@aldocu
Puisque je vous dis que les deux officines sont privées :
Sous la présidence de Lindon Baynes Johnson (1964-1968), les Etats-Unis vont connaître pour la première fois un déficit budgétaire en forte augmentation. Or, les emprunts réalisés par Fannie Mae représentaient, à cette époque, une part importante de la dette publique américaine. Pour sortir Fanny Mae et Freddie Mac des comptes de l’Etat, le gouvernement américain va les privatiser.
Dorénavant, Freddie Mac et Fannie Mae vont agir comme intermédiaires sur le marché. Ces deux institutions vont continuer à acheter les crédits hypothécaires émis. Mais au lieu de s’appuyer sur des emprunts de long terme adossés à la garantie d’Etat du gouvernement US, elles vont faire appel au marché comme n’importe quel acteur privé. Comment ?
En utilisant la technique de la titrisation. La titrisation, en l’occurrence, va consister pour Fannie Mae et Freddie Mac à réunir des crédits hypothécaires en lots et à les écouler sur le marché des capitaux. Les paiements des traites sont transférés au détenteur de titres. Fannie et Freddie garantissent les prêts (ce qui signifie qu’ils conservent le risque de crédit). La titrisation présentait l’avantage pour les deux géants du crédit hypothécaire américain de pouvoir se prémunir contre le risque de liquidité. Puisque le marché des titres garantit des financements de long terme, ce qui est parfaitement adapté aux crédits hypothécaires ayant un encourt de plusieurs années voire décennies.
Un tel système ne fonctionne que si les organismes de crédit hypothécaire n’émettent que des titres adossés à des emprunts dont on peut être raisonnablement sûrs qu’ils seront remboursés et que si les données transmises par ces mêmes organismes sont fiables. Depuis quelque temps déjà, ces conditions n’étaient plus réunies sur le marché hypothécaire américain.
Titrisation tous azimuts et régulation du marché hypothécaire américain
Depuis quelques années, les relations entre le gouvernement américain et les directions de Fannie Mae et Freddie Mac ne sont plus au beau fixe. Ainsi, il y a plusieurs années, le gouvernement avait accusé ces deux "government sponsored enterprises" (GSE) d’avoir commis des irrégularités comptables . Ce ne sera pas sans conséquence sur leur volume d’activités. L’AMF (Autorité des marchés financiers ) constatait « le recul très marqué, à partir de 2004, des émissions réalisées ou garanties par les agences de refinancement des crédits hypothécaires, dans le sillage des irrégularités comptables et, plus largement, de la découverte de l’ensemble des dysfonctionnements de certaines de ces institutions. Ces agences, qui étaient, au cours des années précédentes, à l’origine de l’essentiel des émissions sur le marché obligataire américain, ont été contraintes de liquider une partie de leur portefeuille de créances immobilières et de limiter drastiquement leur appel au marché, et ce, afin de relever leur ratio de capitalisation . La quasi-extinction de leurs émissions obligataires s’est traduite par un tarissement très important de l’offre globale de titres, le montant total des émissions passant de 1.722 milliards de dollars en 2003 à 1.296 milliards en 2004. »
Alors que la bulle informatique se dégonflait et que les fonds spéculatifs cherchaient à diversifier leurs actifs, le retrait de Fannie Mae et Freddie Mac allait permettre à d’autres acteurs (parmi lesquelles des sociétés de crédits à risque) de s’introduire dans le secteur du crédit hypothécaire.
Autres acteurs, autres mœurs. Alors que Fannie Mae et Freddie Mac se limitaient à accorder des crédits aux ménages les plus sûrs, les nouveaux émetteurs privés allaient innover en prêtant à des emprunteurs moins solvables (et en titrisant ces emprunts). C’est ce qu’on appelle les crédits "subprime". Ces crédits, par ailleurs, faisaient l’objet d’un taux d’intérêt variable et de niveau élevé. De quoi entamer la solvabilité des ménages. Donc danger ? Au contraire, l’opération était, parait-il, dénuée de risque d’après les officines de crédit qui émettaient des crédits subprimes.
Au juste Aldocu, Enron, Worldcom, Merrill Lynch etc... Privées ou Publiques ?