Un
lecteur du quotidien parisien de gauche Le Monde, lecteur condamné pour
viol sur une fillette de 14 ans en 1989, a écrit une lettre ouverte
adressée au ministre français de la culture Frédéric Mitterrand et au
ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner. Cette
lettre ouverte doit évidemment être lue - et comprise - dans le cadre
de l’affaire Polanski : "Vos prises de position au sujet de l’affaire Polanski
me forcent à venir à vous. En 1989, il y a donc 20 ans de cela, je me
suis rendu coupable des mêmes faits que l’on reproche à Monsieur
Polanski. Je croyais, moi aussi, que j’avais un rapport sexuel avec une
adolescente de 14 ans consentante".
"Contrairement à votre pauvre cinéaste, j’ai attendu sagement la venue
des gendarmes, puis je suis resté en cellule deux ans et demi, jusqu’à
mon procès devant la Cour d’assises. Et, toujours en cellule, j’ai
compté deux mille deux cent cinquante cinq (2255) jours avant d’être
enfin élargi. (...) J’ai appris à mes dépends, mais aussi et surtout
aux dépends de celle à qui j’ai fait tant de mal, qu’une gamine de 13
ans ne peut en aucun cas donner son consentement pour une relation
sexuelle avec un adulte. Je le répète, il est impossible qu’elle donne
son consentement, y compris lorsqu’elle est explicitement demandeuse,
c’est vous dire combien certains font fausse route et pourquoi je fus
très justement condamné pour viol (...) ".
"D’où, Messieurs les ministres, la nécessité de répondre de ses actes
devant la justice, devant la victime et de les revoir, les mâcher, les
ruminer, jour après jour, nuit après nuit. Tout cela bien sûr dans la
douleur, les larmes, la contrainte, l’humiliation, la honte et la
solitude de la prison. Travail qu’on ne peut nullement réaliser dans le
strass et les paillettes. Travail que vous, Messieurs les ministres et
tous ceux qui protègent Polanski depuis si longtemps, l’avez empêché de
réaliser. (...) Voilà pourquoi cette affaire lève un tel tollé parmi
les gens communs, et voilà la raison du décalage abyssal qu’il y a
entre l’opinion du petit peuple, dont je suis, et vous et vos amis
intellectuels : parce que vous vous dressez comme un seul homme contre
ce que nous enseigne toute notre civilisation (...) ".
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