"Oui, c’est vrai que le respect de
la nature est un concept qui doit évoquer des images différentes en
fonction des gens. Je ne pense pas être un adepte de la nostalgie
naturo-phantasmagorique, s’il s’agit de vivre tout nu dans les arbres
ou ce genre de choses. Mais par exemple, étant citadin, je pense que
les villes pourraient être plus agréables si on empêchait les voitures
personnelles de circuler en centre-ville. Les transports en commun et
les jambes devraient suffire. Je ne vais pas m’étendre parce que je
m’éloigne du sujet (le réchauffement climatique) mais je voulais juste
dire qu’on peut remettre en cause certaines pratiques (en l’occurence
le niveau d’utilisation de la voiture) tout en ayant les pieds sur
terre.«
C’est à n’en pas douter, un choix de collectivité. En même temps, j’ai l’impression ici que vous assimilez écologie et bien-être. Et ces deux choses là sont loin de se promener systématiquement ensemble, même si l’amélioration fulgurante de nos conditions de vie au XXème porterait à le croire.
Pour ma part, j’ai testé ma »citadinité", et ça a fait pschitt, c’est tout.
"Pour en revenir au réchauffement climatique, je suis totalement
d’accord pour remettre en cause tout ce qui est susceptible d’être
manipulé pour des raisons politiques. D’autant plus qu’il est difficile
de se faire soi-même une idée lorsqu’on n’est pas un spécialiste du
domaine."
Je vous rejoins tout à fait, c’est à mon avis la seule position tenable. Par ailleurs ne me sentant pas particulièrement coupable (la France émet assez peu de carbone, je suis à titre personnel nettement moins consommateur de biens physiques que de biens culturels), je serais bien en peine d’imposer aux autres ce qui n’est que des doutes. Et il m’est d’avis que l’écologie a d’autres chats à fouetter (préservation de la biodiversité, 7ème continent, etc).
Il y a quelques années de cela, l’association Greenpeace avait diabolisé le chlore. Je ne voudrais pas être la victime conciliante de ce genre d’hystérie.
"Quant à la façon dont l’écologie doit être abordée, je suis d’accord
sur le principe de précaution, en particulier lorsque les recherches
sont menées par des entreprises privées qui recherchent avant tout le
profit. Je ne suis par contre pas sûr de ce qu’il faut comprendre par
principe de conservation."
Le principe de conservation stipulerait que lorsque qu’une technologie est déjà utilisée et que sa nocivité n’est pas formellement démontrée, elle puisse continuer à être utilisée . Le principe de précaution ne s’appliquerait qu’à des technologies (molécules agrochimiques par ex) qui essaient de rentrer sur le marché. C’est un peu léger, c’est vrai, mais je ne connais pas de cadre théorique d’une écologie qui nous mettent à l’abri de la sensiblerie, de l’émotivité, de la manipulation, de l’hystérie collective, même si j’en rêve secrètement.
"Reste la question de savoir s’il vaut mieux préserver l’équilibre
des écosystèmes ou faire comme bon nous semble et nous adapter en
fonction des conséquences. Je serais pour le principe de précaution,
sans doute à cause de ce respect pour la nature que j’ai du mal à
m’expliquer, mais l’homme étant ce qu’il est, il y aura toujours des
gens pour se croire plus malins qu’elle."
Je ne suis pas certain que déséquilibrer encore plus la nature nous servent à grand chose. Les conditions naturelles de l’homme occidental étant plus rudes que sous d’autres cieux (la misère étant parait-il plus douce au soleil), cet environnement a certainement influencé sa vision transformatrice des choses, que l’on synthétise sous le doux nom de matérialisme. La vie étant désormais plus douce en Occident (les pirogues chargés d’africains sont sans doute une preuve), perséverer serait sans doute une grave erreur. Mais vouloir subordonner l’humanité à mère Nature en serait une autre. Quoiqu’il en soit, je conserverais mes distances avec cette bien-pensance, autant féconde que dangeureuse pour le simple fait qu’elle est souvent une nouvelle idéologie moralisatrice basés sur des croyances infondées.