Réponse
à Elquiorra
Je
m’excuse de ne pas avoir pu répondre sur-le-champ aux
objections exprimées sur ce site suite à l’article que
j’y ai affiché il y a quelques jours à peine. Je suis
sincèrement désolé du délai. Je tente habituellement de
répondre le plus rapidement possible.
Pourquoi
le nombre d’évènements du type Columbine
n’augmente-t-il pas à la même vitesse que le nombre de
joueurs et les ventes de jeux de meurtre ? Le retard dans les effets
de la consommation serait peut-être attribuable à un
processus que les chercheurs appellent « incubation ». Ce
processus s’étalerait sur 15 ans. Au moment de l’éclosion
à long terme, l’agressivité des joueurs peut prendre la
forme d’abus verbaux ou d’agressions criminelles. Un chercheur
japonais a mesuré le trafic électrique dans ces lobes
lorsque des personnes jouent à ces jeux de meurtre et l’a
comparé au trafic dans des mêmes lobes lorsque les mêmes
personnes répondent à des problèmes de
mathématique ou font de la lecture.
http://sisyphe.org/sisypheinfo/article.php3?id_article=106
Aucune
électricité dans les lobes frontaux avec les jeux,
contrairement aux deux autres activités. Cette absence de
stimulation avant l’âge de 20 ans pourrait entraîner le
sous-développement de ces lobes ou même leur atrophie.
L’atrophie des lobes frontaux, responsables du jugement moral, du
contrôle des impulsions et siège de
l’empathie/compassion les conduirait possiblement à poser des
gestes ou à prononcer des paroles dont ils réalisent
les conséquences après coup. L’impact pourrait même
induire une absence totale de remords. D’où l’importance du
principe de précaution dans la surconsommation des jeux vidéo
de meurtre communément appelés FPS (First Person
Shooter).
Les
défenseurs des jeux vidéo de meurtre accusent d’ignorance ceux qui attirent l’attention du public sur les impacts négatifs
possibles. C’est leur choix, leur
parti-pris, leur vocabulaire, leur verdict. Je rappelle que mes
sources sont doubles. D’abord les enfants qui me racontent les actes
virtuels commis sur leur console de jeux et le dossier de
l’Association des pédiatres des États-Unis qui, selon
moi, doit prendre d’importantes précautions scientifiques
avant de prendre position. Et le dossier de l’AAP vient d’être
tout récemment d’être mis à jour en novembre
2009.
Ces
mêmes défenseurs des jeux de meurtre accusent les
esprits critiques comme l’AAP de mener une « croisade aveugle ».
Mais comment faire un tel reproche à des
organismes professionnel et des chercheurs scientifiques qui veulent simplement protéger
les consommateurs, surtout ceux de moins de 18 ans ? Comment une
industrie multimilliardaire peut-elle échapper à la
curiosité de ceux qui consomment ses produits ? Pas tous ses
produits, puisqu’on parle ici des jeux vidéo qui contribuent à
désensibiliser les joueurs. Tous les joueurs sont-ils
désensibilisés également, vont-ils tous
commettre des meurtres ou des viols ? NON. Faut-il refuser de lire les
mises en garde des pédiatres et des psychologues ? NON. En
rejetant de telles mises en garde, on se conduit en aveugle. Et nous
savons tous qu’il n’y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas
voir.
Il
existe donc des antidotes et des mécanismes de protection
inconscients auxquels les joueurs font appel parfois sans s’en
rendre compte. L’aller-retour fiction-réalité se fait
plus difficilement lorsque la fréquence de consommation du jeu de
meurtre augmente. La préférence pour la réalité
augmente lorsque la vie sociale (y compris l’encadrement familial et scolaire) fournit au
jeune consommateur des liens affectifs solides et des repères
crédibles.
Les
défenseurs de l’industrie croient atténuer les
critiques en signalant l’existence de jeux vidéo éducatifs
ou à dominance esthétique. Bravo pour ces jeux, mais cela ne change
rien à la nocivité des jeux de meurtre et à leur
impact sur la liaison neuronale entre les scénarios de
violence emmagasinés dans la mémoire et le sentiment de
plaisir, de satisfaction, de fierté resssenti en commettant
ces actes. Un circuit neuronal/synaptique qui finit par ressembler à
une autoroute pavée (un conditionnement) après qu’on y a circulé
cent, mille, dix mille fois.
Les
défenseurs de l’industrie aiment bien lapider les parents au
passage. Tous des idiots ces parents ? Ce n’est pas mon avis. Je préconise simplement
qu’on les informe des dommages possibles au cerveau de leur chérubin,
même lorsque celui-ci invoque les arguments suprêmes
: « tous mes copains jouent à tuer et leurs parents n’y
voient aucun mal. Maman, je ne deviendrai pas criminel, je te le
jure. » Si renseigner les parents sur les impacts des jeux vidéo
de meurtre m’attire des reproches, tant pis pour ceux qui les expriment.
Parents, ne vous laissez pas distraire par des arguments fallacieux.
L’avis des pédiatres et des psychologues professionnels vous
rendra la plus grand service dans votre mission.