées des banques qui se protégeront l’une l’autre. Néanmoins, les conseils d’administration devraient normalement sanctionner les PDG coupables de prises de risque anormales. Certes, ces prises de risques sont demandées parles actionnaires qui exigent des seuils de rentabilités trop élevés, mais il faut réguler le système. Dans la mesure où les banques ont un rôle de service public, la prise de participation des États dans les banques menacée doit être assortie systématiquement d’un remplacement du PDG en place (sans recruter un autre PDG débarqué…).
- La mise en place d’un régulateur européen pour la zone euro, sans doute dépendant de la banque centrale européenne, qui est indépendante. Ce régulateur aurait pour fonction de définir et appliquer des règles minimales de fonctionnement des établissements bancaires (dont le système de garantie cité), afin de minimiser les risques futurs.